La pénurie de la main-d’œuvre locale qualifiée dans le secteur du BTPH se fait tellement sentir à Oran que les sociétés chinoises ont sollicité les autorités de la wilaya pour les autoriser à faire venir 8.000 ouvriers chinois. L’information révélée par le chef de l’exécutif local laisse perplexe.
En effet, alors que des milliers de jeunes sont au chômage à Oran et organisent régulièrement des actions de contestation, beaucoup d’entreprises du bâtiment vivent une réelle pénurie de main-d’œuvre qualifiée à telle enseigne que certaines n’hésitent pas à recourir à des ouvriers étrangers. Plusieurs causes expliquent ce paradoxe du marché du travail à Oran. Il y a surtout le peu d’engouement des jeunes pour les métiers du bâtiment. Nombreux jeunes voient dans les métiers de maçon ou de ferrailleurs des professions pénibles et peu valorisantes.
Cette pénurie de main-d’œuvre locale en BTPH ne concerne pas seulement les entreprises étrangères. Même les entreprises locales trouvent de grandes difficultés pour recruter de la main-d’œuvre qualifiée et plus particulièrement les maçons, carreleurs et les plâtriers. Pourtant le secteur de la formation professionnelle, depuis quelques années, a déployé beaucoup d’effort en produisant sur le marché local beaucoup de jeunes qualifiés au secteur du bâtiment. Il est vrai que le bâtiment a explosé ces dernières années, ce qui en grande partie justifie le déficit engendré en matière de main-d’œuvre, mais même ces jeunes éléments qui ont décroché une formation de maçonnerie, une fois le diplôme en poche, continuent de se désintéresser par ce secteur, grand demandeur de main-d’œuvre qualifiée.
Par ailleurs, selon des sources très au fait des réalités du secteur affirment que beaucoup de nouveaux diplômés (maçons, carreleurs, plâtriers, coffreurs, ferrailleurs…) fraîchement arrivés sur le marché du travail boudent les chantiers du bâtiment en raison de la précarité de l’emploi, d’une part et de l’inconsistance des salaires qui leur sont proposés par les employeurs. A ce propos il est utile de souligner que la main-d’œuvre locale est mal payée, et souvent elle n’est pas déclarée par les sociétés étrangères et locales. A travail égal, salaire inégal pour les travailleurs algériens qui sont souvent surexploités par les entreprises étrangères. A titre illustratif, un maçon chinois touche ainsi trois, voire quatre fois plus qu’un maçon algérien.
Les services concernés par la réglementation du secteur de l’emploi dans la wilaya d’Oran ont d’ailleurs constaté lors des missions de contrôle effectuées dans les entreprises étrangères que ces entités économiques ne respectent pas la réglementation en matière de recrutement de la main-d’œuvre locale. Ces sociétés recourent le plus souvent à des contrats à durée très déterminée (deux à trois mois) sans garantie, ce qui a des répercussions fâcheuses sur les travailleurs. La précarité de l’emploi est également constatée dans le secteur privé national. Un travail précaire est un emploi qui présente trop peu de garanties pour avoir une vie décente, il engendre un profond sentiment d’incertitude sur l’avenir.
A. Saïd