L’aviation française a visé mardi un “centre de commandement” d’el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi) à Tombouctou, ville du nord-ouest de Mali. Aqmi est le plus important des trois groupes islamistes armés qui occupent le nord du Mali.
Aqmi a été délibérément visé lors de cette attaque, selon une source proche du gouvernement français. Lundi, le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l’état-major des armées françaises, s’était borné à confirmer des frappes aériennes françaises “à la périphérie” de Tombouctou.
Tombouctou (900 km de Bamako) et Gao (1.200 km de la capitale) sont contrôlées depuis plus de neuf mois par des groupes islamistes armés, qui y ont multiplié les exactions.
La France a, dans le même temps, bénéficié d’un soutien de taille de la part des États-Unis : “A la demande du gouvernement français, nous avons commencé à affréter par les airs de l’équipement et du personnel de la France vers le Mali”, a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’armée américaine, sans autre précision.
Washington, qui fournit déjà une aide en matière de renseignements à l’intervention française, avait annoncé la semaine dernière qu’il mettrait prochainement à la disposition de la France des avions de transports, excluant toutefois l’envoi de troupes.
Plus de 2.150 soldats français sont déjà déployés au Mali pour combattre les groupes islamistes armés, un chiffre qui va augmenter dans les prochains jours.
Onze jours après le début de l’intervention militaire française qui a donné un coup d’arrêt à la progression des islamistes vers le Sud, le chef d’état-major de l’armée malienne a estimé que la “libération” de deux des principales villes dans le nord du Mali, pourrait “ne pas prendre plus d’un mois”.
“Notre objectif est la libération totale des régions du nord du Mali. Si les appuis sont conséquents, cela ne dépassera pas plus d’un mois pour Gao et Tombouctou”, a déclaré le général Ibrahima Dahirou Dembélé, interrogé par Radio France Internationale (RFI).
Mardi matin, des soldats maliens parcouraient les rues de Diabali, à 400 km au nord de Bamako, comme ils l’avaient fait la nuit précédente, a constaté un journaliste de l’AFP.
Comme annoncé, les soldats français, qui avaient aidé lundi les Maliens à reprendre Diabali tombée au mains des islamistes le 14 janvier, se sont retirés de la localité dans la soirée. L’armée française semble réticente à stationner dans les villes : une fois reprises aux islamistes, elle préfère en laisser le contrôle à l’armée malienne.
“Pas une agression contre l’islam”
C’est aussi le cas à Douentza, (800 km de Bamako), contrôlée depuis septembre par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), également reprise lundi par une colonne franco-malienne.
Elle se trouve sur une route stratégique d’où peuvent être menées des opérations vers les grandes villes du Nord, Tombouctou, Gao et Kidal, prises fin mars 2012 par les groupes jihadistes, dont el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ont mis en déroute l’armée malienne.
Plusieurs sources ont fait état d’un repli des islamistes vers Kidal (extrême nord-est), à 1.500 km de Bamako, près de la frontière algérienne.
Parallèlement, de nouveaux pays ont répondu aux demandes d’aide logistique et financière de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le déploiement d’une force au Mali qui, à terme, sera composée de quelque 6.000 soldats africains.
Pour sa part, l’Union européenne a proposé d’organiser une réunion internationale sur le Mali le 5 février à Bruxelles, avec la participation de l’Union africaine, de la Cédéao et de l’ONU. Et elle a annoncé mardi le déblocage de 20 millions d’euros supplémentaires d’aide pour le Mali, destinée aux personnes victimes de malnutrition dans le pays et aux réfugiés dans des pays voisins.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a récemment estimé à 150.000 le nombre de réfugiés chassés du Mali, et à 230.000 celui des déplacés.
Rompant avec la quasi-unanimité de la communauté internationale, le président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, s’est prononcé lundi contre l’intervention au Mali, “de nature à alimenter le conflit dans la région”. Mais Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), principale organisation islamique d’un pays à 90% musulman, a estimé que l’intervention de la France n’était “pas une agression contre l’islam”.