A son arrivée à l’aéroport Amerigo Vespucci, Mansouri a dû patienter quarante minutes, attendant l’atterrissage de l’avion qui ramenait Kamel Ghilas. Le capitaine de l’EN était en notre compagnie, ainsi que celles de Hameur Bouazza et Walid Sadi. Nous avons profité de sa présence pour prendre le pouls de l’EN, à trois jours du rendez-vous du Caire. Bien évidemment, la discussion tournait autour du match du 14 et de toute sa préparation. Comme à ses habitudes, Mansouri s’était ouvert totalement dès lors qu’il s’agissait de parler de l’Algérie, nous faisant partager ses sentiments et le rôle qu’il va jouer au sein du groupe durant ce stage à Florence, mais aussi au Caire. Appréciez.
«C’est grave qu’ils aient brûlé notre drapeau ! Ce n’est pas un match de foot, c’est la guerre !»
La mine détendue de Mansouri changera dès lors qu’on lui annoncera que certains supporteurs égyptiens ont publié une vidéo sur Internet, dans laquelle ils jubilaient en brûlant le drapeau algérien : «Ils ont fait ça ? Notre drapeau ? Ce n’est pas possible ! Mais ce n’est plus un match de football, c’est une déclaration de guerre ça ! Mais qu’est-ce qu’ils veulent enfin ces Egyptiens ? Il faut que les autorités algériennes s’en mêlent, parce que le risque de dérapage est grand avec cette tension.»
«Les autorités politiques doivent faire le nécessaire pour protéger nos supporters au Caire»
Walid Sadi le rassure aussitôt en lui disant que tout a été fait dans le camp algérien. «Les autorités politiques algériennes ont déjà anticipé en demandant des garanties pour protéger les supporteurs algériens et toute la délégation de l’EN au Caire. Il n’y aura aucun souci à se faire. Tu vas voir que tout le monde sera protégé», lui a-t-il dit. En fait, Mansouri ne craint pas pour sa personne et il ne le cache pas. «Je ne suis pas inquiet, c’est juste que ça prend des allures pas possibles. Je suis d’accord pour qu’il y ait une grande tension, car il s’agit tout de même d’une qualification en Coupe du monde. Mais le fait de voir tous ces dérapages entre deux pays frères, alors là je n’arrive plus à suivre. Je ne comprends plus rien», regrette-il.
«Ça va être chaud le 14, mais ça se jouera uniquement sur le terrain !»
Les derbies, tous les joueurs en ont vécu dans leur carrière. Mansouri aussi. Mais qu’en est-il de celui du 14 ? «Franchement, ça n’a rien à voir. J’ai joué contre l’Egypte et je savais qu’il y avait une grande rivalité entre les deux pays, dès lors qu’il s’agit d’un match opposant l’Egypte à l’Algérie. Mais je n’imaginais pas que ça pouvait prendre de telles proportions. Je crois que dans le monde entier, il n’y a aucun derby qui ressemble à celui-là. Ça va être chaud le 14 ! Que tout le monde sache que ça se jouera uniquement sur le terrain, pas dans les tribunes», a ajouté le Merlu.
«Ce n’est pas tout le monde qui sait comment évacuer le stress»
Avec Mansouri, la discussion est toujours passionnante. La sagesse de ses mots rassure et réchauffe le cœur de ses interlocuteurs. On comprend de suite pourquoi il a été désigné capitaine de l’EN, au milieu de ces joueurs caractériels. Il est conscient de son statut et il connaît son rôle de capitaine à la lettre. «Dès mon arrivée, on va se réunir pour discuter entre nous. Il faut qu’on se parle beaucoup, il faut rassurer ceux qui peuvent avoir des inquiétudes. Ce n’est pas tout le monde qui sait comment évacuer le stress avant un match aussi décisif. C’est la Coupe du monde qu’il y a derrière ce match. Ce n’est pas rien. C’est pour cela qu’il va falloir détecter les signes de stress sur les visages de nos coéquipiers et aller vers ceux qui en auront besoin pour les rassurer», nous a-t-il confié d’un air sérieux.
«On va galvaniser le moral des joueurs pour en faire de vrais guerriers le 14 !»
Evoquant son rôle au sein du groupe, Mansouri nous dira un peu plus de ce qu’il a l’intention de faire avec ses camarades : «Je sais que tout le monde est conscient de la responsabilité qui nous incombe à nous les joueurs. Il n’y a aucun doute. Tous les joueurs sont mobilisés pour ce match. On est en alerte depuis la fin du match contre le Rwanda. Et personne ne veut passer à côté de ce match. On va encore se parler entre nous pendant tous ces jours et vous allez voir qu’on va galvaniser le moral de tous les joueurs pour en faire de vrais guerriers le 14», nous a-t-il encore livré avec beaucoup de détermination.
«Ça va être chaud aussi dans la défense égyptienne !»
Lorsqu’il parle du match du Caire, Mansouri reste persuadé que l’Algérie a plus de chances que l’Egypte : «Nous avons trois points d’avance et eux trois points à rattraper. Il faut qu’ils nous marquent deux buts pour arriver à notre niveau. Il leur faudra encore arriver au troisième but pour espérer se qualifier. Mais entre temps, croyez-vous qu’on va les regarder faire ? Les Egyptiens savent parfaitement qu’on ne va pas les laisser faire. Ils doivent s’attendre à être inquiétés pendant tout le match. Je peux vous assurer que ça va être chaud dans leur défense. On jouera avec des intentions très offensives, il n’y a aucun doute. Le meilleur moyen de les empêcher d’avancer est de les acculer. Il faut les pousser à rester derrière. Nous allons aussi faire le jeu», dit-il fermement.
«Si on passe à côté de ce match, c’est qu’on n’aura rien compris»
La qualification des Verts en Coupe du monde revient tout le temps sur les lèvres de Mansouri. L’optimisme est total. Est-ce un peu exagéré ? «Non, coupe-t-il sèchement avant de se justifier. Pourquoi parler d’autre chose que la victoire et la qualification ? Nous avons tout ce qu’il faut pour négocier comme il se doit ce dernier virage. Nous avons prouvé dans ces éliminatoires qu’on est capables de se maintenir à la première place de notre groupe. Au début, peu de gens croyaient en nos chances. Mais aujourd’hui, tout le monde a compris que nous sommes solides pour aller jusqu’au bout. Franchement, si on passe à côté de ce match, c’est qu’on n’a rien compris. Ce qu’on est en train de vivre est exceptionnel. Nous n’avons pas le droit d’échouer si près du but.»
«C’est notre chance d’entrer dans l’Histoire du football mondial»
Mansouri parle sans cesse de son EN et de la Coupe du monde. Il en parle avec des yeux écarquillés qui montrent toute son envie d’être de la partie l’été prochain en Afrique du Sud. «C’est notre chance d’entrer dans l’Histoire de la Coupe du monde et du football mondial. Ce serait vraiment formidable d’offrir à notre peuple ce billet. Nous n’en sommes pas loin. Il suffit de faire l match qu’il faut au Caire et la fête sera totale in ch’Allah. On leur doit ce bonheur, car ils nous ont élevés à un rang très haut. On n’a pas le droit de décevoir nos supporteurs. Ils croient en nous très fort. Ce serait vraiment bien de partager cette joie avec eux à notre retour en Algérie», espère le capitaine.
«Ils nous ont atteints à des milliers de kilomètres avec le mauvais œil, il faudra donc rester vigilants au Caire»
Au Caire, Mansouri sait que les Egyptiens ne leur feront pas de cadeau. Les risques sont multiples et peuvent arriver de toutes parts. «Déjà qu’ils ont réussi à nous atteindre à des milliers de kilomètres avec le mauvais œil, j’imagine que lorsqu’on arrivera au Caire, ce sera pire. Je ne sais pas si c’est de la sorcellerie ou autre chose, mais le fait que nous ayons eu trop de blessés à la fois n’est guère de la simple coïncidence. C’est tout de même bizarre de voir autant de blessés dans notre équipe. Il va donc falloir rester très vigilants lorsqu’on sera au Caire», a-t-il averti.
«Je suis sûr que Dieu nous protégera au Caire»
Que doit-on faire pour se protéger au Caire ? Quelles seront les précautions à prendre en foulant le sol égyptien et empêcher les sorciers locaux d’agir et atteindre les joueurs ? Mansouri a une idée pour protéger ses camarades. «Seul le Coran pourra nous protéger. Allah sera avec nous contre ces pratiques barbares. On va entrer au Caire avec le Coran dans le cœur et dans les lèvres. Je suis sûr que Dieu nous protégera contre la sorcellerie et le mauvais œil. Nous allons jouer avec cette assurance dans le cœur et dans la tête. Je suis sûr que Dieu sera avec nous, in ch’Allah», a conclu sagement le capitaine courage.
Par Nacym Djender
