Malgré les efforts consentis par l’Etat, à travers différents programmes de relance et de soutien de la filière lait en Algérie, le secteur continue d’être budgétivore avec des factures d’importation chaque année plus importantes estimées à quelque 700 millions de dollars, l’année dernière alors qu’annuellement entre 46 et 47 milliards de DA sont injectés pour soutenir les producteurs de lait.
Ainsi, les importations de lait de transformation ont connu une hausse de 11,7% atteignant 314,8 millions de dollars, durant le premier trimestre 2013, contre 281,7 millions de dollars à la même période en 2012, selon les chiffres du Centre national de l’Informatique et des Statistiques (CNIS) des Douanes algériennes.
L’Algérie a importé 83.883 tonnes de poudre de lait de janvier à mars derniers contre 68.252 tonnes à la même période de l’année écoulée, enregistrant une augmentation de 22,9%, selon la même source.
Et pour encourager la production nationale de lait, d’une part, et réduire la facture d’importation, de l’autre, l’Etat s’est attelé à promouvoir le développement de la production laitière nationale en instituant une prime de 4 DA/litre pour l’intégration du lait cru dans le processus de transformation, alors que les laiteries dédiées exclusivement à la production de lait en sachet à partir de lait cru reçoivent une prime de 7 DA/litre.
Ce dispositif d’encouragement est également élargi au profit d’autres acteurs de la filière comme les éleveurs, les collecteurs, les transformateurs et même les producteurs de certains aliments de bétail comme le maïs et la luzerne.
Le programme de coopération pilote algéro-français pour la restructuration de la filière lait en Algérie, adapté aux wilayas de Blida, Relizane et Souk-Ahras, fait partie de cette optique.
Il ambitionne, selon ses concepteurs, de développer la filière lait dans le cadre d’un partenariat entre des sociétés algériennes et bretonnes, pour assurer un appui aux éleveurs des trois wilayas en raison de leurs spécificités locales. Cette politique incitative de l’Etat vise en premier lieu à réduire les importations de poudre de lait, mais aussi à améliorer la production nationale.
Lors du dernier salon international des produits laitiers qui s’est tenu en février à Oran, les professionnels de la filière ont évoqué ce sujet alors que l’on prédit dans l’avenir une hausse des prix, encore plus importante du produit en question ainsi qu’une diminution de sa disponibilité sur les marchés mondiaux.
Pour l’Algérie qui consomme chaque année cinq milliards de litres de lait, entre lait cru et recomposé, 2,5 milliards de litres sont importés.
Les subventions et autres soutiens à la filière permettent aux éleveurs et producteurs de produits laitiers de maintenir leur niveau d’activité dans un marché en constante progression, avaient affirmé des fournisseurs étrangers de ferments lactiques présents à ce salon.
Pour les producteurs nationaux, à l’heure actuelle, il est impossible d’assurer leur production sans utiliser la poudre de lait à hauteur de 60 à 70% comme entrant dans la composition des dits produits.
Pourtant, le comité interprofessionnel du lait souhaite arriver à une autosuffisance en matière de lait par l’irrigation de 200 000 ha de culture fourragère pour compenser le faible niveau de la production de lait cru faute de matière première.
Moncef Wafi