Une délégation d’Ansar Dine, arrivée vendredi à Ouagadougou,doit rencontrer cet après-midi à 16h (locales et GMT) le Président Blaise Compaoré, médiateur au nom de la Cédéao.
La médiation burkinabè a poursuivi hier ses discussions avec Ansar Dine, l’un des groupes islamistes contrôlant le nord du Mali, tandis que des experts ont finalisé les premiers plans pour une force armée africaine qui pourrait être aidée par une forte implication occidentale.
Durant deux heures, ces émissaires ont eu à s’entretenir avec le chef de la diplomatie burkinabè, Djibrill Bassolé, au lendemain d’un premier entretien. «Nous avons bien avancé», a déclaré M. Bassolé, à l’issue de ces discussions. Les envoyés islamistes «vont réserver la primeur» de leurs réflexions au médiateur et il s’agira ensuite pour eux de «dialoguer avec l’Etat malien», de «continuer les consultations avec le MNLA» (Mouvement national de libération de l’Azawad, rébellion touareg laïque et prônant l’autodétermination) et les communautés du nord du Mali, en vue d’un «processus inclusif». Pour M. Compaoré, l’enjeu est de convaincre Ansar Dine -surtout composé de Touareg maliens comme son chef Iyad Ag Ghaly- de rompre avec ses alliés jihadistes, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui contrôlent le nord du Mali avec lui. Mais jusque-là, la délégation conduite par Algabass Ag Intalla -à la fois un élu, un haut cadre du groupe et une importante personnalité de la communauté touareg- s’est contentée d’afficher son «indépendance» vis-à-vis des autres mouvements, a dit ne rien se reprocher sur le plan du «terrorisme» et plaidé pour une «solution négociée» à la crise. Comme ses alliés, Ansar Dine impose la charia de manière brutale, des destructions de mausolées aux lapidations à mort. C’est l’un des points qui l’oppose au MNLA, mouvement marginalisé par les islamistes mais dont des représentants basés à Ouagadougou ont eu des entretiens discrets avec ceux d’Ansar Dine.
Pour le Burkina cependant, même si Ansar Dine se démarque de ses encombrants alliés, connus pour leurs enlèvements et leurs trafics dans les pays de la région, il faudra in fine recourir à la force contre les «terroristes».
A Bamako, des experts internationaux ont ainsi achevé hier leurs travaux entamés le 30 octobre sur le «concept d’opération» de cette intervention. Ils passent le relais aujourd’hui aux chefs d’état-major de la Cédéao, avant que les dirigeants de la région ne s’en saisissent. Rappelons que le Conseil de sécurité de l’ONU a donné jusqu’au 26 novembre à la Cédéao pour préciser ses plans.
R. I. / Agences