MALI,Ansar Dine dénonce l’accord d’Alger

MALI,Ansar Dine dénonce l’accord d’Alger
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Revirement spectaculaire et risque de sabordage du processus poussif de règlement pacifique de la crise malienne. Le mouvement Ansar Dine rompt de manière unilatérale l’accord d’Alger, se désengage du processus de dialogue politique et annonce la reprise des hostilités. La piste devant les va-t-en-guerre est dégagée ?

– Le mouvement Ansar Dine, que d’aucuns avaient cru réellement déserter les dunes et les broussailles pour cheminer à la clarté du jour et négocier une sortie de crise au Mali, n’a pas trop résisté avant de céder à la tentation belliqueuse, celle dans laquelle il s’est signalé au moment de chasser l’administration et l’armée maliennes du nord du pays. Jeudi 3 janvier, Iyad Ag Ghali, son chef, signe un communiqué, diffusé par l’agence mauritanienne Sahara Médias, dans lequel il annonce la rupture de l’accord d’Alger qui l’engage communément avec le MNLA à cesser les hostilités et œuvrer à la recherche d’une solution politique à la crise malienne. L’espoir ne sera, de ce fait, entretenu que deux semaines. L’horizon se rembrunit de nouveau. Dans son communiqué, Ag Ghali, islamiste radical qui prône l’instauration de la Charia, sinon sur l’ensemble du territoire malien, du moins dans les villes et zones qu’il contrôle, se fend, en guise de justificatif au revirement de son mouvement, d’accusations à l’encontre des autorités de transition de Bamako. A ses yeux, et ce qui n’est pas loin de la vérité, ces dernières tergiversent quant à la mise en route du dialogue politique. Ag Ghali montre que sa patience a des limites, et elles semblent atteintes. Aussi se déclare-t-il à nouveau belliqueux, se sentant dans son bon droit de recharger sa kalachnikov. Ag Ghali, démolisseur des mausolées de Tombouctou, accuse le pouvoir central de Bamako de faire peu de cas de l’offre de paix émise depuis Alger le 21 décembre dernier, jour de la signature d’un accord l’engageant avec le MNLA sous l’entremise des autorités algériennes. «Notre position est méprisée et réduite à rien par la partie malienne qui n’a pas encore annoncé officiellement la cessation des hostilités de sa part, un point essentiel dans toute négociation logique.» Ag Ghali ne manque pas de saupoudrer sa littérature d’un rappel par lequel il entend se ménager bonne conscience. «Alors que les négociations étaient menées à Ouagadougou afin d’essayer de rassembler les enfants du Mali par le dialogue, le gouvernement malien essayait de rentrer dans une guerre de destruction massive à travers des coups médiatiques en faisant l’étalage de ses armes et en ce liant avec des combattants, de surcroît d’anciens mercenaires impliqués dans des conflits au Liberia, à Sierra Leone et en Côte-d’Ivoire et exploite la haine ethnique.» Ainsi Ansar Dine accuse Bamako de recruter des mercenaires. La sortie d’Ansar Dine contrariera, à coup sûr, la diplomatie algérienne qui n’a pas ménagé ses efforts pour amener les deux groupes rebelles maliens à se rendre disponibles pour le dialogue avec les autorités de Bamako. Elle devra également contrarier le médiateur africain dans la crise malienne, le président Burkinabé Blaise Compaoré. Ce dernier était, d’ailleurs, destinataire mardi, soit deux jours avant la diffusion du communiqué d’Ag Ghali, d’une plateforme politique élaborée par Ansar Dine. Va-t-en-guerre et plutôt intéressée par la solution militaire que politique, Bamako ne se chagrinera assurément pas de ce que Ansar Dine reprenne les hostilités. Elle a poussé à cela, tant est qu’elle fait tout pour ne pas engager le dialogue pourtant promis. Surtout après que le Conseil de sécurité de l’ONU eut résolu d’autoriser une intervention militaire dans le Nord-Mali.

S. A. I.