elle a accusé la ministre et ses détracteurs de contribuer à la mise à mort de l’Ecole algérienne.
Invitée du Forum du quotidien arabophone El Hiwar, Malika Greffou, connue surtout pour être l’auteure d’un brûlot contre le système éducatif algérien au milieu des années 1980 sous l’intitulé L’école algérienne, d’Ibn Badis à Pavlov, a lourdement chargé la ministre de l’Education nationale qu’elle accuse de faire dans la diversion en proposant d’introduire la derdja dans le préparatoire, la première et la deuxième année primaire pour éviter les questions de fond.
«La loi de 2008 se fixe trois objectifs principaux: aider l’élève à acquérir un niveau culturel, à se former dans les lettres et accéder au patrimoine universel, et avoir un esprit d’initiative. Or, cette loi est jetée aux oubliettes et c’est exactement le contraire de ce qu’elle stipule qui se fait. On parle d’enseignement et d’inculcation alors que ceci est très dangereux pour un enfant de moins de sept ans. On parle d’esprit d’initiative et on enferme les apprenants dans des classes en leur recommandant de ne pas bouger» a-t-elle analysé avant de proposer que les langues ne soient enseignées aux élèves qu’à partir de la huitième année pour ne pas les traumatiser». Concernant la question précise de l’enseignement de la «derdja» dans l’école, Malika Greffou n’a pas voulu répondre directement mais a laissé entendre tout de même, que l’apprentissage d’une langue étrangère à un enfant, ou l’acte d’apprendre-inculquer simplement, est traumatisant, ce qui laisse entendre qu’elle est favorable à l’introduction de l’arabe dialectal dans le primaire.
Rappelant par ailleurs avoir dénoncé l’apprentissage de l’arabe classique, qu’elle qualifie de langue-mascarade et de langue de laboratoire, aux enfant âgés de sept ans et moins depuis les années 1970, Malika Greffou a déclaré que «l’école est l’opportunité d’une rencontre de l’élève avec la culture, la civilisation et non pas avec des apprentissages». «Cette méthode d’inculcation est copiée sur l’Allemagne de l’Est et elle constitue un grand danger pour le système éducatif algérien» a-t-elle ajouté. Revenant aux autres questions d’actualité, notamment celle du livre unique mis en place par Nouria Benghebrit, Malika Boudalia Greffou n’est pas allée avec le dos de la cuillère pour dénoncer «cet héritage des premières années de l’indépendance».

«Le livre unique de Benghebrit n’est que la projection, voire le prolongement du parti unique.
Dans tous les secteurs, il y a eu des changements après l’ouverture de 1989, excepté dans le secteur de l’éducation qui reste l’otage de la culture du parti unique» a-t-elle indiqué en accusant, encore, Benghebrit, de livrer les leviers de son département aux barons de l’imprimerie. «C’est la logique commerciale qui prime dans cette histoire. On imprime chaque année des livres scolaires et ceux qui en profitent, qui dictent leur loi au ministère de l’Education nationale sont connus», a-t-elle déballé en effet. Malika Greffou a également, après avoir fait un procès en règle du système éducatif algérien, recommandé la suppression des inspecteurs.
«Les inspecteurs sont formés pour surveiller les enseignants qui, eux, surveillent les élèves pour les empêcher de sortir de la logique de l’unicité, du parti unique. Or, il ne doit jamais y avoir quoi que ce soit entre l’élève et l’enseignant.
Les deux doivent être libres. Il faut supprimer les inspecteurs.
En Allemagne, c’est la première étape qu’on a entreprise dans le cadre de la réforme de l’école. Chez nous, c’est le contraire qui se produit. On parle même de la mise en place d’instituts de formation pour les inspecteurs. C’est gravissime, d’autant plus que cette entreprise concerne aussi les mourchidates » que l’on forme pour assurer la même tâche dans les écoles coraniques, dans le cadre d’un partenariat entre le ministère de l’Education nationale et le ministère des Affaires religieuses», a-t-elle précisé avant de conclure, sur un ton de regret: «On est en train de dilapider notre patrimoine et notre civilisation en éméchant sa transmission par l’école.
Le XXIe siècle ne veut pas d’élèves bien formés et ceux qui ont pris l’Ecole algérienne en otage sont en train de satisfaire à cette exigence visant à exclure nos enfants du monde de demain.»