Manifestations de soutien à Morsi et incidents au Sinaï, Égypte : retour à la case départ pour une transition délicate

Manifestations de soutien à Morsi et incidents au Sinaï, Égypte : retour à la case départ pour une transition délicate
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L’attaque coordonnée de militants islamistes qui ont tiré hier matin à la roquette et à la mitrailleuse sur des postes militaires et de police au Sinaï, tuant un soldat égyptien, et les appels à manifester des Frères musulmans n’augurent rien de bon pour l’Égypte.

Alors que l’armée égyptienne appelait à l’unité après un coup de force contre le président Mohamed Morsi et l’arrestation de plusieurs dirigeants des Frères musulmans dont il est issu, une attaque de militants islamistes contre des postes militaires et de police au Sinaï, hier, a fait un mort et deux blessés parmi les soldats.

C’est dire que la situation est loin de se calmer en Égypte, d’autant plus que les appels à manifester des Frères musulmans peuvent conduire à des développements regrettables. “Le Front du salut national (FSN) lance un appel urgent à se mobiliser sur toutes les places d’Égypte en soutien à la révolution du 30 juin”, a annoncé dans un communiqué de son porte-parole, en référence aux manifestations monstres de dimanche contre Mohamed Morsi. Par ailleurs, des milliers d’Égyptiens manifestaient hier au Caire pour un “vendredi du refus”, contre le “coup d’État” qui a renversé le président islamiste et la vague d’arrestations qui a suivi au sein de son mouvement des Frères musulmans.

Devant la mosquée Rabaa-Al-Aadawiya, dans le faubourg de Nasr City, les manifestants, dont une partie campe sur place depuis plusieurs jours, priaient ensemble, à l’appel de l’imam, pour “le retour de Morsi au pouvoir” et “la fin de la fracture entre nous et l’armée”. “Nous résisterons pacifiquement aux chars”, a déclaré un haut dirigeant des Frères musulmans, Mohammed Beltagui, présent sur place.

“Nous ne reconnaissons pas le coup d’État et nous ne travaillerons pas avec les nouvelles autorités”, a-t-il ajouté. Alors que l’armée s’était massivement déployée avec ses blindés autour de la place, mercredi, le jour de la mise à l’écart de Mohamed Morsi, les barrages étaient désormais levés. L’AFP a rapporté que des échanges de tirs entre des soldats et des partisans de Mohamed Morsi approchant le bâtiment où est détenu le président déchu ont fait trois morts.

Deux corps ont été couverts d’un drap blanc et un troisième gisait, la tête fracassée par une balle, rapporte l’agence. Si aucune capitale n’a qualifié de “coup d’État” la suspension de la Constitution et la nomination d’un président intérimaire par l’armée, Washington a demandé aux nouvelles autorités de ne pas procéder à des “arrestations arbitraires” après un vaste coup de filet contre les plus hauts dirigeants des Frères musulmans. Un haut responsable de l’armée a confirmé la détention “de façon préventive” de Mohamed Morsi, laissant entendre qu’il pourrait être poursuivi, alors que la justice le convoque lundi à un interrogatoire pour “insulte à l’institution judiciaire”. Lançant une période de transition dont la durée n’a pas été précisée, Adly Mansour, président de la Haute cour constitutionnelle, a prêté serment jeudi matin comme président intérimaire, promettant de “protéger le système républicain” et d’être le “garant des intérêts du peuple”. Il a décidé de dissoudre la Chambre haute du Parlement (Choura), dominée par les islamistes et de nommer un nouveau chef des services du renseignement, Mohammed Ahmed Farid, a indiqué l’agence d’information officielle Mena. Les consultations pour sa formation ont commencé, selon l’opposant Amr Moussa. Ceci étant, les forces politiques en Égypte ont accueilli favorablement la feuille de route de la prochaine étape de transition établie par l’armée de concert avec les partis et des personnalités nationales, appelant à une réconciliation nationale entre tous les acteurs de la vie politique, sans exclusion. Le Mouvement de la daâwa salafia, deuxième grande formation islamique en Égypte, a appelé tous les partisans des mouvements islamiques à accepter les changements politiques intervenus dans le pays et à éviter toute réaction violente et d’évacuer les places publiques.

À noter, enfin, que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) a suspendu, hier, la participation de l’Égypte à l’organisation panafricaine, après la destitution par l’armée du président égyptien Mohamed Morsi, selon un communiqué officiel. “Le Conseil a décidé de suspendre la participation de l’Égypte aux activités de l’UA”, a déclaré à la presse le secrétaire du Conseil de paix et de sécurité, Admore Kambudzi, lisant un communiqué officiel, à l’issue de plus de trois heures de réunion du CPS. “Le Conseil réitère la condamnation et le rejet par l’UA de toute prise illégale du pouvoir”, a poursuivi M. Kambudzi, “le renversement du président démocratiquement élu n’obéit pas aux dispositions pertinentes de la Constitution égyptienne et correspond donc à la définition du changement inconstitutionnel de pouvoir”.

M T