Mal en prit à l’eurodéputé, coprésident des Verts au Parlement de Strasbourg, Daniel Cohn Bendit, qui s’est fendu, mardi, d’une violente critique à l’encontre de l’Algérie par rapport au dossier du Mali. Le président français, François Hollande, s’est chargé de lui ajuster la réplique, très sèche.
Venu prononcer un discours sur l’Europe, François Hollande s’est senti l’obligeance de tacler rudement le député des Verts qui, lors de son intervention devant le Parlement, s’est lâché contre l’Algérie. «Il faut dire la vérité et aller au bout des choses. Certains pays, pas tout à fait démocratiques, comme l’Algérie, n’ont pas joué leur rôle jusqu’au bout dans la lutte contre le terrorisme», a-t- il soutenu. Ce à quoi François Hollande n’est pas demeuré insensible. Il s’en est fait alors un devoir de riposter. «Je veux ici dire combien l’Algérie a souffert pendant des années et des années du terrorisme, et que s’il y a un pays qui, ici, est la victime de la barbarie, c’est bien l’Algérie», a-t-il répliqué, poursuivant, faisant allusion à la prise d’otages d’In Aménas, «moi, je n’ai pas discuté de ce qui a été fait par les Algériens, sur leur territoire, pour frapper les terroristes qui retenaient en otage 600 personnes». Le président français ne s’est cependant pas arrêté à ce seul commentaire.
Il a, en outre, souligné la qualité de partenaire de l’Algérie dans la résolution de la crise malienne. «Alors, nous aurons besoin de l’Algérie dans cette région du monde, pour lutter contre le terrorisme, pour favoriser une politique de développement et pour le dialogue politique y compris avec les Touaregs.»
Hôte de l’Algérie en décembre dernier, où il a eu à prononcer un discours devant les deux Chambres du Parlement réunies, François Hollande, qui entendait injecter plus de vitalité dans la relation politique algérofrançaise, commet, donc, au Parlement de Strasbourg un acte concret en prenant sur lui de défendre l’Algérie, quitte à provoquer des moues renfrognées chez ses amis les Verts. Il faut dire que la France, partie seule en guerre au Mali, suite à une demande urgente des autorités de Bamako, a trouvé en face une Algérie compréhensive. L’Algérie, pour rappel, avait estimé que la décision des autorités maliennes à faire appel à l’intervention militaire française était souveraine.
Une position que d’aucuns avaient interprétée comme un renoncement à la démarche du dialogue inclusif qu’elle a longuement prônée, au point d’ailleurs de réunir à Alger les mouvements rebelles touaregs Ansare Dine et MNLA. L’Algérie a également répondu favorablement à la demande française de survol du ciel national par les Rafales qui bombardaient les positions islamistes dans le nord du Mali. Cette affaire de survol, ébruitée par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a suscité de vives critiques ici en Algérie.
S. A. I.