Le Premier ministre Manuel Valls a appelé mercredi 2 mars, dans une tribune publiée sur Facebook, à soutenir « sans aucune hésitation » et de façon « urgente » l’écrivain algérien Kamel Daoud, qui s’est retiré du journalisme après avoir été accusé d’islamophobie par des universitaires.
« Les attaques, la hargne inouïe dont Kamel Daoud fait l’objet depuis quelques jours ne peuvent que nous interpeller, nous indigner. Et pour tout dire: nous consterner », écrit le chef du gouvernement au début de ce texte de soutien intitulé « Soutenons Kamel Daoud! ».
Posted by Manuel Valls on Wednesday, March 2, 2016
Dans une tribune parue dans Le Monde du 12 février, un collectif d’historiens, sociologues, philosophes et anthropologues réagissait à deux textes de Daoudconcernant les agressions sexuelles commises pendant la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne, dont certains des auteurs seraient des migrants.
Le collectif d’universitaires lui avait notamment reproché de véhiculer des « clichés orientalistes éculés » en réduisant les musulmans à une entité homogène et « d’alimenter les fantasmes islamophobes d’une partie croissante du public européen, sous le prétexte de refuser tout angélisme ».
Manuel Valls dénonce mercredi le « réquisitoire » dressé par ces intellectuels, qui « au lieu d’éclairer, de nuancer, de critiquer » condamnent « de manière péremptoire ». A l’inverse, le Premier ministre salue la réflexion « personnelle, exigeante et précieuse » de l’écrivain algérien, auteur du livre primé « Meursault contre-enquête ».
« Abandonner cet écrivain à son sort, ce serait nous abandonner nous-mêmes »
« Entre l’angélisme béat et le repli compulsif, entre la dangereuse naïveté des uns –dont une partie à gauche– et la vraie intolérance des autres –de l’extrême droite aux anti-musulmans de toutes sortes–, il nous montre ce chemin qu’il faut emprunter », juge Manuel Valls.
« Un chemin que la France emprunte, en faisant savoir, à tous ceux qui ont abandonné la pensée, qu’un musulman ne sera jamais par essence un terroriste, pas plus qu’un réfugié ne sera par essence un violeur », poursuit-il.
La France le fait aussi, ajoute Manuel Valls, en défendant « la liberté –celle d’écrire, de penser–, l’égalité –notamment entre les femmes et les hommes–, la fraternité et la laïcité – qui font notre cohésion ».
Pour le Premier ministre, « abandonner cet écrivain à son sort, ce serait nous abandonner nous-mêmes. C’est pourquoi il est nécessaire, impérieux, et urgent, comme beaucoup l’ont fait ces derniers jours, de soutenir Kamel Daoud. Sans aucune hésitation. Sans faillir », conclut-il.
Il était notamment reproché à l’écrivain d’avoir écrit que « le sexe est la plus grande misère dans le monde d’Allah » et que « la femme (y) est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée ».