Manœuvres autour du prochain gouvernement

Manœuvres autour du prochain gouvernement

L’installation officielle avant-hier de l’Assemblée nationale et l’élection de son président, troisième homme dans l’ordre protocolaire et institutionnel, balisent la voie au président de la République pour procéder à la constitution de son Exécutif.

La formation du nouveau gouvernement est à présent au centre des intérêts et des enjeux politiques importants. La configuration et le timing de l’annonce du cabinet, qui aura la charge de diriger les affaires du pays au moins jusqu’à la révision de la Constitution de mars 2013 et au plus tard jusqu’à la présidentielle d’avril 2014, continuent d’alimenter les discussions, débats et spéculations dans les milieux politiques et médiatiques.

Certaines indiscrétions avancent avec force et arguments que l’annonce du nouvel Exécutif ne se fera pas avant la dernière semaine du mois de juin.

Ceux qui défendent cette hypothèse avancent comme raisons les nécessaires tractations et consultations qui seront conduites avant l’annonce de l’équipe gouvernementale, même si le président de la République reste, au regard de ses larges prérogatives constitutionnelles, comme le maître à bord dans la gestion de cette opération. Tandis que d’autres sources informées parlent quant à elles de l’éventualité de l’annonce du nouveau gouvernement juste après l’examen du bac, soit après le 6 juin prochain. L’une et l’autre options ne sont pas à écarter.

Il reste tout de même que le Président est capable de surprendre tout son monde pour annoncer le gouvernement plus tôt que prévu et attendu, avance un observateur averti. Cela en ce qui concerne le timing de l’annonce.

S’agissant de la configuration et la composante du futur gouvernement, on avance avec insistance un profond réaménagement de l’actuel Exécutif tant sur le plan structurel que celui des titulaires de postes.

Ainsi, l’option de la nomination d’un nouveau Premier ministre à la place de l’actuel locataire du palais Saâdane semble avoir fait du chemin, dans le cadre de la redistribution des cartes au sein des institutions au nom de la règle non écrite et relative au respect des équilibres politiques et régionaux dans le choix des plus hauts responsables de l’État.

Étant donné que le président de l’Assemblée nationale, fraîchement élu, est mis sur le compte de la région centre du pays puisqu’il est natif de Kabylie, le futur Premier ministre devrait, selon cette logique, être de l’est du pays, sachant par ailleurs que le président de la République et celui du Conseil de la nation sont de l’Ouest… Qui sera donc l’heureux élu pour occuper le poste de coordinateur du gouvernement ? On dit que le futur Premier ministre doit être un rassembleur en raison de l’importance des futures échéances politiques à venir.

Deux noms de ministre qui dirigent deux départements dans l’actuel Exécutif importants circulent avec insistance mais une surprise de dernière minute n’est pas à exclure, d’autant que les noms avancés peuvent servir comme de simples lièvres pour faire diversion sur des choix déjà arrêtés au sommet de l’État.

S’agissant de la configuration du nouveau gouvernement, des sources informées parlent d’un nouveau schéma de structuration pour donner plus de poids aux ministères.

C’est donc l’option de mégaministères qui risque d’être mise en application avec de grands départements formés par famille d’activités pour une meilleure homogénéité et cohérence dans le fonctionnement et l’exécution des décisions.  Ces ministères seront dirigés par des cadres cumulant une grande expérience dans la gestion des affaires de l’État parmi les actuels membres du gouvernement et d’autres anciens qui seront choisis parmi les compétences nationales, affirment nos sources.

Ces “superministres” seront aidés par des ministres délégués ou des secrétaires d’État, nommés parmi les jeunes et les femmes à promouvoir dans le cadre de la nouvelle politique de rajeunissement des responsabilités de l’État tel qu’édicté par le président de la République dans son discours prononcé le 8 mai dernier depuis la ville de Sétif.

Cette nouvelle orientation dans l’architecture institutionnelle vise à faire encadrer et initier les jeunes ministres à l’exercice de la fonction de ministre par les anciens qui disposent d’une grande expérience. Aussi, dit-on que cette démarche entre dans le cadre d’une stratégie visant le transfert progressif du flambeau et le remplacement graduel du personnel politique au sein des institutions de l’État.

Le quota des femmes serait revu à la hausse pour approcher le tiers alors qu’elles sont trois seulement à siéger au gouvernement actuel. Concernant la nouvelle architecture, certaines sources avancent que la redéfinition des départements va s’inspirer de l’ancien schéma déjà appliqué dans les années 1970 et 1980 avant d’être abandonné pour une autre forme plus éclatée en fragmentant les ministères.

C’est ainsi qu’il y aura la réhabilitation du grand département de l’Équipement et de l’Aménagement du territoire qui regroupera les Travaux publics, les Transports et l’Habitat, la Sécurité sociale sera rattachée à la Santé, la Formation professionnelle sera annexée au Travail et à l’Emploi, le Tourisme et l’Artisanat seront ajoutés à la Culture avec le patrimoine pour former un seul grand ministère, l’Agriculture et les Ressources en eau ainsi la Pêche dans un même département, la Communication et les Nouvelles technologies de la communication et la société de l’information seront jumelées, la Solidarité, la Famille, l’Enfance et la Condition féminine formeront un seul département, les Finances et le Commerce comme ministère recomposé.

L’Environnement et le Développement local reviendront au ministère de l’Intérieur comme cela avait été le cas par le passé.

Les autres ministères comme la Justice, les Affaires religieuses, les Affaires étrangères, l’Industrie, l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur garderaient leurs structurations actuelles sans grands changements notables.

Sur un autre plan, le futur gouvernement pourrait être élargi a d’autres partis notamment à ceux représentant la mouvance démocratique et socialiste dans l’actuelle Assemblée nationale. Nos sources avancent qu’il n’est pas à écarter de voir au moins une nouvelle formation rejoindre l’Exécutif pour diriger deux ministères dont un parmi les plus importants dans l’Exécutif.

Ce sont les futures échéances politiques et électorales qui justifient cette volonté de réorientation et l’élargissement de l’actuelle Alliance présidentielle. Celle-ci pourrait même changer de dénomination si de nouvelles formations venaient à intégrer le prochain gouvernement.

L’autre équation qui reste posée est celle de la représentation du parti islamiste, le MSP en l’occurrence dans le futur gouvernement. Le refus de ce parti de siéger dans l’Exécutif, décision récemment votée par le madjliss echoura, fausse les calculs politiques et met dans l’embarras les ministres actuellement en poste.

L’Alliance présidentielle, bâtie en 2004 sur trois piliers, ne pourrait pas se passer du courant islamiste. On croit savoir de sources informées qu’en dépit de la résolution de la direction du MSP, deux ministres de cette formation seront reconduits dans le gouvernement postlégislatives du 10 mai 2012.

D’autres cadres de ce parti pourraient intégrer le gouvernement si des propositions leur seront faites pour être nommés ministres, avancent des sources informées.

Le gouvernement mis en place durant les prochains jours est tenu constitutionnellement de préparer et présenter un plan de travail qui sera validé par le président de la République au cours d’un Conseil des ministres avant de le soumettre aux débats et à l’adoption par les parlementaires des deux Chambres du Parlement, et ce, avant la clôture de la session de printemps prévue réglementairement le 2 juillet 2012.

M AO