Deux groupes islamistes armés contrôlant depuis cinq mois le vaste nord du Mali sont conscients «qu’ils ne peuvent pas remplacer l’Etat» dans ces zones.
«Cinq mois après le retrait forcé de l’Etat, de tous les services étatiques, des ONG et des partenaires, il existe dans les régions occupées un fort besoin d’Etat», affirme la Coalition pour le Mali (CPM) dans un rapport de ses émissaires dépêchés du 17 au 24 août à Kidal, Gao et Tombouctou, capitales des régions administratives formant le Nord.
Dans son rapport, la CPM fait état d’ «un fort besoin d’Etat» constaté par ses délégations lors de leurs missions dans le Nord, où ils ont rencontré des représentants des populations et les dirigeants d’Ansar Dine et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), autre groupe islamiste armé.
Un des émissaires de la coalition, Mohamed Mahmoud El Oumrany, a assuré à l’AFP à Bamako que le mouvement islamiste armé Ansar Dine, maître à Tombouctou, est «d’accord pour le retour de l’Administration» dans cette région. Aucun responsable d’Ansar Dine n’avait pu être joint hier à ce sujet. Selon lui, ils ont «regretté les abus observés sur le terrain» au nom de la loi islamique et «ont même présenté des excuses à ceux qui ont été brimés au nom de la charia».
Toutefois, les émissaires de la CPM «ont perçu que les populations ne regrettent guère les préfets, les juges, les gendarmes, les policiers et tous ceux qui incarnent les services de l’Etat tels que les Affaires économiques, les impôts, les douanes, les eaux et forêts» notamment.
D’après le rapport, les dirigeants d’Ansar Dine et du Mujao ont de leur côté manifesté «une forte disponibilité pour le dialogue», ils «ne remettent pas en cause l’intégrité du territoire malien» mais maintiennent «leur volonté d’instaurer et de faire respecter la «loi de Dieu», au nom de laquelle plusieurs brutalités ont été commises récemment. «Des échanges avec les principaux responsables» de ces deux groupes, «il est ressorti que les voies du dialogue peuvent et doivent être explorées», estime la CPM.
Elle précise que, «à aucun moment», ses émissaires dans le Nord «n’ont eu de contact avec Al-Qaîda» au Maghreb islamique (Aqmi), dont des hommes sont également présents dans le Nord. A Tombouctou, elle «a été informée de la présence en ville» de ses «émirs (chefs) Mokhtar Belmokhtar et Abdelhamid Abou Zeïd». La coalition appelle à «ouvrir, au plus vite, le dialogue» avec les islamistes et invite l’Etat à «explorer toutes les possibilités de restaurer la stabilité et la paix» au Mali.
La CPM, créée fin mai, regroupe de nombreuses associations et partis politiques voulant agir «pour recouvrer l’intégrité du territoire national».
R. I. / Agences