Même si l’Etat a annoncé l’éradication des marchés informels depuis la saison estivale de l’année écoulée, les marchands ambulants ont fait leur réapparition dans certaines localités de la capitale.
La décision d’interdiction de cette activité a été décidée par les pouvoirs publics, suite à une étude sur le commerce informel à travers le pays. Ainsi, au niveau de la cité frères Achouri, dans la commune de Dar El Beida, des vendeurs prennent toujours le risque en installant leurs marchandises à même les trottoirs.
Mais ils sont plus vigilants et ils sont, tout le temps, sur leurs gardes. Ils surveillent le moindre mouvement des policiers. Un jeune vendeur de fruits rencontré sur les lieux nous a indiqué qu’il «prend le risque d’installer quotidiennement sa marchandise afin de gagner un peu d’argent et subvenir aux besoins de sa famille».
«Les casques bleus relevant de la sûreté de Bab Ezzouar viennent une fois par semaine pour le contrôle mais on reste vigilants, et en cas d’alerte, on prend la fuite. Néanmoins, le risque reste les interventions rapides des services de sécurité qui n’hésitent pas à saisir leurs marchandises. Ainsi, un vendeur de légumes nous fait savoir qu’il est revenu pour réoccuper le terrain, mais si les policiers antiémeutes surgissent, sa marchandise est confisquée. Un vieux, vendeur de dattes, nous a indiqué qu’il est obligé de revenir au commerce informel, sa ressource.
«Je brave le risque de la saisie car cette activité est la seule source de mes revenus qui ne sont pas importants car je suis contraint de vendre à des prix bas pour espérer écouler ma marchandise», nous a-t-il expliqué. La saisie de la marchandise n’est pas le seul risque, puisque certains marchands nous ont précisé que leur véhicule est aussi mis en fourrière pour deux semaines. Pour le récupérer, ils sont dans l’obligation de régler une amende journalière de 2000 dinars.
Les dossiers seront réétudiés à Bab Ezzouar
Par ailleurs, devant le marché communal de la cité 5-Juillet de Bab Ezzouar, le marché informel réapparaît mais avec un nombre beaucoup moins important de commerçants. Les prix des fruits et légumes sont «légèrement» en baisse par rapport au marché communal. Selon les marchands ambulants rencontrés sur place, il y a près de 40 commerçants qui installent chaque jour leurs étals sur cette place. Face à cette situation, il semble que les services de la commune sont revenus à la charge pour réexaminer les dossiers de marchands.
«Un employé de la commune est venu jeudi dernier avec des dossiers des commerçants ambulants et leur a demandé de redéposer un autre dossier au niveau de l’annexe pour une autre étude. Ici aussi, la vigilance est de rigueur, puisque tout le monde surveille une intervention des forces de l’ordre. «Pratiquement chaque début de semaine, notamment les dimanches, la police effectue une patrouille de contrôle.
Mais on est sur nos gardes et on surveille les lieux. On a nos caisses et nos clefs dans les mains et en cas de panique on prend la fuite, car si les policiers nous attrapent, ils nous saisissent la marchandise», nous a indiqué un commerçant.
110 marchés informels éradiqués
Pas moins de 110 marchés informels ont été éradiqués jusqu’à fin janvier 2013 à Alger où activaient plus de 4300 commerçants dont 25% ont bénéficié de locaux commerciaux dans des marchés réguliers, a indiqué un responsable à la Direction du commerce de la wilaya d’Alger à l’APS. De son côté, Salah Bougaga, responsable de l’organisation des marchés et de la concurrence à la Direction du commerce de la wilaya d’Alger, a indiqué que l’opération a permis de recenser 162 marchés informels au niveau d’Alger où exerçaient quelque 7500 vendeurs.
«Ces espaces commerciaux non organisés ont bloqué les accès aux places publiques et aux routes et occupé anarchiquement les rues causant une situation d’insécurité et de concurrence déloyale et un dysfonctionnement avec les commerçants réguliers titulaires d’un registre du commerce», a fait savoir le même responsable. Dans le souci de «récupérer» les vendeurs qui activaient dans l’informel, il est prévu la construction de 17 marchés couverts dans les communes prioritaires, à savoir Sidi M’hamed, Hussein Dey, Bachdjarrah et place des Martyrs.
La réalisation du marché de Boumaâti (El Harrach), mitoyen du marché informel qui compte près de 600 vendeurs, sera le marché type avec une capacité d’accueil de 350 étals. Concernant le retour de certains marchés informels éradiqués, le responsable a affirmé qu’il s’agit seulement de marchands ambulants car «il est impossible de voir ressurgir les marchés informels après leur éradication».
M. C.