Le Président burkinabé pousse à une solution négociée alors que se prépare une intervention armée africaine, qui attend l’aval de l’ONU.
Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, recevra, en effet, pour la première fois ensemble, des émissaires du pouvoir malien et des groupes armés Ansar Dine et MNLA, à «16h 00 (locales et GMT)», a annoncé à l’AFP la présidence burkinaise. Depuis plusieurs mois, M. Compaoré «a beaucoup discuté avec les uns et les autres dans le cadre de séances préparatoires. Je crois que le moment est venu de passer à une autre phase, c’est pour cela que nous sommes là», a expliqué le chef de la diplomatie malienne. «Nous aboutirons», a-t-il encore assuré. Il s’est cependant montré prudent sur les discussions de ce mardi : elles doivent, selon lui, seulement permettre d’examiner «les possibilités d’amorcer un dialogue». Des représentants d’Ansar Dine, l’un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, et de la rébellion targuie du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) sont arrivés ce week-end dans la capitale burkinaise en vue des premières discussions avec les représentants du pouvoir malien. La délégation de Bamako, emmenée par le ministre des Affaires étrangères Tiéman Coulibaly, a rappelé ses conditions pour un dialogue, après son entretien avec M. Compaoré. «Nous agissons dans le cadre de la Constitution du Mali : la République est indivisible et elle est laïque, et, à cet égard, les revendications indépendantistes et autres, les tentatives d’installer une confession et une loi par la force ne peuvent pas prospérer au Mali», a souligné M. Coulibaly devant la presse.
Mouvement surtout composé de Touareg maliens, Ansar Dine occupe le nord du Mali avec deux autres groupes islamistes, Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ils appliquent très strictement la charia (loi islamique) dans la région. Rébellion targuie laïque et prônant l’autodétermination du Nord malien, le MNLA a été évincé en juin dernier, de la région par les islamistes avec lesquels il avait mis en déroute l’armée malienne au début de l’année. Il reste toutefois considéré comme un acteur-clé. Il convient de rappeler qu’une délégation du gouvernement malien a été reçue, hier, lundi, par M. Compaoré. Si les discussions de Ouagadougou aboutissaient, une éventuelle opération militaire ne devrait viser que les groupes «terroristes» occupant le nord du Mali, Aqmi et le Mujao. Mais certains à Bamako refusent tout compromis avec Ansar Dine et le MNLA.
R. I. / Agences
Mise en garde contre toute intervention militaire précipitée
Le commandant des Forces américaines en Afrique (Africom), le général Carter Ham, a mis en garde, hier, lundi, contre toute intervention militaire précipitée au Mali. Dans une intervention consacrée à la lutte contre le terrorisme en Afrique présentée devant un think tank américain à Washington, le patron d’Africom a réaffirmé que la négociation était «la meilleure voie» pour résoudre la crise malienne et que si une action militaire devenait nécessaire, «elle ne doit pas être menée de manière prématurée». Le général Ham a observé que les «liens idéologiques» entre les différents groupes terroristes étaient devenus des «liens opérationnels», en citant Al-Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), Al-Shabaab en Somalie et Boko Haram au Nigeria.