Plusieurs personnalités du camp réformateur, dont des proches de l’ancien président Mohammad Khatami, ont comparu mardi devant le Tribunal révolutionnaire de Téhéran, accusées d’être les « cerveaux » des manifestations post-électorales en Iran, selon la presse iranienne.
« La quatrième audience du Tribunal révolutionnaire qui juge les cerveaux des des récents incidents a débuté », a indiqué l’agence iranienne Fars.
Quelque 140 personnes ont été présentées, depuis le 1er août, devant le Tribunal révolutionnaire pour leur implication dans les manifestations qui ont suivi la réélection de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence le 12 juin. Ces manifestations ont plongé l’Iran dans sa plus grave crise depuis l’avènement de la République islamique en 1979.
Mardi une vingtaine de personnes -dont un ancien ministre, plusieurs personnalités politiques de premier plan, des journalistes et des universitaires- étaient jugées.
L’accusation a reproché à certains groupes politiques d’avoir, « en coopération avec des médias occidentaux et des ambassades colonialistes, semé la confusion et utilisé les partisans des candidats défaits pour mener un coup d’Etat en douceur », selon la télévision d’Etat.
Parmi les accusés figurent notamment des proches de M. Khatami dont trois anciens ministre-ajoint et les réformateurs Mohsen Mirdamadi et Abdollah Ramezanzadeh, selon les médias iraniens
Behzad Nabavi, l’un des penseurs du mouvement réformateur et ancien ministre du gouvernement de Mir Hossein Moussavi, conservateur modéré et principal rival de M. Ahmadinejad à l’élection, et un intellectuel irano-américain Kian Tajbakhsh, étaient à leur côté.
Saeed Leylaz, un journaliste réformateur connu, Mohammad Ghoochani, le rédacteur en chef d’Etemad Melli -journal de Mehdi Karoubi, candidat malheureux à l’élection présidentielle-, et Massoud Bastani, qui travaillait pour le site internet dirigé par Mehdi Rafsandjani le fils de l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, étaient également jugés.
Mehdi Rafsandjani avait oeuvré pour créer « l’illusion qu’il y avait eu des fraudes aux élections », a affirmé à la barre Massoud Bastani, selon l’agence Fars.
« Nous avions l’ordre d’attaquer le travail réalisé depuis quatre ans par le gouvernement, pour (…) mettre le doute sur le processus électoral », a-t-il déclaré à la barre.
Un éminent membre du camp réformateur, Saeed Hajjarian, a présenté ses excuses, selon l’agence de presse Isna, pour les « énormes erreurs » qu’il a commises en raison de « mauvaises analyses », tout comme M. Ramezanzadeh qui a affrimé que « le résultat de l’élection était correct ».
L’accusation a reproché à M. Hajjarian d’avoir des liens avec les services de renseignements britanniques et la Fondation Soros (du milliardaire américain George Soros) qui prévoyaient de mener une « révolution de velours » en Iran.
Elle a aussi mis en cause les partis réformateurs comme le Front de la participation et l’Organisation des moujahidine de la révolution islamique (Omri) les accusant de répandre des « rumeurs de fraudes » et demandé leur dissolution.
Les audiences de ces procès dénoncés par l’opposition et la communauté internationale comme des « procès-spectacles » ne sont pas ouvertes à la presse étrangère et aucun verdict n’a été rendu jusque-là.
Mohammad Khatami, qui a été président réformateur de 1997 à 2005, et Akbar Hachémi Rafsandjani, avaient apporté leur soutien à l’opposition qui dénonce un résultat aux élections entaché de fraudes.
Au moins 4.000 personnes ont été arrêtées lors des manifestations et 300 sont toujours derrière les barreaux, selon des source
moins 4.000 personnes ont été arrêtées lors des manifestations et 300 sont toujours derrière les barreaux, selon des sources officielles, qui ont fait état de 30 morts dans les manifestations. L’opposition a de son côté dressé une liste de 69 personnes tuées.