Manifestations anti-gouvernementales Turquie : un bras de fer aux conséquences imprévisibles

Manifestations anti-gouvernementales Turquie : un bras de fer aux conséquences imprévisibles

Des milliers de personnes ont, de nouveau, envahi, hier soir, la place Taksim d’Istanbul, tandis que la police est intervenue pour disperser des manifestations à la fois aux abords des bureaux stambouliotes du chef du gouvernement Recep Tayyip Erdogan et à Ankara.

C’est pour la cinquième journée consécutive que des affrontements ont lieu en Turquie entre policiers et manifestants hostiles au chef du gouvernement.

Parallèlement, pour la première fois depuis le début du mouvement, la mort d’une personne a été signalée. L’Union des médecins turcs a annoncé qu’un jeune homme avait été tué dimanche soir à Istanbul par une voiture ayant percuté la foule qui protestait.

Après une trêve de quelques heures, manifestants et forces de l’ordre ont repris leur violente confrontation, tant à Ankara, sur la place centrale de Kizalay, qu’à Istanbul, à proximité des bureaux du Premier ministre.

Aux grenades lacrymogènes et aux canons à eau, les contestataires ont riposté par des jets de pierres. Toujours aussi déterminés, les manifestants ont à nouveau envahi par milliers la place Taksim, le cœur de la contestation, brandissant des drapeaux turcs et scandant «Tayyip, démission !».

Dans la nuit de lundi à mardi, à Ankara et Istanbul, c’est aux gaz lacrymogènes que plusieurs centaines de manifestants ont été dispersés par la police, ont rapporté des témoins et une chaîne de télévision. A Istanbul, les policiers ont tiré plusieurs dizaines de grenades de gaz lacrymogène pour déloger du quartier de Gümüssuyu (rive européenne) quelque 500 manifestants qui y avaient érigé des barricades et allumé des feux, selon cette source. Les policiers, critiqués pour leur brutalité au début du mouvement de protestation, sont intervenus contre des groupes qui les ont attaqués avec des pierres, ont indiqué la chaîne de télévision CNN-Türk et des manifestants.

A Ankara, dans le quartier de Kavaklidere, la police antiémeute a tiré des balles en caoutchouc contre les manifestants, pour la plupart des jeunes, selon CNN-Türk.

A Istanbul, les policiers ont tiré plusieurs dizaines de grenades de gaz lacrymogène pour déloger du quartier de Gümüssuyu (rive européenne) quelque 500 manifestants qui y avaient érigé des barricades et allumé des feux.

Dans ces deux villes, d’autres rassemblements de plus grande ampleur se poursuivaient par ailleurs dans le calme malgré l’heure tardive. Les représentants du mouvement de contestation en Turquie appellent régulièrement les manifestants sur les réseaux sociaux à ne pas provoquer la police et à ne pas détruire les biens publics.

Appel à la grève contre la «terreur»

Le bras de fer s’est encore durcit ce matin avec l’entrée en grève d’un syndicat, après la mort du deuxième manifestant de 22 ans. Au terme de cette nouvelle nuit de mobilisation et de violences dans plusieurs villes du pays, l’une des plus grandes centrales syndicales du pays, la Confédération des syndicats du secteur public (KESK), a décidé d’apporter son soutien à la contestation en entamant ce matin une grève de deux jours. «La terreur exercée par l’Etat contre des manifestations totalement pacifiques se poursuit de telle façon qu’elle menace la vie des civils», a jugé la centrale, marquée à gauche, qui revendique 240.000 adhérents, regroupés dans 11 syndicats. La centrale syndicale a également estimé que la brutalité de la répression traduisait l’ »hostilité envers la démocratie » du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir.