Comme d’habitude à l’approche des fêtes religieuses, les bureaux de poste sont pris d’assaut par les citoyens. Dans certains endroits, on fixe le seuil de 20 000 DA à retirer, à défaut de liquidités. Une situation qui intervient au moment où l’accent est mis sur l’amélioration du service public.
Retirer son argent au niveau des guichets d’Algérie Poste relève, ces derniers jours, du parcours du combattant. Interminables files d’attente, bagarres, pannes sur le réseau et les distributeurs de billets de banque, tels sont les désagréments auxquels font face les clients à la recherche de quelques sous pour faire face aux dépenses de l’Aïd El-Kebir. Que ce soit à Alger ou à sa périphérie, le personnel d’Algérie Poste paraît dépassé par l’ampleur de la demande. En effet, il faut s’armer de patience et attendre des heures pour arriver au guichet. Le bureau de poste sis à la rue Hassiba-Ben-Bouali est pris d’assaut avant même son ouverture. A 7 heures du matin, des dizaines de personnes âgées, mères ou pères de familles, prennent d’assaut l’accès du bureau de poste. Une fois ouvert, le monde se bouscule dans l’immense salle. Malgré trois guichets réservés au retrait des opérations CCP, les chaînes s’allongent jusqu’au dehors de la salle. «J’ai passé 4 heures pour retirer la modique somme de
20 000 DA», atteste un fonctionnaire, puisqu’au niveau de ce bureau de poste il n’y a pas que les files d’attente qui posent problème. Le manque de liquidités aussi. Les préposés aux guichets ont trouvé la parade. Ils fixent un seuil de 20 000 DA à chaque client afin d’essayer de satisfaire tout le monde. Mais «le génie» des agents est vite confronté à l’intransigeance des clients. «Je ne peux rien faire avec cette somme. Ce sont les dépenses d’une journée. De quoi acheter des vêtements aux enfants», fulmine un retraité. Mais sur ce point, les préposés aux guichets sont intraitables. «C’est à prendre ou à laisser», nous confirme l’un d’entre eux. «Ceux qui ne sont pas satisfaits, reviennent demain», lance-t-il aux clients à bout de nerfs. De ce fait, les usagers se trouvent entre le marteau et l’enclume. Qu’ils s’arment de patience devant ces chaînes interminables ou qu’ils se débrouillent en cherchant d’autres bureaux de poste qui ne connaissent pas de problème de manque de liquidités, le choix n’est pas toujours facile à faire, puisque ailleurs on trouve les deux à la fois, ajouter à cela le problème de connexion qui devient récurrent. C’est le cas, par exemple, des guichets de la Grande Poste. Ici, le problème de disponibilité d’argent ne se pose pas, étant donné que le bureau est très bien alimenté. Mais il faut surtout prendre son mal en patience devant des guichet submergés de monde. Les agents de sécurité tentent tant bien que mal de maîtriser la situation à travers la distribution de jetons, mais peine perdue. Les postiers travaillent sans arrêt afin de satisfaire la demande. Ce qui n’est pas du tout facile. Tout le monde veut ses sous et lorsque la médiocrité récurrente de la connexion et du réseau informatique s’invite, la situation se complique et engendre des tensions. Une connexion qui bloque autant les agents que les citoyens, lesquels perdent ainsi des journées à attendre avant de pouvoir retirer leur argent. Ailleurs, le constat n’est pas différent. Une situation qui pénalise les citoyens et qui, paradoxalement, intervient au moment où le gouvernement insiste sur l’amélioration du service public et la débureaucratisation de l’administration.
M. A. M.
