Malgré les promesses des autorités,la pénuries persiste,Les asthmatiques à bout de souffle, faute de Ventoline

Malgré les promesses des autorités,la pénuries persiste,Les asthmatiques à bout de souffle, faute de Ventoline

Malgré l’introduction, par le ministère de la Santé, de nouvelles mesures pour régler le problème de la pénurie de certains médicaments, le manque de médicaments de base persiste toujours dans les hôpitaux de la capitale.

En effet, l’installation de la commission nationale consultative des produits pharmaceutiques, dont s’est félicité le ministre en charge de se département, a pour objectif de régler «définitivement» ce problème.

Ces mesures portent essentiellement sur «l’effacement total des dettes cumulées depuis des années par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH)» et «son renforcement par un nouveau statut plus souple» en matière de transactions conclues à l’amiable.

Il est à noter que le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a mis l’accent sur l’importance d’organiser la distribution des médicaments et de contrôler l’importation à travers la coordination avec les différentes structures activant dans ce domaine.

Pour revenir à la pénurie de médicaments, il faut dire que la nouvelle année a été marquée par des perturbations en matière de distribution de certains médicaments, notamment ceux destinés aux maladies chroniques, à savoir, l’asthme.

Lors d’une tournée dans des hôpitaux de la capitale,

il a été constaté que plusieurs produits de base sont manquants. Au niveau de l’hôpital Mustapha, la Ventoline, qui est une solution pour inhalation par nébuliseur et traitement symptomatique des asthmes aigus graves, est en rupture depuis environ trois mois, selon la responsable de la Pharmacie centrale.

L’assistante de garde du service pneumologie du CHU Mustapha indique que «suite au manque enregistré depuis quelques mois, on a dû faire face à des malades ayant un asthme aigu grave qui nécessite une hospitalisation en unité de soins intensifs. Une oxygénothérapie et une corticothérapie par voie systémique doivent être envisagées en association au traitement bronchodilatateur».

Et d’ajouter que «même le Salbutamol, qui est un agoniste sélectif des récepteurs bêta2, est pratiquement inexistant au service en question, précisant qu’après inhalation, le Salbutamol exerce une action stimulante sur les récepteurs bêta2 du muscle lisse bronchique assurant ainsi une broncho-dilatation rapide et significative en quelques minutes, persistant pendant 4 à 6 heures».

«Il est à signaler que 4 millions d’Algériens, soit 14% de la population sont atteints d’asthme et sont sous traitement de Ventoline», a t-elle fait savoir.

Introuvable dans les hôpitaux

La surveillante médicale des pavillons des urgences du CHU Mustapha réclame, quant à elle, des mesures pour éviter la pénurie actuelle de Ventoline, un médicament utilisé pour les aérosols-doseurs.

Ce médicament est épuisé dans la plupart des pharmacies, selon notre interlocutrice, qui a ajouté que la Ventoline est généralement utilisée en combinaison avec deux autres médicaments.

«Les patients peuvent toujours se dépanner avec ces deux autres produits, mais la Ventoline n’aurait jamais dû manquer», commente-t-elle.

Elle indique par ailleurs qu’il n’y a pas que la Ventoline qui est en rupture, même le Salbutamol, HHC, le papier pour électrocardiographes (ECG),

les bavettes, les perfuseurs, les petits cathéters qui permettent de prendre du sang et même le sérum salé isotonique et glucosé sont en rupture, précisant que seul le Solumedrol, une solution pour usage parentéral, car c’est un anti-inflammatoire dont la posologie est variable en fonction du diagnostic, de la sévérité de l’affection, du pronostic, de la réponse du patient et de la tolérance au traitement, est disponible pour le moment.

Après mélange, la solution peut être administrée directement par voie IV lente (durée minimum, 20 à 30 minutes) ou par perfusion IV, après dilution dans une solution isotonique de chlorure de sodium ou de glucose.

Il est à noter, en outre, que cette rupture de médicaments de base est enregistrée au niveau des pavillons des urgences de l’hôpital de Birtraria et de Kouba, où il est également enregistré le manque de perfuseur, de Voltarene ou Diclofénac (anti-inflammatoires), Salbutamol, HHC et le sérum isotonique.

Les maladies respiratoires affectent de plus en plus d’Algériens

Joint au téléphone, Salah Boudraf, le président de l’Association d’aide aux malades asthmatiques d’Alger, nous a fait savoir que les maladies respiratoires touchent de plus en plus d’Algériens.

Selon lui, «près de 14% de la population souffre d’asthme». D’où son obstination et celle de l’association qu’il préside de faire reconnaître l’asthme comme une maladie chronique à 100% et de veiller à la disponibilité des médicaments de base. Il confirme à son tour que «depuis des jours, les pharmacies et les hôpitaux enregistrent une rupture flagrante de stocks, dont les victimes ne sont autres que les patients».

Tous les médicaments disponibles sur le marché algérien ne peuvent en aucun cas remplacer la Ventoline, car en cas de crise sévère, le patient reçoit certes des injections calmantes sans plus, alors que le danger de mort n’est pas écarté, selon notre interlocuteur, qui indique que «l’association compte environ 5000 adhérents à travers la capitale et œuvre au profit des malades démunis.

Cette dernière, qui compte une trentaine de bénévoles parmi lesquels des universitaires et des personnes travaillant dans le secteur de l’emploi des jeunes, a procédé à la distribution de plus de 20 millions d’unités de Ventoline au niveau national. S’agissant des souffrances des malades, il déplore l’absence de prise en charge des asthmatiques au niveau des urgences médicales.

Et de citer le cas des asthmatiques qui se dirigent réellement aux urgences parce qu’ils sont en manque de Ventoline préventive, mais qui, sur place, rencontrent le même problème, à savoir, la rupture de cette dernière. «Comment faire devant une telle situation alors que la vie des patients, sans Ventoline, est un vrai enfer ? Et qui, à part un asthmatique, peut mieux le comprendre ?»

Indisponible dans les pharmacies

Ainsi, la pénurie de ce médicament destiné aux malades chroniques continue à faire des problèmes. Interrogés sur la rupture de stocks, quelques pharmaciens de la capitale ont indiqué que le premier facteur est la mauvaise distribution des médicaments, qui semble être une équation insoluble pour les autorités concernées, ajoutant que le facteur de risque est lié également aux dettes de la PCH.

Les malades souffrant d’asthme sont depuis quelques mois dans le désarroi total puisqu’ils ne trouvent plus de Ventoline dans les pharmacies.

Un constat qui a été vérifié dans plusieurs officines particulièrement à El Biar et Alger-Centre. C’est l’anarchie totale, car les propriétaires des officines soulignent avoir remis une liste de médicaments manquants au ministre de la Santé.

Ils sont toujours en liste d’attente. «La situation est répétitive car régulièrement on fait face à une pénurie de médicaments.

Comment, en matière de politique de santé et de gestion des médicaments, peut-on se permettre que de tels traitements manquent sur le marché, sachant que les asthmatiques peuvent perdre la vie en cas de crise sévère», souligne un pharmacien à El Biar.

Cette pénurie est la plus grave depuis quelques mois, vu que la liste des médicaments absents des étals des officines s’est allongée de plus de trente unités par rapport à celle rendue publique par le Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo) en novembre dernier.

Des médicaments nécessaires, y compris aux malades chroniques, ne sont pas disponibles. Il est devenu courant de ne pas trouver de médicaments pourtant prescrits par les médecins traitants. Le responsable du Conseil de l’ordre des pharmaciens a indiqué que le conseil a dénoncé cet état de fait, indiquant qu’il y a non seulement rupture, mais aussi inexistence de médicaments en raison de la mauvaise planification, d’où l’urgence d’alléger les procédures.

Le directeur de la Pharmacie centrale dément le manque de ce médicament

Le directeur de la Pharmacie centrale a nié «catégoriquement» qu’il y a un manque de la Ventoline destinée aux asthmatiques, indiquant que la rupture a été constatée dans quelques pharmacies seulement.

Dans le même cadre, ce dernier ajoute qu’une quantité de plus de 200 000 boîtes de Ventoline est actuellement au niveau du Laboratoire national pour le contrôle et la vérification des produits pharmaceutiques et sera distribuée dans quelques jours. Il assure, par ailleurs, qu’une quantité considérable de produits manquants, à usage hospitalier et nécessaires au traitement des maladies chroniques, a été distribuée aux hôpitaux.

Une décision a déjà été signée par le ministre de la Santé ordonnant à tous les établissements hospitaliers approvisionnés par la Pharmacie centrale à procéder, dans les plus brefs délais, au paiement de leurs dus.

Selon ce directeur, cette décision a pour but d’éviter toute pénurie ou perturbation d’approvisionnement des hôpitaux dans les mois à venir. Une décision qui permettra à la Pharmacie centrale de recouvrer ses dettes.

Enfin, malgré toutes les tentatives de le réguler, le marché du médicament pose toujours problème en matière de pénurie de médicaments de base. Raison pour laquelle le syndicat des hospitalo-universitaires chercheurs a appelé à l’ouverture d’une enquête afin de définir les véritables raisons de la pénurie du médicament et d’éviter de refaire les mêmes erreurs.

Manal C.