Ansar Dine, l’un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, a solennellement proclamé hier à Ouagadougou son rejet du «terrorisme» et appelé au dialogue, alors que se prépare une intervention militaire africaine.
Ansar Dine rejette toute forme d’extrémisme et de terrorisme et s’engage à lutter contre la criminalité transfrontalière organisée», indique une déclaration lue par un membre de la délégation du groupe présente à Ouagadougou depuis le 2 novembre, et reçue par le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur pour l’Afrique de l’Ouest.
Cette déclaration marque un tournant car elle affiche une prise de distance d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) avec ses alliés jihadistes d’Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), avec qui il contrôle le nord du Mali depuis sept mois.
Ces trois groupes y imposent la charia (loi islamique) de manière très rigoriste (lapidations de couples non mariés, amputations de présumés voleurs…) et y commettent de nombreuses exactions. Tout en saluant les engagements pris par les islamistes d’Ansar Dine, le chef de la diplomatie burkinabè, Djibrill Bassolé, a souhaité qu’ils aillent «au-delà de la déclaration d’intention». Il faut que les groupes armés du Nord malien «s’abstiennent d’actes et d’exactions qui prennent l’allure de provocations inutiles», a-t-il insisté, alors qu’Ansar Dine n’a pas fait référence à la charia et a seulement évoqué le «respect des droits et des libertés fondamentales». De son côté, un responsable de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ibrahim Ag Assaleh, a depuis Ouagadougou «félicité» Ansar Dine pour s’être «démarqué du terrorisme», et a lui aussi réclamé le dialogue. Laïc et prônant l’autodétermination, le MNLA avait été évincé de la région par les islamistes.
Mais il est largement considéré comme un acteur d’une éventuelle solution négociée. Ansar Dine, surtout composé de Touareg maliens comme son chef Iyad Ag Ghaly, alors que les groupes jihadistes sont taxés d’ «étrangers», a exhorté à ouvrir sans délai un «dialogue politique inclusif», à l’adresse des autorités maliennes de transition comme des autres groupes armés.
En vue d’un «accord global de paix», il a «recommandé» à M. Compaoré «la mise en place d’un cadre de dialogue» associant Bamako, les «mouvements armés maliens», l’Algérie et d’autres partenaires internationaux. Il s’est enfin engagé à «un arrêt total des hostilités» et a appelé «l’ensemble des mouvements armés» à l’imiter.
RI.AFP