Alors qu’ils s’attendaient à récupérer l’équipement de la filiale EvCon retenu au port sec de Boudouaou depuis juillet dernier, les responsables de Cevital ont dû déchanter, hier matin, en apprenant qu’ils n’en ont pas encore fini avec la “séquestration” de ce matériel, décidée et maintenue à ce jour, malgré deux décisions de justice.
“Nous avons appris ce matin, au moment où nous nous apprêtions à sortir de la douane la machine EvCon DL 2300-A5, en application d’une décision de justice, qu’elle fait l’objet d’une nouvelle mesure de rétention”, a annoncé, hier, le groupe cevital dans un tweet, avant de s’interroger : “Qui veut priver l’Algérie de cette industrie du futur et pourquoi ?” Des questions qui se posent, en effet, avec acuité, sachant que ce “litige” était supposé définitivement réglé par voie de justice.
Une première décision de justice, basée sur les conclusions d’une série d’expertises ordonnées par le tribunal, avait enjoint à la direction des douanes de libérer le matériel concerné, une presse à panneaux sandwiches destinée à une usine de fabrication de membranes suivant une technologie innovante et inédite qu’EvCon a mise au point et qu’elle compte utiliser dans ses futurs centres de production d’eau ultrapure. La direction des douanes, au lieu d’exécuter cette décision de justice, a saisi le tribunal une nouvelle fois pour obtenir un arrêt d’exécution de ladite décision. Cette demande ayant été rejetée jeudi dernier, l’équipement devait être récupéré hier pour être acheminé à l’Arba, dans la wilaya de Blida, où est prévue son installation.
À la surprise des responsables d’Evcon et de Cevital, ils apprendront sur place que l’équipement devra demeurer encore au port sec de Boudouaou, alors même que les expertises techniques avaient alerté sur les risques de détérioration qu’il risque de subir s’il devait rester exposé aux intempéries, en soulignant l’urgence de son installation sur le site de production.
Cet énième rebondissement que connaît cette affaire qui défraye la chronique, et qui porte un coup terrible à l’image du système de gouvernance de notre pays et à ses institutions, prouve, si besoin est, que Cevital et ses filiales font l’objet d’un acharnement qui, tout compte fait, n’échappe désormais à personne. Difficile, dans ces conditions, de ne pas se rendre à l’évidence : cet acharnement dont les instigateurs et les exécutants ne s’encombrent même plus de l’obligation de respecter les décisions de justice est le fait d’une “main invisible” qui tire sa capacité de nuisance de sa proximité de décideurs occultes, forcément maffieux, non moins invisibles, mais que la vox populi a fini par identifier.
R. N.