Des opérateurs poussent leurs pions dans un environnement contraignant
La nouvelle réglementation de la Banque d’Algérie ouvre désormais la possibilité aux opérateurs algériens d’investir à l’étranger. La loi sur la monnaie et le crédit consacrait cette liberté. Mais rares sont les sociétés algériennes qui ont pu, ces dernières années, obtenir le feu vert de la Banque centrale pour s’implanter à l’étranger.
Aujourd’hui, nous avons des pionniers : Sonatrach et Cevital ayant des actifs à l’internationale. Suit un groupe d’entreprises privées qui, depuis plusieurs années, exportent leurs marchandises à l’étranger. Certaines ont déjà leurs comptoirs commerciaux notamment en Tunisie. La nouvelle législation sur l’investissement à l’étranger leur permet d’aller plus loin : prise de participation dans une société à l’étranger, création de succursale, de bureau de liaison.
Bémol, l’Algérie, dans ce domaine, reste très en retard par rapport à ses pays voisins. La nouvelle réglementation consacre en fait une ouverture partielle. Ses conditionnalités, qui manifestent une attitude prudentielle par rapport au risque de fuite de capitaux, de blanchiment d’argent et autres manœuvres irrégulières, restreignent l’éligibilité des opérateurs nationaux au transfert de capitaux destinés à l’investissement à l’étranger. Il faut d’abord être exportateur et avoir
cumulé des montants à l’exportation assez conséquents pour pouvoir saisir des opportunités d’acquisition d’entreprises en faillite à l’étranger.
En dépit des limites de cette réglementation, des entreprises comme NCA et Condor envisagent de s’implanter en Afrique, en particulier au Soudan et au Bénin. Leur activité d’exportation en Afrique servira de tremplin à leurs investissements sur le continent Noir. Cevital, elle, à travers la reprise en France de sociétés en faillite, compte acquérir le savoir-faire, s’ouvrir de nouveaux marchés et consolider sa plateforme de production locale. De quoi créer de milliers d’emplois en Algérie et développer les exportations hors hydrocarbures du pays.
La voie est donc ouverte pour un nombre plus important d’entreprises privées d’assurer leur croissance à travers des implantations ou des investissements à l’étranger. Mais sans un accompagnement de l’État pour faciliter ces opérations, il est vain de s’attendre à un développement rapide des entreprises nationales à l’étranger. Un paradoxe dans une conjoncture de baisse des prix du pétrole, en un mot, dans une période très sensible où l’Algérie a besoin plus que jamais de diversifier son économie, de développer ses exportations hors hydrocarbures et d’exploiter d’autres alternatives pour financer son développement.
k. R.