Mali, Le déploiement d’une force africaine en débat

Mali, Le déploiement d’une force africaine en débat
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Les principaux chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique de l’Ouest se retrouvent ce samedi à Abidjan pour une réunion consacrée au déploiement d’une force d’intervention au Mali.

Le sommet devait s’ouvrir dans la matinée. Les participants «vont évaluer la situation sécuritaire afin de donner de nouvelles orientations pour le déploiement rapide de la force ouest-africaine», selon la présidence du Burkina Faso.



Ils doivent notamment convenir d’«accélérer» le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), qui a reçu mandat de l’ONU pour aider les autorités maliennes à reprendre le contrôle du nord du pays, occupé depuis plus de neuf mois par des groupes islamistes armés qui y ont multiplié les exactions. Sur le terrain, l’on évoque la reprise la ville de Konna (centre) aux islamistes par l’armée malienne, appuyée par les troupes françaises. L’armée malienne avait affirmé dans un bref communiqué avoir repris jeudi «le contrôle total» de cette ville à 700 km au nord-est de Bamako. L’information a été confirmée par une source de sécurité régionale et par des habitants de la zone joints par l’AFP, zone qui reste inaccessible aux observateurs indépendants. Les informations demeurent toutefois contradictoires à Diabali, ville située à 400 km au nord-ouest de Bamako et dont des combattants islamistes s’étaient emparés lundi dernier. Plusieurs habitants et une source de sécurité régionale avaient affirmé que des jihadistes avaient abandonné la ville après les bombardements. La localité a été bombardée à plusieurs reprises mardi dernier, par l’aviation française, mais les islamistes ne l’avaient pas pour autant totalement quittée et, selon divers témoignages, ils se faisaient discrets et tentent de se fondre dans la population. Dans cette zone se trouvent un millier de «terroristes» appartenant aux «groupes les plus durs, les plus fanatiques, les mieux organisés, les plus déterminés et les mieux armés», selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Il convient de noter par ailleurs que plus de 1 800 soldats français sont ainsi déjà présents au Mali, un chiffre qui devrait prochainement atteindre 2 500 hommes, selon Paris. Les premiers éléments de la force d’intervention ouest-africaine (Misma), une centaine de Togolais et de Nigérians, sont arrivés jeudi dernier dans la soirée à Bamako. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a affiché sa volonté d’«accélérer» le déploiement de sa force militaire au Mali. «La guerre qui nous est désormais imposée par le refus des mouvements criminels et terroristes de l’offre de paix suffisamment portée par les efforts de médiation de la Cédéao exige de nous l’accélération du déploiement de la Misma», a déclaré le président de la commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo.

R. I. / Agences

Une Mission onusienne dans le pays

Une équipe de l’ONU s’est rendue samedi à Bamako (Mali) pour entamer ses consultations avec les autorités maliennes dans le but de soutenir les autorités nationales dans leur quête de restaurer l’ordre constitutionnel et l’intégrité territoriale de ce pays, a indiqué le porte-parole de l’ONU, Martin Nesirky. Elle est dirigée par Joao Honwana, Directeur de la division Afrique au Département des affaires politiques de l’ONU, et composée de représentants des Départements d’appui aux missions, des opérations de maintien de la paix, de l’information, de la sûreté et de la sécurité, ainsi que de membres du Bureau du Haut Commissariat aux droits de l’homme. Le rôle de cette mission d’observation est d’engager un dialogue avec les autorités maliennes afin d’obtenir le plein soutien des Nations Unies dans la mise en œuvre de la résolution 2085, aussi bien au niveau politique que sécuritaire.

Renfort nigérian

Le Nigeria va porter à 1 200 le nombre de ses soldats qui doivent être déployés au Mali, au lieu des 900 prévus auparavant. Le président nigérian Goodluck Jonathan a affirmé jeudi dans une lettre au Sénat avoir «approuvé, en concertation avec le conseil de défense nationale, le déploiement de 1 200 éléments des forces armées». Le Sénat nigérian a donné son accord pour l’envoi de ces soldats pour aider la force africaine à chasser les groupes terroristes qui occupent le nord du Mali, selon le sénateur Ita Enang. Ce contingent, a précisé M. Goodluck, sera déployé «pour des missions de combat limitées». Le chef d’Etat nigérian a ajouté que «la sécurité nationale fait face à un danger imminent, en raison de la crise dans le nord du Mali». Cinquante soldats nigérians sont déjà arrivés la veille à l’aéroport international malien de Bamako Sénou.

La France en nombre et en moyens

L’opération militaire française en soutien de l’armée malienne mobilise désormais 1 800 soldats français au Mali ainsi qu’une dizaine d’avions de chasse et autant d’hélicoptères de combat, a indiqué hier vendredi, le ministère de la Défense. L’objectif est d’y déployer progressivement 2 500 soldats. Une soixantaine de véhicules blindés français (chars Sagaie et véhicules de transport de troupes VAB et VBL) de la force Licorne basée à Abidjan était arrivée dans la nuit de lundi à mardi dernier, à Bamako avec environ 200 soldats. Un détachement de ces véhicules est positionné depuis mercredi à Markala, près de Ségou, à 235 km au nord-est de Bamako, pour y sécuriser un pont sur le fleuve Niger. Les Forces spéciales sont également engagées, mais la Défense ne communique pas sur le nombre de ces unités d’élite, dont un détachement est pré-positionné au Burkina Faso.

Augmentation des mouvements de population

Quelque 700 000 personnes supplémentaires pourraient être dans un proche avenir soit déplacées à l’intérieur du Mali soit réfugiées dans les pays voisins suite aux nouveaux combats, selon le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR). Dans une nouvelle planification de ses opérations le HCR estime «que dans le futur proche il pourrait y avoir 300 000 déplacés supplémentaires au Mali et 400 000 réfugiés supplémentaires dans les pays voisins», a indiqué vendredi à la presse la porte-parole Melissa Fleming. Ces chiffres marqueraient une progression extrêmement forte par rapport au recensement actuel des Nations Unies qui a comptabilisé 229 000 déplacés dans le pays et 147 000 réfugiés dans les pays voisins. Certes ces estimations «ne sont pas absolument scientifiques» mais elles sont réalisées par des personnes qui ont une «grande expérience du pays et de ces situations», a indiqué Melissa Fleming.