Malgré l’hémorragie de cadres au sein du régime libyen,Kaddafi criminel

Malgré l’hémorragie de cadres au sein du régime libyen,Kaddafi criminel
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Après le ministre de la justice, c’était au tour du ministre de l’intérieur, le général Abdelvettah Younes Oubeidi, de démissionner de toutes ses fonctions et a proclamé son soutien aux manifestations qui secouent le pays depuis une semaine.

Après le discours menaçant de plus de sang, tenu mardi après-midi par le colonel Kaddafi qui a appelé à la chasse sans merci des manifestants, l’hémorragie au sein du gouvernement et corps diplomatique libyen continue et le nombre de morts s’alourdit.

Ainsi, Kaddafi est en train de mener avec ses fils et ses proches sa guerre contre son peuple alors que le monde commence à prendre conscience «timidement» de la réalité de ce qui se passe dans ce pays en l’absence de médias présents sur place et les différents outils de communication coupés. Le chaos en Libye a continué hier et risque de prendre une tournure dramatique.

En tout cas du côté des officiels libyens, l’effet du discours de Kaddafi n’est pas en sa faveur. Car, après le ministre de la justice, c’était au tour du ministre de l’intérieur, le général Abdelvettah Younes Oubeidi, de démissionner de toutes ses fonctions et a proclamé son soutien aux manifestations qui secouent le pays depuis une semaine. C’est en tout cas ce

qu’a rapporté mardi soir la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera qui dit avoir obtenu un enregistrement sonore de lui.

Dans ce cadre, il a été rapporté que le général Oubeidi a appelé les forces armées libyennes à rejoindre la «révolution» et à accéder aux demandes du peuple.

Il est à préciser que ce ministre démissionnaire avait été évoqué par Kaddafi dans son discours télévisé mardi dernier en tant que «codirigeant» avec lui de «la marche de la Libye et ayant combattu avec lui les Américains et autres ennemis du pays». Kaddafi a prétendu dans son discours que «le général Oubeidi a été arrêté et exécuté par les habitants de Benghazi» deuxième ville située à l’est du pays.

Il est à rappeler que les ministres libyens de la justice et des affaires de la migration, respectivement Mustapha Abdeljelil et Ali Richi, avaient annoncé leur démission lundi du gouvernement de Kaddafi pour protester «contre l’utilisation de la force contre les manifestants».

En outre, un collaborateur de Saïf al Islam Kaddafi a démissionné en signe de protestation contre la violence de la répression des manifestations. Youssef Saouani, dans un message adressé à un correspondant de Reuters a déclaré : «J’ai démissionné de la Fondation Kaddafi dimanche, afin d’exprimer ma consternation face aux violences». Il était le directeur exécutif de cette fondation. L’ambassadeur de Libye en Indonésie, Salaheddine El Bishari, a annoncé hier sa démission.

La famille Kaddafi indésirable au Liban

Même la famille de Kaddafi commence a quitté le pays. A ce titre, l’AFP a rapporté hier, citant un responsable des services de sécurité, que le Liban a refusé d’accueillir un avion privé libyen transportant l’épouse d’origine libanaise d’Hannibal Kaddafi, l’un des fils du dirigeant libyen contesté. «L’aéroport de Beyrouth a reçu dans la nuit de dimanche à lundi une demande des autorités libyennes pour accueillir un avion appartenant à la famille Kaddafi, avec à son bord plusieurs personnes dont Aline Skaff, la femme d’Hannibal Kaddafi, qui est d’origine libanaise. Le ministre libanais des Transports, Ghazi Aridi, a rejeté la demande».

L’est de la Libye aux mains des opposants

En Libye, il a été rapporté que «plusieurs villes de l’Est, notamment Benghazi et Tobrouk, sont désormais aux mains des opposants».

Selon le gouvernement libyen, la répression a fait environ 300 morts. Mais les ONG parlent de 1 000 victimes depuis mardi 15 février, début de la contestation. Un chiffre jugé crédible hier par le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. Le gouvernement italien a décidé de mettre en place un Comité permanent sur la crise libyenne et ses effets possibles sur l’Italie.

L’occident bouge timidement

Comme réactions internationales, celles-ci restent timides et la montée des prix du baril de pétrole, la suspension des exportations libyennes de pétrole et le discours tenu par Kaddafi mardi ont poussé certains à réagir, comme le cas de la chancelière allemande, Angela Merkel qui a jugé le discours de Kaddafi d’«effrayant».

Le conseil de sécurité de l’ONU qui s’est réuni dans la nuit de mardi a demandé «la fin immédiate des violences». Ces membres «ont demandé une aide humanitaire internationale au peuple libyen». Une réunion spéciale du Conseil des droits de l’homme de l’ONU se tiendra vendredi.

Pour l’Union européenne, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a déclaré hier que l’UE «est sur le point de décider de sanctions à l’encontre du colonel Mouammar Kaddafi, après avoir suspendu des négociations sur un accord de partenariat avec Tripoli».

Nicolas Sarkozy a demandé hier «la suspension des relations économiques et financières entre l’Union européenne et le régime du président libyen». Du côté des USA, la pression s’accentue sur le président Obama pour que «les Etats-Unis interviennent en Libye». Et des voix s’élèvent aux Etats-Unis pour demander «l’adoption de sanctions et de mesures immédiates contre le régime Kaddafi, allant du bombardement des aérodromes libyens à une zone d’exclusion de l’espace aérien».

La Grande-Bretagne souhaite que le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une résolution condamnant le recours à la force par le régime libyen contre les manifestants, a déclaré hier le Premier ministre britannique, David Cameron.

La Libye interdite des réunions de la Ligue arabe

Du côté des arabes, le Conseil de la Ligue des Etats arabes a décidé de «geler la participation des délégations libyennes aux réunions de la Ligue et de toutes ses instituions» en guise de protestation contre l’utilisation de la violence contre les opposants à Kaddafi.

Dans un communiqué reçu à APA, la ligue appelle à «l’arrêt immédiat des actes de violence sous toutes leurs formes, au lancement d’un dialogue national, à la satisfaction des doléances légitimes du peuple libyen et au respect de son droit à manifester» et rejette les accusations selon lesquelles des ressortissants de certains pays arabes participeraient aux émeutes.

En outre, il est rapporté qu’un premier groupe de plusieurs milliers de migrants venant de Libye a traversé la frontière tunisienne dans la soirée de mardi. Une annonce faite hier par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Des milliers de personnes fuient la Libye par la route ; Algériens, Marocains, Tunisiens, Libyens… pour se réfugier en Tunisie.

Kaddafi avait menacé mardi, les manifestants «de la peine de mort» tout en citant des articles du code pénal libyen. Il promet «la guerre civile». Il aurait ordonné «la destruction des puits de pétrole»

Par Nacera Chenafi