Les boulangers de la wilaya d’Oran ont bel et bien mis à exécution leur menace de grève, eux qui avaient décrété jeudi une journée sans pain, ont gagné leur bras de fer qui les opposait à l’administration du secteur.
Les boulangers qui ont bloqué leurs pétrins et privé du coup leurs clients de leur ration quotidienne du produit le plus consommé par les Algériens, ont en outre tenu durant la journée de jeudi, un sit-in devant le siège de la wilaya pour protester contre «la marginalisation et l’absence d’écoute de leurs préoccupations».
Par cette action de protestation, l’association des boulangers d’Oran entend également appuyer ses revendications portant notamment, sur une «augmentation de la marge bénéficiaire pour compenser les différentes charges liées à la préparation du pain (coûts de l’énergie, hausse des prix de la levure, du sel et de la main-d’œuvre, entre autres)».
Les consommateurs ont été désagréablement surpris de constater, dès les premières heures de la matinée, que les boulangers avaient baissé le rideau de leurs commerces, les privant d’acquérir, comme à l’accoutumée, leur pain quotidien et les obligeant à se rabattre sur le pain traditionnel fait maison disponible en petites quantités dans les épiceries et chez des revendeurs à la sauvette.
Le président de cette association, M. Bahidj, a indiqué à la presse, que cette journée de protestation sera suivie par d’autres actions «au cas où les décideurs ne répondent pas» à leurs doléances.
Au niveau du bureau d’Oran de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), son coordinateur M. Abed Mouad, joint par l’APS, a souligné que son organisation se démarque de cette action et la considère comme inopportune. «Nous sommes en négociation depuis trois années avec le ministère du Commerce, au sujet des doléances et des problèmes soulevés par la corporation des boulangers.
Nous avons informé les boulangers que le ministère annoncera en mars prochain, des mesures devant répondre aux préoccupations soulevées par cette corporation», a-t-il expliqué.
Il a également annoncé qu’une assemblée élective du nouveau bureau syndical des boulangers sera organisée, à la fin du mois de février prochain, à la Munatec d’Ain El Turck.
Concernant les sanctions ayant touché de nombreux boulangers de la wilaya d’Oran, M. Abed a expliqué qu’il s’agit de «commerçants qui n’ont pas respecté les dispositions de l’arrêté du wali, obligeant les boulangers et autres
professions à assurer une permanence durant les jours fériés et les fêtes religieuses».
LE TAUX DE SUIVI DE LA GRÈVE DIVERSEMENT APPRÉCIÉ PAR L’UGCAA ET L’ASSOCIATION DES BOULANGERS
Au niveau de l’association des boulangers, l’on annonce un taux de suivi de 90% de ce mot d’ordre de grève. A contrario, l’UGCAA soutient que ce taux de suivi «n’est que de l’ordre de 25% seulement, sachant que 462 boulangers activent au niveau de la wilaya.» Cette action de protestation n’a pas manqué, par ailleurs de susciter le courroux des citoyens dont certains ont affirmé avoir été « bernés » par les déclarations rassurantes de l’UGCA et de celle du ministre du Commerce.
En effet, la colère était visible chez les citoyens qui ont pris d’assaut les rares boulangeries n’ayant pas adhéré au mot d’ordre de grève qui ont été, comme il fallait s’y attendre, envahies par des dizaines de personnes venues s’approvisionner en pain.
Un gérant d’une boulangerie du centre- ville, tenait à informer ses clients qu’il ne pouvait pas servir plus de cinq baguettes de pain pour chaque client, ce qui provoqua la colère d’une dame qui en voulait huit. « Je suis ici depuis plus d’une heure et ce n’est que maintenant que vous nous dites que ce n’est pas possible de nous servir, plus de cinq baguettes. Ce n’est pas juste», a-t-elle réagi.
Un client, énervé par cette situation, nous a expliqué avoir fait confiance a la déclaration faite par l’UGCA, faite par voie de presse, laissant entendre qu’il n’y aura pas de Greve des boulangers. « Pourquoi avancer des informations lorsqu’on n’est sur de rien. Sans ce communiqué j’aurais acheté mon pain la veille. A quoi servent donc tous ces syndicats qui ne métrisent rien», s’interroge cet homme.