Des milliers de manifestants ont retrouvé vendredi le chemin de la place Tahrir, au Caire, pour dénoncer laprésence d’Ahmed Chafik, ancien Premier ministre d’Hosni Moubarak, au second tour de l’élection présidentielle les 16 et 17 juin.
Pour eux, l’élection de l’ex-commandant en chef de l’armée de l’air égyptienne signifierait un retour à l’ancien régime et le maintien des militaires au pouvoir.
Certains des manifestants de la place Tahrir étaient des partisans du rival de Chafik à l’élection, le candidat des Frères musulmans Mohamed Morsi, dont le parti contrôle le Parlement.
D’autres ont participé à la « révolution du Nil » de l’an dernier et sont frustrés d’avoir à choisir entre un général et un islamiste à l’occasion du second tour d’un scrutin censé parachever la transition politique.
Des manifestants brandissant des banderoles se sont dirigés vers le bâtiment du gouvernement, voisin de la place, où des dizaines de militants en étaient à leur troisième jour de grève de la faim pour réclamer l’annulation de la candidature de Chafik à la présidentielle et la libération des détenus politiques.
Croisé sur la place Tahrir, Ahmed Moustafa, un chômeur de 39 ans, dit avoir été blessé par des tirs de fusil aux plombs lors des journées révolutionnaires de janvier-février 2011. Et crie sa colère contre Chakif: « Avant tout, il y a du sang entre lui et nous. Et si nous l’élisons, alors nous aurons élu l’ancien régime », continue-t-il.
Lors d’une conférence de presse donnée dans un hôtel cinq étoiles de la banlieue du Caire, Ahmed Chafik s’est adressé aux jeunes révolutionnaires qui furent en pointe de la contestation, promettant que la place Tahrir, symbole du « printemps égyptien », resterait un lieu de liberté d’expression, assurant qu’il n’y aurait pas de censure sur internet et s’engageant à créer des emplois.
« Je dis aux jeunes ‘N’ayez pas peur’. Vous aurez la liberté de manifester et je protégerai la liberté de l’utilisation d’internet », a-t-il dit.
Les généraux du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirigent l’Egypte depuis la chute d’Hosni Moubarak, ont promis de restituer le pouvoir à un civil, le 1er juillet au plus tard.
A moins de dix jours du second tour, les partisans de Mohamed Morsi ont intensifié leur campagne, distribuant des tracts électoraux à la sortie des grandes prières du vendredi, appelant à se rassembler place Tahrir pour une « Journée de la persévérance ».
Mais les Frères musulmans suscitent beaucoup de méfiance, notamment parce qu’ils avaient annoncé dans un premier temps qu’ils ne présenteraient pas de candidat à la présidentielle.
Avec Tamim Elyan et Marwa Awad; Guy Kerivel et Henri-Pierre André pour le service français