Bamako et Washington ont franchi un cap décisif dans un partenariat qui met en adéquation le défi sécuritaire et les exigences d’une bonne gouvernance.
La démarche, qui marque, selon le ministre des Affaires étrangères duMali, Abdoulaye Diop, « une nouvelle étape dans la coopération bilatérale », a été concrétisée par la signature, samedi dernier à Bamako, d’un « plan d’action commun » qui s’appuie sur l’Initiative sur la gouvernance en matière de sécurité (SGI), dotée d’un budget initial de 65 millions de dollars et lancée conjointement par le président américain, Barack Obama, le président malien, Ibrahim Keïta, et cinq autres dirigeants africains, lors du sommet des leaders africains tenu en 2014 aux Etats-Unis. Il s’agit, aux yeux du chef de la diplomatie malienne, d’une « opportunité réelle » offerte pour les 6 pays (Ghana, Kenya, Mali, Niger, Nigeria et Tunisie) d’améliorer la gouvernance dans le secteur de la sécurité, de renforcer les capacités des pays bénéficiaires « afin de leur permettre de répondre aux besoins sécuritaires, de prévenir les conflits et de contrer les activités terroristes ». S’agissant du cas d’espèce du Mali, le programme pluriannuel cible trois domaines d’intervention précis qui privilégient les secteurs sensibles de la justice, de la défense et de la sécurité (police nationale) pour mieux adapter les ressources financières aux besoins opérationnels, participer aux efforts de recrutement et d’amélioration de la gestion de la police malienne et renforcer le système judiciaire appelé en conséquence à faciliter « l’accès équitable à la justice par tous ».
Pour ce faire, souligne le représentant américain, l’ambassadeur Paul Folmsbee à Bamako, une véritable radioscopie a été établie pour « identifier les besoins du secteur de la sécurité au Mali, les capacités de ce secteur et les solutions créatives pour répondre à ces besoins avec les moyens existants ». Toutes les institutions concernées, du département d’Etat à celui de la justice, en passant par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), seront, en coordination avec les ministères maliens concernés (Affaires étrangères, Sécurité et Protection civile, Justice et Droits de l’Homme, Défense), mobilisés pour défendre les priorités sécuritaires. Cette approche conforte les acquis de l’Accord d’Alger
« pour la paix et la réconciliation », signé en juin dernier par le gouvernement et les différents protagonistes pour favoriser le retour à la stabilité et faire front contre le terrorisme multipliant les attentats-suicides dont la récente attaque contre l’hôtel Radisson Blue de Bamako ( 21 morts) perpétrée le 20 novembre a été la plus meurtrière. Dans la poudrière du Nord, hanté par les groupes terroristes, le difficile pari de la paix porte l’engagement résolu de la communauté internationale payant un lourd tribu au combat sans concession contre le terrorisme destructeur. En deux ans, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) dont le mandat a été prolongé en juin pour accompagner l’Accord d’Alger, été confrontée à une vague d’attentats qui ont fait 42 morts et 166 blessés. La bataille pour la paix vaut tous les sacrifices et une solidarité à toute épreuve pour déloger les filiales de Daech du sanctuaire malien.
