« Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar Dine, serait prêt à négocier un éventuel retour de l’Etat, de l’administration, dans le Nord », selon les premières conclusions présentées au président Dioncounda Traoré et à son Premier ministre Cheick Modibo par la « coalition pour le Mali », un mouvement apolitique qui a effectué plusieurs missions à Gao, Tombouctou et Kidal pour engager des discussions avec les groupes armés.
Mais s’il est visiblement prêt à négocier des questions politiques et stratégiques via des émissaires avec Bamako, Ag Ghali n’oublie pas sa stratégie militaire : il s’entraîne régulièrement avec ses hommes au maniement des armes près de Kidal. Oumar Hamha, son numéro deux, joue à celui qui incarne l’unité nationale et la défense du Mali et de sa souveraineté.
« L’organisation d’Ansar Dine est prête à exporter la guerre dans les capitales des pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest si celle-ci envoie ses troupes au nord Mali, que nous avons rebaptisé Etat islamique de l’Azawad », dit-il. Cette disponibilité aux retrouvailles avec le Sud du pays affichée à quelques jours d’une réunion du Conseil de sécurité sur le Mali prévue en septembre, est portée par tous les Maliens, ou presque. Y compris par l’armée qui est marginalisée par la communauté internationale et chef de l’Etat qui a annoncé la création d’une commission nationale chargée de mener les discussions avec les groupes armés du Nord. Certains, comme les membres du Haut conseil islamique et l’association Jeunesse sympathisants et ressortissants du Nord semblent avoir compris les attentes de la majorité silencieuse.
Ils se sont découvert des « aptitudes » à prendre contact avec les parties en conflit pour les convaincre de faire l’économie d’une guerre « souhaitée » par la Cédéao. Même si cette organisation régionale n’a jamais su préciser, malgré le nombre de ses réunions au sommet, l’objectif de l’éventuelle intervention de sa force en attente. Seule fausse note dans cette envie des Maliens de se retrouver : Oumar Ould Hamaha, le chef du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest. Il serait « prêt, selon la presse malienne, à combattre avec ses camarades, toute troupe qui tentera de franchir la frontière de l’Azawad sans leur consentement ou qui n’épouse pas leur mission ».
Autre fausse note : émergence de dissonance au sein des groupes armés. Senda Ould Bouamama, porte-parole et chef d’Ansar Eddine à Tombouctou, affirme que son mouvement est prêt à combattre n’importe quelle force qui tenterait de s’opposer aux projets des islamistes. « L’application de la chari’a est une obligation divine pour tout musulman, que cela choque certains ou pas n’est pas notre souci », dit-il. Une détermination qui ne semble pas au goût du Mouvement national pour la libération de l’Azawad à qui on prête une envie de laver, dès que possible, l’affront subi par ses éléments lors de l’attaque de Gao d’où il a été délogé.
Djamel B.