Les postiers rejettent en bloc l’accord conclu, dimanche dernier, entre leur tutelle et la Fédération des postiers, affiliée à l’UGTA.
La grève illimitée initiée par les travailleurs des bureaux de poste se poursuit toujours. Les postiers de la capitale n’ont donc pas assuré de service hier, malgré l’annonce du ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la Communication, Moussa Benhamadi, d’une augmentation de 30% de leurs salaires. Les postiers rejettent en bloc l’accord conclu, dimanche dernier, entre leur tutelle et la Fédération des postiers, affiliée à l’UGTA. Les travailleurs du secteur des postes, non représentés par aucun syndicat, hissent la barre plus haut et exigent désormais une augmentation de 70% du salaire.
Les grévistes demandent du concret dans l’immédiat. Hier, tous les bureaux de poste de la capitale ont été paralysés par ce débrayage. Que ce soit à Alger-Centre, Hussein Dey, Bab Ezzouar ou Reghaïa, les guichets de poste ont été désertés. Les quelques distributeurs automatiques mis en place sont loin de satisfaire les 13 millions de clients d’Algérie Poste. La colère des citoyens a atteint son paroxysme dans certains bureaux de poste. La Grande Poste, située en plein centre de la capitale, a été prise d’assaut par des citoyens. Mais, aucun d’eux n’a pu retirer son argent. Même le service minimum n’a pas été assuré. Une centaine de travailleurs de différents bureaux de poste d’Alger se sont rassemblés devant l’entrée principale : «UGTA dégage !» «Nous ne voulons aucun syndicat», «l’UGTA ne nous représente pas», lit-on sur des pancartes accrochées aux murs de cet édifice. Les travailleurs ne croient plus aux promesses de la tutelle d’augmenter leur salaire de 30% avec effet rétroactif à partir de janvier 2008. «On n’a rien reçu. Absolument rien. Ce ne sont que de promesses sans lendemain.
Il (le ministre) nous a promis déjà d’augmenter nos salaires, mais rien n’a été fait. On ne fait confiance à personne. Nous exigeons du concret et pas des déclarations à la presse», dit un groupe de postiers qui affiche leur détermination à poursuivre le mouvement de protestation. «Cette augmentation est une provocation pour nous, voire une défaite», nous déclare un employé. Pour les citoyens, c’est la galère. «Nous sommes tous solidaires avec les travailleurs. C’est leur droit de revendiquer un salaire digne. Mais pas au détriment des clients qui sont privés de leur propre argent», martèle une quinquagénaire, qui n’a pas pu accéder à sa maigre pension depuis le début de la grève des postiers. «Les postiers doivent comprendre que nous sommes les seuls victimes de ce débrayage. Les dirigeants de ce pays n’ont pas de compte CCP.
Je vous assure que je ai aucun sou avec moi, même pas de quoi prendre le bus chaque matin pour rejoindre mon lieu de travail», déplore un fonctionnaire. Ici, quelques clients pressés et très irrités s’en prennent violemment aux agents postiers. «C’est pas du tout mon problème. Je n’ai rien à faire de vos revendications. Moi je veux mon argent tout de suite», crie un jeune fonctionnaire en face d’un postier qui l’observait de loin. Les postiers qui en sont à leur onzième jour de débrayage, leur grève ayant commencé le 28 mai sans préavis, dénoncent le non-respect des accords de 2003 signés avec le gouvernement et revendiquent leur application immédiate. La tutelle, dans une tentative d’apaisement, a décidé d’augmenter le salaire des postiers de 30%. Une revalorisation qui semble ne pas satisfaire les travailleurs. La tutelle a fixé le 24 juin comme date butoir pour répondre favorablement aux revendications des postiers. Les travailleurs de la poste exigent une revalorisation de 75% de leur salaire avec effet rétroactif au 1er janvier 2008 et réclament en outre une prime de rendement individuelle et collective ainsi qu’un avancement et un positionnement de grade en fonction de la compétence.
Marche et sit-in
Les postiers de la wilaya de Béjaïa ont battu le pavé hier. Ils ont marché depuis la recette principale sise au niveau de l’ancienne ville, empruntant le boulevard de la liberté pour aboutir à leur point de chute qu’est la direction d’«Algérie poste» de la wilaya où ils ont tenu un rassemblement de protestation. Cette action, première du genre, intervient après 11 jours de grève du personnel des postes qui veulent interpeler leur tutelle sur la non-prise en charge de leurs revendications et rejeter le délai fixé pour la satisfaction de leur plateforme de revendications, fixé au 25 juillet. Les postiers exigent de leur tutelle de fixer un délai avant le 15 juin, soit avant la sortie des travailleurs en congés annuels.
Les protestataires ont revendiqué une nouvelle fois une augmentation salariale conséquente, un régime indemnitaire à la hauteur de leur mission, le renforcement des postes en personnels, la réduction du temps de travail et un week-end de deux jours, une meilleure prise en charge du volet sécuritaire, le versement des rappels et des primes, la régularisation des carrières des travailleurs par les avancements dans les échelons selon la réglementation, etc. Hier, ils ont menacé de maintenir la pression tant qu’un engagement écrit ne leur est pas parvenu.
Par Hocine Larabi