Au Mali, après un mois d’offensive et de fouilles, les militaires français estiment que le massif du Tigharghar, fief d’Al-Qaïda au Maghreb islamique au sud de Tessalit a été quasiment fouillé dans sa totalité.
Ces derniers jours, les recherches se sont concentrées sur des zones précises. Si l’ennemi reste invisible depuis la chute de la vallée d’Ametetai, les découvertes d’armes et de munitions se multiplient. Toutefois, il faut souligner que certains islamistes multiplient les coups de boutoir et soumettent les populations et les forces de la coalition à une guerre d’usure dans certaines villes telles que Gao, qui a été le théâtre d’une attaque nocturne dimanche dernier, qui a engendré la mort de sept personnes.
«Ils font des attaques ciblées pour effrayer la population et faire planer le spectre d’un retour», précise un colonel de l’armée malienne. Le Mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes islamistes armés ayant occupé le nord du Mali avec Aqmi de la mi-2012 jusqu’à l’opération militaire franco-africaine lancée en janvier, a revendiqué cette attaque. En outre, les gouverneurs de Tombouctou, le colonel Mamadou Mangara et celui de Gao, le colonel Adama Diallo sont de retour dans les deux capitales régionales depuis la semaine dernière.
Jusqu’à présent, les municipalités s’étaient chargées de gérer les affaires courantes. Aujourd’hui, les gouverneurs, les préfets et sous-préfets sont de nouveau aux commandes. La tâche qui leur incombe est immense. Dans ces deux localités, ils auront à préparer le retour des réfugiés et des nombreux déplacés mais aussi l’élection présidentielle prévue d’ici au 31 juillet 2013 à laquelle compte participer l’actuel ministre des affaires étrangères, Tièman Hubert Coulibaly.
La société civile veillera à la transparence du processus électoral
Ainsi, des jeunes issus de différents bords politiques ont procédé au lancement d’une organisation dénommée Réseau des Jeunes des Partis Politiques du Mali (RJPPM)r sous l’égide de la Plate-forme de la fondation centre malien pour le dialogue interpartis et la démocratie (CMDID).
A travers ce réseau, les jeunes du Mali souhaitent faire entendre leurs voix afin que le pays «organise des élections libres, transparentes, crédibles et apaisées sur toute l’étendue du territoire national en 2013». Ce réseau souhaite contribuer à l’unité nationale, la cohésion du tissu social, promouvoir un cadre d’échanges et de dialogue entre les jeunes des partis politiques, de la société civile du Mali et ceux de la sous-région.
Paris ne versera plus de rançons
Après avoir annoncé la mort de l’otage français Philippe Verdon dimanche, Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a de nouveau menacé de tuer les otages français qu’elle retient et a appelé leurs familles à «faire pression sur le gouvernement français pour qu’il cesse son intervention armée au Mali contre les groupes djihadistes». Dans un message publié par l’Agence Nouakchott Information (ANI), un site mauritanien, et adressé aux familles et au «peuple français», Aqmi affirme que les otages qu’elle retient sont «bien vivants, hormis l’espion Philippe Verdon».
Hier, le quai d’Orsay n’avait toujours pas de confirmation quant au décès de l’otage. Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius n’a toutefois pas caché «l’inquiétude» de Paris. Selon une source proche du dossier, les autorités françaises n’ont «pas de preuve du décès de Philippe Verdon mais le considèrent comme décédé». Interrogé sur le sort des cinq autres otages encore détenus par Aqmi, Laurent Fabius s’est refusé à toute précision.
Evoquant cette guerre lancée le 11 janvier, il a martelé que Paris n’allait pas arrêter la lutte contre les groupes terroristes. D’après des sources au fait du dossier, l’Elysée doit manœuvrer avec diplomatie et faire face à de nouvelles donnes. «D’une part, ne pas financer les activités terroristes par le biais de rançons, et d’autre part, ne pas transformer chaque citoyen français en cible potentielle et en valeur vénale», a expliqué cette source. Reste qu’en matière d’otages, le pragmatisme reste de rigueur.
S. B. / Agences