Malgré l’interdiction de la concession : Les loueurs de parasols dictent leur loi

Malgré l’interdiction de la concession : Les loueurs de parasols dictent leur loi

Lejour2 (8).jpgAu niveau de nombreuses plages algéroises, les estivants se trouvent dans l’obligation de payer un parasol et/ou une table et des chaises même s’ils figurent dans leurs bagages.

Cela se passe au moment où les autorités ont décidé de durcir le ton avec ceux qui ne respectent pas strictement les instructions du cahier des charges relatives à la location du matériel sur les plages.

Jadis, les villes côtières telles que Alger, Béjaïa, Annaba… étaient parmi les terrains les plus mouvementés par l’activité maritime de la piraterie. Très loin de l’âge d’or de la piraterie maritime, certains Algériens renouent de temps à autre avec ces anciennes histoires du bassin de la Méditerranée.

Il ne s’agit pas de piratage de logiciels informatiques pour lequel l’Algérie est classée 3e pays pirate au monde, mais d’un phénomène de squat des plages qui s’est répandu en pleine saison estivale. En effet, la saison estivale 2010 ne dénote aucune organisation ou bonne gestion des plages (la saison estivale est synonyme de plage en Algérie).

Il a été décidé, avant le coup d’envoi de la saison estivale en cours, que la concession des plages sera permise uniquement aux professionnels et que les cahiers des charges soient respectés. Une aventure qui s’est avèrée ratée quelques jours seulement après l’ouverture de la saison estivale. Au niveau d’Alger, les services de la Gendarmerie nationale ont saisi le matériel au niveau de de certaines plages où la location du ne respecte pas les règles arrêtées dans le cahier des charges.

Ce dernier stipule que le bénéficiaire de la concession d’une plage doit strictement respecter le cahier des charges. Il y a loin entre la loi et la réalité du terrain. Surtout que les plages constituent l’un des endroits les plus prisés par les vacanciers et engendrent une concurrence de commerçants occasionnels qui ne respectent pas la loi.

En plus des gardiens des parkings, les plages algéroises ont, depuis quelques années, leurs gardiens de parasols, de tentes, de tables et de chaises, ou de plage tout court. Dans leur royaume, «les vacanciers sont les bienvenus mais pas leurs chaises et parasols». Vers 10 h, les parasols des «chefs» de plage sont déjà plantés comme des champignons, l’un à coté de l’autre, occupant l’espace entier de la plage.

Pas la peine que les vacanciers se dérangent pour ramener le parasol et le transat, puisqu’ils sont obligés de les louer sur place. Une place au bord de la mer signifie une table, des chaises et un parasol ou une tente. Le coût de ces accessoires diffère d’une plage à l’autre, le matériel est proposé de 500 à 1 000 DA. Au niveau de la wilaya de Tipasa, une tente est proposée à 700 DA, après quelques minutes de négociation, le jeune propriétaire finira par la louer à 500 DA.

S’agissant des parkings, bien que certaines APC aient décidé de réserver aux estivants des espaces de stationnement gratuits avec un accès gratuit à la plage, ces deux endroits finissent toujours par être envahis par les gardiens des lieux. Les estivants de leur côté déplorent le manque d’organisation et de contrôle sur le terrain. «Dieu nous a offert un très beau pays, mais nous avons du mal à le contempler avec un laisser-aller pareil.

Chaque année c’est la même histoire de désor-dre faute de stratégie de gestion et de tourisme», regrette un père de famille. Et d’enchérir : «Il est rare de trouver des sanitaires et des douches au niveau des plages. Mais les parasols et les chaises sont disponibles et obligatoires pour celui qui désire poser ses pieds dans l’eau.

Expliquant à un «chef» de plage que les parasols et chaises devraient être proposés et pas imposés, ce dernier ma répondu qu’il travaille avec une autorisation officielle prétendant que cette dernière lui ouvre droit d’envahir toute la plage avec ses parasols. Certains estivants refusent quand même de s’incliner devant les lois des squatters de plage, c’est le cas d’un chef de famille venant de Biskra, accompagné de sa femme et son fils, possédant tous les bagages nécessaires.

Ali a préféré s’installer sans parasol à plusieurs mètres loin des vagues de la mer. «Je vais aller sur une autre plage dans quelques instants, le jeune homme a envahi tout l’espace avec ses parasols pour nous imposer de payer une place, ce que je ne vais pas faire. Je me suis arrêté là pour filmer cette plage puisque je l’aime bien, ensuite je me déplacerais vers une autre, là ou je pourrais installer mon propre parasol» souligne ce Biskri qui ne veut pas céder aux lois des travailleurs occasionnels de la plage.

Les temps de vacances avec ses journées longues et torrides qui pourchassent quotidiennement des centaines de familles pour les jeter au bord des eaux rafraîchissantes de la mer ne sont pas seulement une occasion propice pour les commerçants occasionnels, souvent abusifs, mais aussi une bonne occasion qui rappelle les Algériens, une fois encore, que l’ordre et la bonne gestion des lieux de détente ne sont pas pour demain. Que le tourisme patiente…

Yasmine Ayadi