Malgré les menaces de Souleymane,La rue égyptienne inflexible

Malgré les  menaces de Souleymane,La rue égyptienne inflexible
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Les manifestants égyptiens ne décolèrent pas et ne montrent aucun essoufflement en cette 16e journée consécutive de leur mouvement de protestation exigeant le départ de leur président.

C’est ainsi qu’hier matin des milliers de protestataires à la place Tahrir, dans le centre du Caire se sont réveillés tout aussi déterminés que les journées précédentes de révolte pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak. Les contestataires ont ainsi marché devant le bâtiment du Parlement égyptien situé au Caire criant à la démission immédiate des parlementaires. D’ailleurs des escarmouches ont eu lieu après que des éléments de l’armée eurent tenté de refouler les manifestants se trouvant devant le Parlement, dominé par le Parti national démocrate (PND) de Moubarak, et autres sièges ministériels. De plus, le siège du gouvernement égyptien a été transféré vers un autre lieu à cause d’une forte concentration des manifestants à ses alentours.



Dans ce contexte, un responsable de sécurité a indiqué que trois personnes ont été tuées et une centaine d’autres blessées dans des heurts survenus avant-hier et hier entre police et manifestants dans une ville du sud égyptien. Selon lui, la police a tiré à balles réelles avant-hier contre des manifestants dans la ville d’El Khargo au sud du Caire, suscitant la colère de la foule qui a mis le feu à sept bâtiments officiels, dont deux commissariats, un tribunal et le siège local du Parti national démocrate (PND, au pouvoir). Ces heurts interviennent au moment où les manifestants de la place Tahrir poursuivaient hier pour leur révolte contre le régime en place réclamant essentiellement la chute du régime de Moubarak ainsi que des changements politiques profonds en Egypte. Ainsi, le mouvement de contestation en Egypte a fait, depuis son déclenchement le 25 janvier dernier, plus de 302 morts et plus de 2 mille blessés à travers le pays.

Face à la revendication des masses populaires, Omar Souleiman, vice-président égyptien affichera son refus concernant le départ de Moubarak, commentant sur la persistance des manifestations sur la place Tahrir, il dira que «nous ne pouvons supporter encore plus longtemps cette situation. Il faut en finir avec cette crise dans les plus brefs délais». Ce sont là d’ailleurs des déclarations qui ont été rejetées par la rue en colère et que l’opposition a qualifiées de «menaces graves».

Les Palestiniens indésirables en Egypte

Les services d’immigration égyptiens ont reçu la consigne de ne pas laisser entrer les Palestiniens dans le pays, a indiqué aujourd’hui un de leurs responsables, en précisant que douze Palestiniens avaient été renvoyés après avoir atterri à l’aéroport du Caire.

«Il y a instruction d’empêcher les Palestiniens d’entrer en Egypte. Douze Palestiniens ont été renvoyés vers les pays d’où ils venaient mercredi conformément à ces instructions», a déclaré un responsable des services d’immigration égyptiens sous couvert de l’anonymat.

Selon une source aéroportuaire, les compagnies aériennes ont été prévenues qu’elles ne pouvaient pas amener de Palestiniens en Egypte.

Un responsable de l’ambassade palestinienne au Caire a confirmé cette interdiction, tout en affirmant qu’il s’agissait d’une mesure temporaire qui ne concernait pas les Palestiniens résidant en Egypte ou mariés à une Egyptienne.

Amr Moussa : l’analyse des Occidentaux sur le rôle des Frères Musulmans «est fausse»

Dans un entretien au «Monde», Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe depuis 2001, et ancien ministre des Affaires étrangères égyptien, qualifie les événements actuels en Egypte de «révolution», à l’instar des manifestants de la place Tahrir, quand le vice-président Omar Souleiman les qualifie d’«intifada». «C’est une révolution, explique-t-il. Son ampleur est telle que l’on peut d’ores et déjà affirmer que l’Egypte d’après le 25 janvier est radicalement différente de celle d’avant. Les voix populaires se sont élevées avec clarté et beaucoup de courage, disant toutes que le changement est inéluctable. La jeunesse égyptienne, soutenue par l’ensemble des générations, dit aujourd’hui des choses que personne n’a osé dire durant plusieurs décennies.» Il ajoute : «Je répète : c’est une révolution.»

«Le monde arabe et le Moyen-Orient vont être influencés par ce qui se passera en Egypte. Personnellement, je crois qu’il n’y a plus de retour en arrière possible en Egypte» indique-t-il encore.

S’agissant des craintes des pays occidentaux quant à l’émergence d’une Egypte islamiste en raison de la puissance des Frères musulmans, Amr Moussa est catégorique : «Ce risque n’existe pas. Je suis bien conscient de ce dilemme occidental. Il agite les Occidentaux au point que certains de leurs intellectuels et responsables politiques sont prêts à sacrifier la démocratie au nom de leur peur de la religion. Leur analyse est fausse et c’est une mauvaise politique.»

Par Lynda N. Bourebrab