Mali ,Le temps des kamikazes

Mali ,Le temps des kamikazes

Un deuxième attentat suicide a eu lieu, hier, dans la nuit, à Gao donnant à la guerre au Mali une nouvelle et grave tournure. Acculés, pourchassés, les islamistes recourent aux kamikazes bourrés d’explosifs pour semer peur et panique au sein surtout de la population, et brouiller davantage la situation politique et sécuritaire du pays et de la région du Sahel.

Le Mali n’avait encore jamais été frappé par des attentats suicide jusqu’à ces derniers jours. Mais les islamistes, chassés des villes du Nord qu’ils contrôlaient depuis des mois par les frappes aériennes françaises et la progression de colonnes de militaires français et maliens, ont visiblement décidé de recourir à cette tactique, ainsi qu’à la pose de mines sur les routes.

Hier vers 23h 00 locale et GMT, une forte détonation, sourde et lointaine, a retenti à Gao.

«C’est un kamikaze qui s’est fait exploser», a déclaré ce dimanche un soldat malien sur les lieux de l’attentat, à proximité d’un poste de contrôle à l’entrée nord de Gao, déjà visé par un attentat suicide vendredi. La tête de l’auteur de l’attentat, un homme arabe ou targui, gisait encore sur le sol ce dimanche matin, a constaté un journaliste de l’AFP. Aucun militaire malien n’a été atteint dans l’explosion, selon les soldats sur place. Mais la route menant vers le nord et les villes de Bourem et Kidal a été fermée et aucun véhicule n’était autorisé à l’emprunter. Des témoins ont aussi fait état d’échanges de tirs entre les soldats maliens et des combattants islamistes après l’explosion. La sécurité du poste de contrôle avait été fortement renforcée depuis qu’un homme s’était fait exploser vendredi à proximité, blessant légèrement un militaire malien. Les effectifs ont été doublés et le poste est désormais protégé par deux murs de sacs de sable séparés de 300 mètres. Les arbres alentour ont été rasés pour améliorer la visibilité et des mitrailleuses lourdes placées en batterie. En ville, soldats maliens et nigériens patrouillent continuellement dans leurs pick-up camouflés, traduisant l’inquiétude des militaires, qui prennent très au sérieux les menaces de nouvelles attaques. «Dès qu’on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c’est dangereux, on peut se faire tirer dessus», a confié à l’AFP un officier malien. Selon des sources militaires, française et malienne, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes. L’attentat de vendredi avait été revendiqué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions.

«Nous nous engageons à augmenter les attaques contre la France et ses alliés. Nous demandons à la population de se tenir loin des zones militaires pour éviter les explosions», a de nouveau mis en garde, hier, samedi, le porte-parole du Mujao, Abou Walid Sahraoui. corps découverts dans le désert. Deux jeunes portant des ceintures bourrées d’explosifs ont aussi été arrêtés hier matin à 20 kilomètres au nord de Gao. Et des mines ont été posées sur les routes alentour : quatre civils maliens ont été tués mercredi par une mine au passage de leur véhicule entre Douentza (centre) et Gao. Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient déjà été tués dans une explosion similaire, sur la même route.

R. I./AFP