«Il avait peur de certains joueurs» > «Il n’a pas le niveau de la D3 française» > «Il est faible, il n’a jamais parlé tactique avec nous» > «On l’a instruit de m’écarter» > «16 joueurs n’ont pas fait les tests physiques, pourquoi n’en parle-t-il pas ?»
Violemment critiqué par l’ex-sélectionneur national, Rabah Saâdane, Yazid Mansouri, l’ancien capitaine de l’équipe nationale, aujourd’hui au club qatari Al-Siliya, répond du tac au tac à ces critiques.
Il se défend d’avoir voulu perturber le groupe durant sa dernière campagne au Mondial sud-africain. «Par respect au groupe, par respect aux couleurs que j’ai défendues avec toute mon âme des années durant, par respect au peuple algérien et à mon pays, j’ai pris sur moi et je me suis tu. Même si on a été très dur avec moi et qu’on a poussé l’ingratitude jusqu’à m’isoler du groupe dont j’ai été le capitaine des années durant, j’ai préféré ne rien dire et partir sur la pointe des pieds», affirme Mansouri d’emblée. Dans une interview à paraître aujourd’hui chez notre confrère arabophone El-Chourouk, Mansouri, le milieu défensif, joue cette fois-ci l’offensive et attaque toutes griffes dehors.
«Saâdane dit que je suis un égoïste et que je ne suis pas respectueux du groupe, c’est là une contre-vérité, un gros mensonge. Comment pourrais-je ne pas être respectueux du groupe, alors que j’en suis le capitaine ? Comment pourrais-je être égoïste d’un groupe qui me vouait respect ? Saâdane utilise des faux-fuyants pour masquer ses tares dans la gestion du groupe, ceci est de notoriété publique. Ce n’est jamais lui quand ça ne marche pas fort, lui c’est quand tout va pour le mieux, vous comprenez ?», dira Mansouri pour répondre à Saâdane qui l’accuse d’avoir voulu jouer le Mondial coûte que coûte, lui qui en rêvait depuis des années.

«Il est faible, il n’a jamais parlé tactique avec nous»
«Saâdane affirme m’avoir fait un cadeau en me mettant dans la liste des vingt-trois pour le Mondial. En voilà une façon de servir les intérêts de l’équipe nationale ? Lui qui se défend de faire du social et de ne trancher que dans l’intérêt de l’équipe, pourquoi alors me ferait-il cadeau à moi ? Cette incohérence dans son discours prouve si besoin est que le monsieur ne maîtrise rien, pas plus la gestion du groupe que l’aspect tactique», affirme Mansouri qui en remet une couche à ce sujet.
«Si je vous disais que Saâdane est faible tactiquement, vous me diriez que j’enfonce une porte ouverte en ce sens où cela, le commun des supporters vous le dira avec force arguments. Combien de fois a-t-on entendu dire les observateurs, les anciens joueurs, les techniciens et même les supporters que l’équipe nationale algérienne n’avait pas de fond de jeu ? Et ce n’est certainement pas la presse qui va dire le contraire, elle qui à longueur de journées ne cessait de dire que l’EN jouait souvent à l’emporte-pièce. Saâdane est faible tactiquement, je le répète encore une fois, avec le niveau qu’il a il ne peut même pas prétendre à entraîner une équipe de D3 en France.
Et puis, je vais vous apprendre une chose, savez- vous que Saâdane n’a jamais parlé tactique avec nous, les joueurs ? Oui, je le défie de me dire quand a-t-il parlé tactique avec nous ? J’entends par tactique le fait qu’il prenne tout le groupe et commence à lui expliquer comment on devrait jouer dans telle ou telle situation.» Pour ce qui est de sa mise à l’écart du groupe, Yazid Mansouri affirme avec force conviction que Saâdane «n’a été que l’exécutant d’un ordre qu’on lui a intimé».
«On l’a instruit de m’écarter»
A ce sujet, il dira en substance : «Saâdane n’a aucun argument à faire valoir à ce sujet, il dit une chose et son contraire, ce qui prouve qu’il n’a pas agi en son âme et conscience.
Il dit que je devais céder ma place sous prétexte d’avoir perdu ma place de titulaire dans mon club, le FC Lorient, ce qui est complètement faux et vous pouvez le vérifier, entre la CAN et la Coupe du monde j’étais titulaire à Lorient, j’étais le capitaine de l’équipe même et j’ai joué plusieurs matches en tant que titulaire, je n’invente rien, vous pouvez bien le vérifier.
Le problème, c’est qu’on a instruit Saâdane à faire de la place pour d’autres joueurs en me trouvant des prétextes pour me mettre à l’écart. Il n’a pas le courage de le dire, mais bon, ça tout le monde le sait, il n’a pas besoin de le dire, ceci est de notoriété publique, allez voir les anciens joueurs, ils vous diront la même chose de lui. On lui a ordonné de faire place nette pour d’autres joueurs qui allaient arriver, il l’a fait avec moi, exactement comme il l’a fait avec d’autres avant moi et, comble de l’incurie, il reconnaît aujourd’hui qu’il aurait dû les garder dans le groupe.
C’est dire l’incohérence dans la ligne de conduite du monsieur. Moi je n’avais pas besoin de son cadeau. Je voulais jouer ce Mondial, oui, mais est-ce une tare que d’avoir rêvé de ça ? Je ne le pense pas. Oui, je voulais jouer ce Mondial, moi qui avais bataillé durant une décennie dans le fin fond de l’Afrique pour honorer les couleurs de mon pays. Quoi de plus naturel pour un joueur que de rêver jouer un Mondial ?»
«16 joueurs n’ont pas fait les tests physiques, pourquoi n’en parle-t-il pas ?»
Pour ce qui est de tests physiques effectués à Crans Montana, qu’il aurait fui pour ne pas les faire, Mansouri sort de ses gonds et jette un pavé dans la mare. «Moi, je ne voulais pas effectuer ces tests ? Encore une couleuvre de monsieur Saâdane.
Il veut qu’on parle de ces tests alors parlons-en. Eh bien, sachez à ce sujet que pour ces tests, et comme tout le monde le sait et le savait en temps réel, j’étais un peu souffrant et j’ai dû me faire soigner pour me remettre à niveau. Cependant, ce que vous ne savez pas aujourd’hui c’est que ces fameux tests dont parle Saâdane, demandez-lui combien de joueurs les ont effectués et bien si lui il ne le dit pas moi je le dit aujourd’hui. Seuls sept joueurs sur vingt-trois les ont effectués, et là, monsieur ne souffle pas mot sur les seize autres et ne parle que de moi. Pourquoi ? Allez demander à Lamine Kebir le préparateur physique, il vous dira que moi, j’étais effectivement blessé et que j’étais sous sa bonne coupe pour travailler ma condition physique afin de revenir à mon meilleur niveau.
Je parle de faits vérifiables, pas de on dit.» Répondant à Saâdane qui lui demandait de faire comme Ouaddah (celui-ci, lors de la CAN 2004, avait exigé une place de titulaire faute de quoi, il quitterait le groupe. Ce qu’il avait fini par faire en quittant la sélection en pleine CAN à Sousse). Mansouri se défend : «Là maintenant, voilà que, par on ne sait par quel enchantement, monsieur Saâdane cautionne l’attitude d’Ouaddah, alors qu’au moment des faits, il avait condamné avec force véhémence le départ du joueur.
Une fois de plus, vous aurez noté, je ne doute pas, l’incohérence dans son discours. Quand un joueur quitte le groupe, il le trouve lâche et quand un autre ne le fait pas, il préfère se taire et rester parmi le groupe. En ce qui me concerne, je vais vous dire pourquoi je n’ai pas voulu partir. Sachez que si j’ai refusé de faire mes valises, c’est par respect au groupe, par respect aux couleurs que j’ai défendues avec toute mon âme des années durant, par respect au peuple algérien et à mon pays, j’ai pris sur moi et je me suis tu.
Même si on a été très dur avec moi et qu’on a poussé l’ingratitude jusqu’à m’isoler du groupe dont j’ai été le capitaine des années durant, j’ai préféré ne rien dire et rester auprès du groupe et le soutenir. Même si au fond de moi cette hogra m’avait tellement fait mal, j’ai préféré rester pour ne pas perturber l’équipe. Voilà pourquoi je suis resté monsieur Saâdane, par respect au maillot, au peuple et au pays.»
«Cette équipe est l’œuvre de Cavalli»
Evoquant la gestion du groupe qui, selon lui, échappait au sélectionneur, Mansouri dira : «Il avait peur de certains joueurs, il n’osait même pas leur parler. Ceux-ci faisaient ce que bon leur semblait, mais lui n’avait pas assez de cran pour leur dire basta.» Invité à donner des noms, Mansouri oppose un niet catégorique. «Non, par respect à ces joueurs qui sont encore là, je ne donnerais aucun.»
Et d’enchaîner : «Dans le groupe, il y avait une discipline à deux vitesses. Allez demander à ceux qu’il a écartés avant le Mondial et ceux avant la CAN, ils vous en diront bien plus que moi à ce sujet. De toutes les façons, beaucoup de joueurs de l’actuelle équipe nationale, une fois pris leur retraite internationale, vous en diront plus sur ce monsieur Saâdane, c’est sûr aujourd’hui, ils sont toujours en sélection et ne peuvent de ce fait en parler je les comprends, mais je vous assure que tous ont beaucoup de choses à dire au sujet de ce sélectionneur. En tout cas, cette équipe qu’il pense avoir qualifiée pour le Mondial, si on parlait plus sérieusement, ce n’est pas lui qui l’avait fabriquée, ce n’est pas lui qui l’avait façonnée, c’est Cavalli qui avait fait le plus gros du travail, lui, il n’a fait que récolter ce que son prédécesseur avait semé, voilà tout».