Mansouri : «Notre avantage, on les connait bien»

Mansouri : «Notre avantage, on les connait bien»

Le Capitaine des Verts, Yazid Mansouri, est optimiste. Mieux, il est convaincu que l’Algérie a un bon coup à jouer au Mondial. Fort de son expérience en France et en Angleterre, il nous donne son avis sur les adversaires des Verts au Mondial. Entretien.

Nous avons eu votre avis à chaud concernant le groupe de l’Algérie. Avec du recul, comment vous trouvez le groupe C ?

Je n’ai pas changé d’avis. Je dirais toujours que c’est un groupe difficile, mais jouable. Les Anglais restent les favoris, ça c’est clair, néanmoins, il s’agit de football et, dans ce jeu, tout peut arriver.

En parlant de l’Angleterre, que pensez-vous de cette équipe et de son jeu, vous qui aviez déjà joué dans ce championnat ?

– Il n’y a pas que moi qui ai joué en Angleterre. Il y a Yebda et Belhadj, ainsi que Bouazza et Ghilès qui jouent en Angleterre. Bougherra aussi y a joué pendant plusieurs années. Donc, je dirai qu’on ne va pas dans l’inconnu. On connaît leur football, on connaît aussi leurs forces et leurs faiblesses, contrairement à eux, et ça, c’est un grand avantage.

L’Angleterre ne vous impressionne pas…

– C’est une grande nation de football, ça on le sait. Sur le papier, ils sont favoris, on la respecte en tant que tel. Sur le terrain, c’est une toute autre histoire. Nous avons nos atouts à faire valoir. Tout peut arriver en 90 minutes. On est une équipe courageuse, on joue avec le cœur et, en plus de ça, on a de très bons joueurs qui peuvent tenir tête aux meilleurs joueurs du monde. La plupart le font chaque semaine avec leurs clubs respectifs, alors, pourquoi pas, le refaire en Afrique du Sud.

Ça nous fait plaisir d’entendre cela du capitaine de la sélection, pensez-vous que les autres joueurs pensent comme vous ?

J’en suis persuadé. Comme je vous l’ai dit, cette équipe a du cœur. On tient notre force de notre public, et pour lui, on est prêts à mourir sur le terrain, s’il le faut, pour lui procurer de la joie. Aucune équipe ne nous fait peur. On jouera nos chances à fond durant ce Mondial et, avec l’aide de Dieu, on passera ce premier tour.

La presse anglaise a qualifié ce groupe de très facile, le meilleur titre fut «Le meilleur groupe après les Beatles», que pensez-vous de cela ?

– (Rires.) Je n’ai pas à commenter un titre de journal. Ils sont libres de dire et d’écrire ce qu’ils veulent. Le football se joue sur le terrain, et non dans les journaux. Ce dont je suis sûr, c’est que Capello connaît notre valeur et notre force, et il va prendre très au sérieux cette équipe d’Algérie.

«Pour mieux cerner le jeu des Algériens, il me faudra affronter l’Egypte», c’est la déclaration de Capello après le tirage au sort…

(Rires.) Qu’il le fasse si ça lui chante, j’espère qu’il ne sera pas déçu.

En plus des Anglais, il y a les USA, un sérieux client aussi, non ?

– Oui, bien sûr. Cette équipe est en train de progresser chaque année. La plupart de ses joueurs ont déjà joué une Coupe du monde. Et leur parcours pendant les éliminatoires parle de lui-même. On a eu la chance de les voir jouer en Afrique du Sud lors de la Coupe des Confédérations, on en a retenu quelques leçons. C’est une équipe qu’on connaît aussi, et qu’on connaîtra mieux, sûrement, lors de nos prochains stages.

La Slovénie, par contre, reste l’inconnue du groupe…

Il ne faut pas sous-estimer cette équipe. Ils ont éliminé la Russie de Gus Hiding et, avant ça, ils ont réussi un parcours honorable pendant les éliminatoires. C’est une équipe à prendre très au sérieux.

Vous allez l’affronter en premier, pensez-vous que c’est un avantage ?

Absolument. C’est mieux que de jouer les USA ou l’Angleterre. Réussir un bon départ pendant ce tournoi pourrait nous ouvrir les portes des 1/8 de finale. Battre la Slovénie, essayer de surprendre les Anglais et jouer le dernier match telle une finale, c’est comme cela que nous devrons aborder cette Coupe du monde. En tous les cas, c’est le meilleur scénario.

La CAN débutera dans un mois, êtes-vous prêt moralement à la jouer ?

On a hâte d’y être. C’est une occasion de rencontrer les autres joueurs qui, je l’avoue, me manquent beaucoup.

– Ça sera aussi l’occasion pour vous de peaufiner votre préparation et de faire les derniers réglages avant la Coupe du monde…

Absolument. Nous avons la chance de jouer un tournoi de haut niveau avant le rendez-vous du mois de juin, contrairement aux équipes européennes et latines qui n’ont qu’une seule date FIFA jusqu’au rendez-vous final.

Il y a une question qui s’impose et que nous avons posée aux anciens joueurs de l’EN, notamment ceux de 86 qui étaient dans la même situation que vous.

Allez-vous jouer la CAN pour la gagner ou bien allez-vous vous en servir comme un stage de préparation pour le Mondial ?

Question pertinente. Moi, je dirai que nous aborderons tous nos matchs pour les gagner. On ne fait jamais de calculs de ce genre. Si on peut gagner la Coupe d’Afrique, alors on la ramènera avec nous en Algérie. Sinon, on essayera d’aller le plus loin possible et, bien sûr, de faire honneur aux maillots que nous portons tous sur nos dos. Pour être plus clair, je vous dirai que nous allons faire les deux à fois. Jouer nos chances à fond dans ce tournoi et s’en servir aussi comme préparation pour le Mondial.

Une dernière question. Pensez-vous que le public algérien viendra en masse en Afrique du Sud ?

J’en suis convaincu. Nous avons le meilleur public au monde. Il l’a prouvé à maintes reprises. Rien ne l’arrête, il a rempli la place qui lui a été réservée en Egypte, il a fait mieux au Soudan, et à notre retour en Algérie, il nous a réservé le meilleur des accueils, alors je réponds : oui, il sera présent en force en Afrique du Sud.

A. B.