«Ce n’est pas notre bras qu’ils ont coupé, c’est notre vie qu’ils ont enlevée». La vie de Souleymane et Moctar est devenue un calvaire depuis qu’ils ont été amputés d’une main au nom de la charia par les islamistes qui contrôlent depuis huit mois le nord du Mali. Agé de 25 ans, un béret noir vissé sur la tête, Moctar Touré s’exprime la tête baissée.
Quatrième enfant d’une fratrie de huit, il explique que sa «nouvelle vie» est à jamais hantée par le jour où sa main droite a été coupée. «Ce jour-là, les islamistes ont caché ma tête dans une couverture. Un docteur est venu me faire une piqûre. On m’a bandé les yeux, et avec un couteau, on m’a coupé la main droite», souffle-t-il. Agé d’une vingtaine d’années, Souleymane Traoré est, pour sa part, encore sous le choc. Amputé une semaine après Moctar, il ne veut plus raconter la scène.
Mais il tempête sur un point : il est sûr que sa main coupée a été revendue par les jihadistes pour en faire des fétiches. Ils étaient tous deux chauffeurs routiers.
Les deux hommes sont désormais hébergés chez des parents à Bamako, où leur quotidien se résume au repos et à la télévision. Ils n’ont plus aucune ressource parce qu’un chauffeur qui n’a pas ses deux mains «n’est plus un chauffeur», mais ils veulent rester «dignes».