Malgré ses potentialités touristiques et industrielles, Hammam Dalaa (M’sila) rate le coche du développement

Malgré ses potentialités touristiques et industrielles, Hammam Dalaa (M’sila) rate le coche du développement

Lors de notre courte visite dans ces lieux, il nous a été permis de constater de nombreuses difficultés auxquelles fait face la population locale.

Hammam Dalaa, la capitale du ciment, croule sous le poids de la pauvreté. Aucun projet d’envergure n’est inscrit pour son développement. Entourée par les monts rocheux de Bouhlal et Djedoug, deux noms de saints, la bourgade de Hammam Dalaa, chef-lieu de daïra, bâtie dans une cuvette, est traversée par l’oued Hammet.

Bien qu’elle soit entrée en activité il y a de cela plus de dix ans, la cimenterie Lafarge, théoriquement exonérée de l’impôt pour une période de dix ans au titre des lois sur l’investissement, ne verse, à ce jour, aucun impôt.

Aussi, si le site industriel ne profite, en fin de compte, qu’aux barrons du ciment, le bain thermal de Hammam Dalaa demeure à l’état primitif.

Lors de notre courte visite dans ces lieux, il nous a été permis de constater de nombreuses difficultés auxquelles fait face la population locale.

La première chose qui saute aux yeux est le mauvais état dans lequel se trouvent les routes de cette région. En effet, celles-ci sont carrément impraticables à cause de la circulation incéssante des camions transportant plusieurs tonnes de ciment. Par ailleurs, le seul jardin public est complètement endommagé. Ses bancs sont arrachés, ses plantes délaissées et sa clôture complètement détruite. A voir ces lieux, on ne peut qu’être intrigué. Renseignements pris, «après l’assassinat d’un jeune homme dans ce jardin en 2010, les autorités locales ont décidé de démolir sa clôture et de l’abandonner complètement».

Mais ce qui marque le plus, c’est ce désespoir qui ronge l’âme des jeunes de Hammam Dalaa qui ne rêvent, en réalité, que de décrocher un poste de travail dans leur site industriel.

Chakeur, un jeune homme de vingt et un ans, diplômé en électricité, nous a raconté son désarroi : «Je rêve de partir avec les harragas en Espagne. Pour décrocher un travail, il vous faut de l’argent. L’usine n’est qu’une «chiâa» (réputation sans valeur).

Et d’ajouter avec regret : «Si vous deviez vivre ici un mois, vous finirez par fuir les lieux. J’ai bénéficié d’un minicrédit de dix millions de centimes que j’ai investi dans un projet.

Un mois après, on vient me réclamer le remboursement. Maintenant, je n’ai même pas 100 dinars pour me payer des séances sportives à la maison de jeunes.» A Hammam Dalaa, les jeunes que nous avons abordés ont le sentiment d’être victimes d’une politique d’embauche ségrégationniste.

A chaque fois qu’on leur pose la question sur la cimenterie, le même refrain se fait entendre : «Les étrangers». Et par étrangers, sous ce ciel, on désigne, assurément, ceux qui sont venus du nord du pays. «Des Oranais, des Kabyles, etc.». Hichem, au chômage, assis par terre à l’ombre d’un faux poivrier, dans «le jardin du crime», tirant sur une cigarette, nous confirme : «Pas de travail ! Seuls les étrangers y ont accès.» Pour ces jeunes, ceux qui se sont enrichis par le ciment, investissent loin de leur région. Parfois, à l’étranger même.

Outre les grandes marques de voitures, des noms de personnes ayant acquis des biens immobiliers en Espagne, en Croatie, voire en Amérique, circulent de bouche à oreille.

D.B