Son adversaire, Soumaïla Cissé, a reconnu, hier soir, sa défaite au second tour de la présidentielle de dimanche.
«Je suis allé le voir (Ibrahim Boubacar Keïta) pour le féliciter et lui souhaiter bonne chance pour le Mali», a déclaré M. Cissé qui a fait cette annonce avant même la publication des résultats du second tour. «Après près des deux tiers des bulletins dépouillés, IBK arrive très largement en tête», avait affirmé, hier, à l’AFP une source proche de la Commission nationale de dépouillement, qui centralise les votes de l’ensemble du territoire malien au ministère de l’Administration territoriale (Intérieur) à Bamako. Selon des observateurs maliens indépendants, le taux de participation du second tour a été en baisse par rapport au premier tour, «à environ 45%».
Ibrahim Boubacar Keïta, 68 ans, nouveau président du Mali, est un cacique de la vie politique malienne, à la réputation d’homme à poigne se réclamant de la gauche. Dit IBK, il est resté très discret au moment du coup d’Etat du 22 mars 2012 qui a renversé le président Amadou Toumani Touré et précipité la chute du nord du Mali aux mains de rebelles touareg et de groupes jihadistes, contrairement à Soumaïla Cissé qui avait fermement condamné ce putsch. Durant sa campagne pour la présidentielle, IBK avait affirmé que son objectif prioritaire était la «réconciliation» d’un Mali profondément divisé et il a été le premier des candidats à se rendre à Kidal, chef-lieu de région à plus de 1 500 km au nord-est de Bamako. Cette ville du désert est considérée par des Touareg comme leur berceau et elle a été le théâtre de violences entre communautés ethniques. «Je ramènerai la paix et la sécurité. Je renouerai le dialogue entre tous les fils de notre Nation», a-t-il martelé dans ses rassemblements électoraux, qu’il commençait en récitant des versets du Coran. Né le 29 janvier 1945 à Koutiala (sud), Ibrahim Boubacar Keïta a fait des études littéraires au Mali, au Sénégal et en France, où il a également travaillé sur des questions liées aux pays en développement. Il a milité dans des organisations qui contestaient le pouvoir du général Moussa Traoré, renversé en mars 1991 par un coup d’Etat militaire après 23 ans à la tête du Mali. Elu président en 1992 après la transition, Alpha Oumar Konaré lui confie plusieurs postes à responsabilités, conseiller, ambassadeur en Côte d’Ivoire, ministre des Affaires étrangères (1993-1994), puis Premier ministre de 1994 à 2000. Comme chef du gouvernement, Ibrahim Boubacar Keïta, qui se réclame de la gauche, doit gérer une crise scolaire et des grèves qui paralysent le Mali. Il fait durement réprimer les grévistes, et fermer les écoles, décrétant une «année blanche» (invalidée) pour la période scolaire 1993-1994. Il ferraille également contre les opposants au régime de M. Konaré, resté dix ans au pouvoir, de 1992 à 2002. Pour la présidentielle de 2002, il pense être le candidat du parti au pouvoir, l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) mais perd ce pari en raison d’une contestation interne dans cette formation. Alors, il démissionne de l’Adéma et crée le Rassemblement pour le Mali (RPM). Malgré le soutien d’une partie des membres de l’Adéma qui ont rejoint son parti, il est battu à la présidentielle de 2002 par Amadou Toumani Touré, militaire qui a pris sa retraite de l’armée pour se porter candidat et a dirigé le Mali jusqu’au coup d’Etat du 22 mars 2012.
R. I. / Agences
Satisfecit des observateurs
Selon Louis Michel, chef de la mission d’observation de l’Union européenne qui a lui-même surveillé le scrutin dans plusieurs bureaux de vote de Bamako, «il n’y a absolument rien de douteux ou de suspect à signaler, ça s’est déroulé dans de bonnes conditions, dans un climat serein, calme». «Celui qui sera élu, sera élu avec la légitimité démocratique, c’est ma conviction», a-t-il ajouté. Dans son rapport préliminaire publié lundi, la mission de l’UE évalue «positivement (…) les opérations de vote à hauteur de 99%» des bureaux observés. Elle estime que la présidentielle malienne est conforme aux «normes internationales pour l’organisation d’élections démocratiques».