Plusieurs partis se sont retrouvés à égalité de sièges
Jeudi, juste à la fin du dépouillement, les partis prennent la direction de leur QG de campagne pour faire leurs comptes.
Parmi les communes où le jeu des alliances fait rage, figure l’une des plus riches d’Algérie, à savoir Rouiba. Après les élections, c’est l’heure des tractations! Pour les 1150 communes toujours en ballottage l’heure des alliances a sonné pour désigner le nouveau maire. Nous avons suivi pour vous les tractations qui ont eu lieu au lendemain de ce scrutin électoral. Jeudi, juste à la fin du dépouillement, les partis prennent la direction de leur QG de campagne pour faire leurs comptes. Chacun fait des siens à l’intérieur de son QG pendant que les militants bravent le froid en attendant les résultats. Minuit, les premiers résultats tombent.
Plusieurs partis se sont retrouvés à égalité de sièges. Ce sera donc une Assemblée communale en «patchwork», il faudra des alliances pour faire une majorité et choisir le nouveau maire. Manipulation, jeux tactiques et démonstration de force sont au rendez-vous! Les militants sont sortis défiler dans les rues pour montrer qui est le plus populaire de tous les partis. Alors les négociations ont commencé entre les partis qui sont sortis vainqueurs de ce scrutin. La nuit s’annonce très longue. «Chaque parti veut imposer son candidat. Personne ne veut lâcher du lest», nous raconte un membre d’un de ces partis qui a assisté à ces négociations qui se sont poursuivies toute la nuit pour enfin aboutir à un accord-cadre. «Une alliance entre cinq partis, dit petits, pour contrer les grosses cylindrées que sont le RND et le FLN», ajoute la même source. Rebelote, la journée de vendredi.
Les négociations reprennent de plus belle en cette journée froide et pluvieuse. Pendant ce temps, le stress gagne les militants qui ont encore bravé le froid et la pluie en se rassemblant devant les quartiers généraux de leurs partis. «Kach jdid? (il y a du nouveau)», était la question qui revenait à chaque fois entre les citoyens inquiets pour l’avenir de leur commune. Les rumeurs faisaient également bon train. «On a dit que tel candidat a été choisi comme maire et non tel autre candidat», était le genre de «ragots» qui circulait dans cette petite commune qu’est Rouiba. Bref, le «téléphone arabe» a fonctionné durant toute la journée sans que personne ne sache ce qui se passe réellement. Toutefois, dans les coulisses on négociait fortement. «Chacun pose ses conditions, a fait des concessions…», souligne le même militant.
Les pourparlers étaient rudes, car l’avenir de la commune était en jeu. La bataille était des plus féroces entre les partis, pendant la comptage elle l’est aussi pour les tractations.
Obtenir la gestion de cette commune serait le «jackpot» pour le vainqueur. Cette petite commune qui est la plus riche d’Algérie avec les taxes et autres impôts provenant de sa zone industrielle qui s’étale sur une superficie de 1000 hectares. Mais le cadre de vie ne reflète en rien les «800 millions de dinars de budget annuel additionnés aux milliards des budgets qui n’ont pas été consommés lors du précédent mandat», ne cessent de dénoncer ces habitants. C’est donc normal de voir ces négociations prendre du temps. Aux environs de 21h30, des klaxons viennent briser le silence qui s’est installé tout au long de la journée avec le stress des négociations.
«Les cinq partis de l’alliance sont parvenus à un accord, c’est le candidat du mouvement des nationalistes libres (MNL), Mourad Tikli, qui a été désigné maire», nous annonce Khaled, un habitant de la ville qui nous invite à la fête qui a lieu au QG. Toute la jeunesse de Rouiba est là pour fêter la victoire de leur candidat.
«En plus du fait que le nouveau maire soit jeune, ce qui me fait plaisir, c’est que les quatre autres partis de l’alliance sont représentatifs de la ville dans sa globalité», assure Khaled avant de se voir couper la parole par l’un de ses amis.
Coup de théâtre! «Ce n’est pas encore fait, il y a un petit problème», lui annonce-t-il avec un grincement de dents. «Un des partis de l’alliance semble s’être rétracté», lui balance-t-il. Cette annonce a eu l’effet d’une bombe et plombe l’ambiance.
Les militants ont tout d’un coup ressenti le froid qui régnait en cette nuit de novembre.
La fête a été reportée pour que les négociations reprennent! Et rebelote… Ça recommence de plus belle, stress, jeux tactiques sont encore remis sur la table alors que tout le monde pensait que c’était réglé…
