Manifestations du 1er Mars: À la Une des journaux mondiaux

Manifestations du 1er Mars: À la Une des journaux mondiaux
À la Une des journaux mondiaux

Les démonstrations de force des Algériens opposés au 5e mandat du Président sortant attirent forcément le regard de la presse étrangère qui, dans son ensemble, a relevé les proportions grandioses des manifestations de vendredi avant de se lancer dans des analyses de la situation pour souligner l’incongruité de la candidature de Bouteflika eu égard à son état de santé.

Il en est ainsi, évidemment, de la presse française dans son ensemble mais dont deux quotidiens principaux, Le Monde et Libération, se sont étalés largement avec respectivement quatre pages et six pages sur lesquelles ont foisonné les analyses et les reportages avec une titraille extrêmement évocatrice sur le vacillement du pouvoir en Algérie. Ainsi avec son «L’élan algérien» qui barre sa Une consacrée intégralement à l’événement, Libération voit «l’Algérie au bord de l’éclosion» et sur une autre page «Une jeunesse assoiffée de justice sociale», sur une autre page : «Abdelaziz Bouteflika, un pouvoir grabataire, mais pas à terre» avant d’étoffer son dossier par une interview avec la chercheuse et docteur en sciences politiques Dalila Ghanem-Yazbeck qui pronostique : «Si la rue ne se calme pas, le retrait de Bouteflika semblera inévitable.»

Pour sa part, dans son dossier très étoffé, le quotidien Le Monde barre sa Une avec une photo très éloquente avec le titre : «Algérie : dans la rue, l’espoir du changement», avec comme papier d’ouverture du supplément daté du samedi 2 mars, une analyse sur l’attitude des autorités françaises à l’égard de ce qui se déroule chez nous. En effet, Le Monde relève que la France officielle a décidé «ni ingérence ni indifférence» mais en même temps le dossier Algérie constitue «une priorité absolue» tout en soulignant la très inconfortable position de la France qui «craint d’être accusée de soutien au régime si elle se tait ou d’interférence si elle prend position».

La presse belge n’est pas en reste. Le grand quotidien bruxellois Le Soir a accordé une place de choix dans ses pages Monde à la question algérienne même s’il ne fait que reprendre un papier de l’AFP où il est relevé que «des dizaines de milliers d’Algériens ont défilé vendredi dans le centre d’Alger, contre la perspective d’un cinquième mandat du Président Abdelaziz Bouteflika».

LG Algérie

Plus près de nous géographiquement, l’Espagne, à travers sa presse, elle aussi accorde toute l’importance à ce qui se passe dans la rue algérienne. Le grand quotidien El Pais illustre un des titres de sa Une avec un article en ouverture de sa page 2 barrée d’une phrase qui dit tout de son analyse : «Las protestas masivas elevan la presión contra Bouteflika» (De massives protestations font pression sur Bouteflika). Une page consacrée à l’Algérie dans laquelle a trouvé place une chronique de Kamal Daoud qu’il a titrée «El miedo ha cambiado de bando» (La peur a changé de camp).

Dans la presse anglophone, aussi, la conjoncture que traverse l’Algérie a trouvé des espaces. De la BBC qui apprend à ses lecteurs que «Thousands denounce president’s bid for fifth term» (Des milliers dénoncent la candidature pour le 5e mandat) au très sérieux The Guardian qui, à travers sa version online, a suivi la manifestation d’Alger et est revenu sur sa version papier avec un article où il a relevé le grand nombre de manifestants et l’usage par la police de gaz lacrymogènes tout en donnant la parole à Chloe Teevan, une spécialiste des questions sur le Maghreb au Conseil européen, qui a surtout mentionné le caractère pacifique des manifestants.

Ceci, alors que de l’autre côté de l’Atlantique, le New York Times a rendu compte des marches de vendredi en relevant «Des milliers de personnes ont envahi les rues d’Algérie vendredi pour une deuxième semaine de manifestations inhabituelles contre le Président vieillissant et malade du pays, Abdelaziz Bouteflika, dont la décision de se présenter pour un cinquième mandat a suscité une opposition populaire inattendue». Le grand quotidien de la capitale fédérale, le Washington Post, quant à lui, dans un article d’analyse, signé par Caroline Abadeer et Yuree Noh, s’interrogeait hier : «Protests are growing in Algeria. Are these seeds of a real change ?» (Les manifestations se multiplient en Algérie. Sont-ce les graines d’un réel changement ?). La même interrogation, somme toute, qui taraude les esprits partout où l’Algérie a droit de cité, ces dernières semaines.

Azedine Maktour