Plusieurs spécialistes de l’économie nationale préconisent, aujourd’hui, le recours à l’endettement extérieur pour réduire le déficit de ressources financières que connaît le budget de l’Etat. On évalue entre 2 000 et 3 000 milliards de dinars le déficit du Trésor dans le scénario où les prix du pétrole se stabilisent autour de 60 dollars le baril. Mais ces économistes s’avèrent divisés sur le type d’endettement.
Les uns, comme Rachid Sekal et Mohamed Cherif Belmihoub, en particulier, prônent un endettement extérieur très prudent.
Le recours dans le court terme aux crédits concessionnels, c’est-à-dire les crédits accordés à des conditions favorables par les institutions financières multilatérales ou régionales comme la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, les institutions financières arabes… Il faut rappeler que le gouvernement Sellal, pour financer le budget de l’Etat, a recouru à un crédit de 1 milliard de dollars, soit environ 100 milliards de dinars, contracté auprès de la Banque africaine de développement. L’Algérie pourrait recourir de nouveau à ce type de financement qui induit un impact peu important sur l’endettement extérieur du pays.
Il faut savoir que l’Algérie n’a actuellement quasiment pas de dettes : 4 milliards de dollars seulement, soit moins de 3% de son PIB. Un signe que l’Algérie a suffisamment de marges de manœuvre en termes de financements extérieurs. D’autres économistes préconisent une démarche moins prudente. Mourad Goumiri et Lachemi Siagh vont jusqu’à suggérer le recours aux crédits commerciaux accordés par les banques commerciales internationales, comme HSBC, Citi Bank, Banco Santander, Deutsh Bank, Bnp Paribas, Société Générale. Ces financements ont pour inconvénient d’inclure le versement d’une prime de risques qui peut renchérir ces crédits. Ce qui suppose, pour Mourad Goumiri, au préalable une notation du risque Algérie par les grandes agences de rating reconnues à l’échelle internationale. Or, comme le contexte politique actuel n’est pas favorable, le risque politique est perçu comme très élevé, ce qui induira une notation guère positive pour l’Algérie et donc des crédits désavantageux pour l’Algérie : taux d’intérêt plus élevé que ceux des crédits concessionnels, durée de crédits moins longue et paiement d’une prime de risque élevée.
C’est ce type de financement qui est, notons-le, à l’origine en partie de l’aggravation de l’endettement du pays durant la seconde moitié des années 80 et début des années 90. D’autres alternatives à ce type de financement trop coûteux existent : BOT et concession pour les projets d’infrastructures rentables et project financing. Cette dernière formule de financement est destinée au financement de projets dont le taux de rentabilité est élevé.

Il se rembourse par les revenus dégagés à l’exploitation de l’usine ou du gisement de pétrole ou de gaz. L’Algérie pourrait avoir recours aux fonds d’investissement chinois ou arabes pour le financement d’infrastructures ou de projets d’investissement industriels. Pour le premier cas, ce type de financement a pour inconvénient l’achat de biens et services chinois liés aux projets ainsi que le choix des sociétés chinoises pour la réalisation de l’investissement.
A l’issue de la présentation de cet éventail de solutions de financement, il ressort que l’alternative la plus adéquate dans le contexte actuel est celle des crédits concessionnels. D’autres, comme la formule BOT ou le project financing, peuvent être également utilisés. Mais leur mobilisation demandera plus de temps : identification des bons projets et des partenaires et études de faisabilité technique et économique. Mais ne nous leurrons pas, les crédits concessionnels ne peuvent être qu’une composante d’un bouquet ou d’un plan de financement du déficit du Trésor. Les autres éléments de la boucle sont des solutions internes : privatisations, relance des emprunts obligataires, utilisation des instruments monétaires.
Les deux premiers ne sont pas mobilisables à court terme en raison de l’absence d’un climat de confiance. Ne reste alors pour les solutions à court terme qu’une meilleure efficacité fiscale : meilleur recouvrement de l’impôt, progrès dans la lutte contre l’évasion fiscale ainsi qu’une fiscalisation des fortunes acquises illicitement et dont les détenteurs sont emprisonnés, une fois bien sûr que la justice aura établi les preuves que cet argent a été acquis illégalement. Enfin, une issue à l’impasse politique semble aujourd’hui le préalable à une atténuation progressive des difficultés financières que vit le pays.