Le bras de fer qui opposait depuis quelques mois le ministère de l’Intérieur aux gardes communaux risque de connaître un nouveau rebondissement dans les prochains jours.
Le communiqué publié récemment par le ministère de l’Intérieur ne semble pas convaincre les éléments de la garde communale, qui n’écartent pas de revenir à la charge à travers des mouvements de protestation. La couleur a déjà été annoncée, puisque dans pas mal de wilayas les gardes communaux tiennent depuis quelques jours des sit-in et rassemblements pour exiger la satisfaction de leurs revendications. «Au nouveau de la base ça bouillonne, les choses vont se dessineront mieux dans les prochaines jours», a déclaré Chouaib Hakim, délégué national. Les agents, aux quatre coins du pays, font montre de vives réserves quant aux résultats de la réunion de jeudi dernier. À en croire notre interlocuteur, la récente réunion tenue entre les deux parties, ministère-gardes communaux, «n’a pas débouché sur des résultats palpables, à la hauteur des sacrifices de ce corps». Autre revendication- clé des gardes communaux qui n’a même pas été abordée : celle de l’indemnité de départ volontaire à la retraite. Deux points parmi d’autres qui n’ont pas été au menu du second round des négociations entre les deux parties, jeudi dernier. Une réunion qui, à bien lire le communiqué de l’Intérieur la sanctionnant, sonne comme l’ultime tant «la tutelle affirme avoir concédé tout ce qui était possible». Selon un autre délégué, le conseil national des gardes communaux se réunira à Mouzaia, dans la wilaya de Blida, le 23 du mois courant. A l’ordre du jour de cette instance consultative de la corporation, la discussion autour des résultats de l’entrevue des coordinateurs nationaux au niveau du ministère de l’Intérieur et l’arrêt de la position à adopter à l’issue des débats. Plusieurs d’entre eux n’écartent pas l’option de renouer avec la protesta. A rappeler que ce corps de sécurité, engagé avec d’autres dans la lutte antiterroriste dans les années 90, a mené plusieurs manifestations sur Alger. La dernière en date est le campement dressé pendant plusieurs jours dans un champ à Boufarik, dans la wilaya de Blida. Le ministère de l’Intérieur a fini par céder face à la pression des gardes communaux. Dans un communiqué rendu public jeudi dernier, le département d’Ould Kablia a fait état d’une réunion qui s’est tenue avec les représentants des gardes communaux ainsi que les mesures annoncées suite aux revendications formulées par ceux qui ont sacrifié leur vie pour lutter contre le terrorisme. Le ministère de l’Intérieur a annoncé l’essentiel des décisions prises : il s’agit de l’augmentation des salaires, la satisfaction du dispositif de retraite et de l’invalidité et du statut des familles de victimes du terrorisme parmi les agents de la garde communale. Concrètement parlant, il est question du relèvement de l’indemnité de risque et d’astreinte avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008 et de l’application de la règle du cumul de la pension de retraite avec toutes les rémunérations liées à une reprise d’activité salariale. La possibilité de suspendre, à la demande de l’agent, la pension de retraite exceptionnelle afin de bénéficier d’un recalcul de cette pension à l’âge légal de retraite est satisfaite. De même, un recensement de la situation sociale de l’ensemble des familles des victimes du terrorisme parmi les gardes communaux est en cours pour traiter, le cas échéant, les problèmes liés aux pensions et au logement. À l’issue de cette réunion, le ministère de l’Intérieur ainsi que les représentants des gardes communaux ont décidé de maintenir le contact et prévoir des rencontres périodiques d’évaluation de l’application des dispositifs mis en place. La prochaine rencontre aura lieu le 23 du mois en cours.
Mehdi Ait Mouloud
