Le ramadhan coïncide désormais et pour quelques années encore avec les congés et les vacances. Ce qui signifie d’emblée une baisse d’activité.
Mais est-elle pour autant préjudiciable aux entreprises dont les chantiers ne s’arrêtent pas comme on le voit ? Que ce soit dans le domaine du bâtiment, du réseau routier ou autre, «il y a des échéances qui sont prises en compte par tout opérateur», souligne ce chef d’entreprise. Pour lui, les réaménagements d’horaires qui sont introduits durant le mois de ramadhan ne visent qu’un «allégement qui tient compte de la baisse de productivité», ajoute-t-il. D’autres facteurs entrent en jeu aussi, plus particulièrement les congés des fournisseurs, l’entrée en phase de rénovation et de maintenance des équipements. «Non, explique-t-il, le ramadhan n’est pas le seul facteur de baisse de productivité». «Quand on a un plan de charges à respecter comme les grandes laiteries, on le fait et on double même la cadence», dit-il
Le secteur des hydrocarbures, le poumon de l’économie, est l’exemple est le plus frappant de cette continuité vitale. Un cadre de Sonatrach nous explique que dans les zones de production c’est «le régime H/24 qui prime», car, ajoute-t-il, «il y a des engagements et des livraisons contractuels à assurer». Pendant l’été, il est vrai, pour le marché du gaz, il y a une baisse de la demande «mais nous faisons de la réinjection des surplus». De plus, cette période est mise à profit pour «les opérations de rénovation et de maintenance», a-t-il précisé.
Chez certains industriels, cependant, on tient compte de la «réactivité par rapport à certains travaux pénibles qui peuvent induire des accidents dommageables pour le travailleur et l’entreprise» D’où «une baisse d’activité programmée», dit-on.
BOULANGERS, PRODUCTEURS DE LAIT, ÇA TOURNE À PLUS DE 100%
Pour maintenir ce rythme de travail et tenir compte en même temps des impératifs du mois sacré, des entreprises ont essayé «de réaménager leur système de travail pour opérer beaucoup plus de nuit», nous dit un grossiste. Pour ce dernier, «ce sont nos clients qui nous l’ont demandé». La fluidité de la circulation a été pour beaucoup dans ce choix. A vrai dire, la question de la productivité des entreprises pendant le ramadhan a toujours été posée, à savoir si le jeûne qui suppose absentéisme et retard n’en est pas la raison principale.
Une étude globale, datant de quelques années, a réussi à tirer des conclusions intéressantes à savoir que dans le monde arabe, pendant le mois de ramadhan, la productivité enregistre une baisse de 73,3%. Celle-ci ajoute, par ailleurs, que le nombre d’accidents de la route est multiplié par trois. On ne sait pas si l’étude a ciblé beaucoup plus le secteur touristique, où il est vrai l’activité est carrément freinée pendant la période de jeûne. Mais par ces temps de grandes chaleurs, en plus du facteur d’abstinence, il est inconcevable de garder le même rythme de travail dans un grand complexe sidérurgique par exemple où les conditions sont difficiles. Cependant, ce constat n’est pas à généraliser.
On ne saurait mesurer cette productivité chez nous sans passer par le marché qui atteste au vu de la disponibilité des denrées alimentaires, viandes et légumes qu’il y a, tout au contraire, un régime de travail à 100% pour ne pas dire plus. Le secteur tertiaire fait assurément, en cette période bénie, de mirobolantes affaires.
Alors autant dire que la frénésie qui s’empare de nos marchés de gros, abattoirs, stations de taxi témoigne plutôt d’une chose, à savoir que le ramadhan n’est en aucun cas l’occasion d’un moment de farniente.