Parler de la pénurie des enseignants de langues étrangères à l’intérieur du pays n’est pas un fait nouveau, mais la situation risque de se dégrader davantage.
Chaque année des régions comme M’sila, Djelfa, Laghouat, Tiaret …en font le triste constat : « à l’exception des chefs lieux, les autres villages n’attirent plus d’enseignants de langues étrangères. Une situation qui dure depuis plusieurs années sans que personne ne lève le petit doigt », témoigne Yazid Ben Hamidaun enseignant de langue française à M’sila.
Pour changer cette tendance, le ministère compte mettre à la disposition des enseignants désireux rejoindre le sud un logement de fonction. Ce sont ainsi pas moins de 6 200 logements qui seront accordés par le gouvernement aux enseignants en provenance du Nord et ceux habitant ces régions. Une proposition parmi tant d’autres qui fusent ces temps-ci tel un feu d’artifice mais qui ne satisfont ni la corporation ni nos enfants privés d’une scolarité de qualité. Il est tout de même curieux d’entendre Benbouzid parler de ce phénomène au passé comme si tout avait été réglé, alors que tous les indicateurs supposent le contraire.
Déjà en 1992 feu Mohamed Boudiaf déclarait que «l’école algérienne est sinistrée». Il faut dire que l’apparition du terrorisme a accentué cette situation, du fait de la menace qui a ciblé entre autres les enseignants de langues étrangères en général et ceux de langue française en particulier. Certains étaient même contraints de quitter le pays. Aucune alternative n’est venue cependant, combler ces départs forcés et encore moins le vide laissé par des compétences en terme de langue et de pédagogie. Les apprenants qui sont les victimes de cet exode exil, n’avaient ainsi pas d’autre choix que d’accepter ce fait accompli. De même que la formation n’était pas au rendez-vous pour répondre à ce manque criant auquel font face les écoles de l’enseignement primaire à l’intérieur du pays notamment. Pourtant, ce ne sont pas les centres universitaires qui manquent dans ces wilayas. Ces établissements auraient bel et bien pu former des enseignants de langues étrangères et résorber ce déficit avant qu’il ne prenne cette ampleur. Le silence complice des associations des parents d’élèves est également pointé du doigt. Elles sont également responsables de cet état de fait qui a privé une génération entière d’un droit fondamentale garanti par la Constitution.
A la tête de l’Education nationale depuis 1998 et après avoir effectué 14 rentrées scolaires, Boubekeur Benbouzid découvre, enfin, que certaines régions du pays accusent un manque d’enseignants de langues étrangères.
Certes mieux vaut tard que jamais, mais la responsabilité des gens qui ont privé des générations d’un droit constitutionnel reste engagée. Le rattrapage de ce déficit est une exigence de l’heure. Elle appelle à la conjugaison de tous les efforts pour trouver des réponses urgentes à un mal qui dure depuis des années. Les moyens humains et financiers existent, il reste la planification et la volonté politique pour renverser la vapeur. L’encadrement et la formation des licenciés à travers des séminaires périodiques peuvent être un début concret. Et une réponse à tous ces établissements scolaires en quête d’enseignants de français et d’anglais.
A.B