La mise en service du métro d’Alger et réalisation d’une extension jusqu’à El Harrach, un tramway de la station des Fusillés (Hussein Dey) jusqu’à Dergana, le redéploiement de l’Etusa (Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger) et de la Sntf (Société nationale de transport ferroviaire), l’ouverture de nouvelles lignes pour les bus privés n’ont pas suffit.
I l n’empêche, le transport à Alger est un problème des plus contraignants pour de nombreux citoyens, entre travailleurs, étudiants, jeunes à la recherche d’emploi, retraités et femmes au foyer voulant faire des courses, se rendre chez le médecin ou tout autre occupation.
«C’est un sérieux problème. Il est vrai que l’Etusa a repris en force grâce à l’aide financière de l’Etat et l’engagement de celui-ci à la remettre sur ses pieds, mais nous constatons que ces bus arrivent avec du retard et parfois annulent certaines destinations. Dimanche dernier, je devais me rendre à El Madania, en prenant le bus qui faisait d’habitude El Madania et El Mouradia.
En montant dans le bus, on m’annonce qu’il ne va pas continuer jusqu’à El Madania» raconte une femme, la cinquantaine, à la station du 1er-Mai. Elle descend alors du bus et se dirige vers la station de taxis, à quelques encablures de celle des bus de l’ex-Rsta.
C’est encore pire, lui dit-on pour la simple raison que «les taxis refusent de faire cette ligne. Ils se plaignent tous de l’encombrement autour de l’hôpital Mustapha». Un point noir parmi d’autres que les pouvoirs publics n’arrivent pas à éradiquer. Ni le ministère des Transports, ni celui de la Santé, ni autre département.
Il y a quelques années, des responsables du secteur de la santé ont laissé entendre qu’il y a un projet de «délocalisation» de l’hôpital Mustapha parce ce dernier n’arrive plus à faire face à la demande croissante des malades. Ni son emplacement ni sa superficie ne lui permet présentement de remplir convenablement sa mission. Ce «point noir» est à l’origine d’autres points noirs au niveau des rues et ruelles qui se trouvent autour de cet établissement hospitalier datant de l’époque coloniale. C’est ce qui explique, en partie, le refus de certains chauffeurs de taxis d’assurer quelques lignes. «Moi, je vais arrêter le travail de cette journée à l’instant même» lance un de ces chauffeurs, l’air renfrogné.
Et il n’est pas le seul à agir de la sorte, parfois avec arrogance et mépris. «Ce sont eux qui commandent, pas nous. Ce qui me choque, c’est de voir plusieurs d’entre eux circuler à vide, alors que des clients attendent par dizaines l’arrivée d’un taxi. Parfois, c’est le contraire. Ils nous imposent le jumelage, pourtant interdit par la réglementation» raconte deux hommes. Côté bus privé, c’est le calvaire pour reprendre les dires de nombreux usagers.
Ces derniers se plaignent du mauvais état des bus, le non-respect des horaires et du programme des arrêts. Pis encore, «la course entre les bus, mettant en danger notre sécurité». L’état des plus déplorables des stations de bus, dans plusieurs localités de la wilaya, à l’exemple de celles de la place des Martyrs et Tafourah, suscite davantage de colère chez les usagers. Saletés, anarchie et absence d’informations pour une bonne orientation de l’usager.
Des problèmes récurrents qui datent de plusieurs années, connus des pouvoirs publics, entre autres, la direction des transports de la wilaya d’Alger, ainsi que des organisations représentant la corporation des chauffeurs et receveurs des bus. Des citoyens s’en plaignent en permanence, interpellent toutes les parties pour mettre fin à cette situation d’anarchie et de service public à la limite du mépris, mais ne trouvent pas de réponse à leurs doléances.
«Le client est roi» est une expression mensongère, lancent des femmes, exerçant dans le public. Et tant que les citoyens ne s’organisent pas, ne s’engagent pas dans des actions concrètes pour un changement véritable de toutes les situations où ils relèvent des failles et des manquements, les mêmes problèmes persisteront et s’amplifieront. Si ce constat concerne la capitale, dans les autres villes du pays la situation est loin d’être meilleure.
Elle est plutôt pire encore, apprend-on. Les dysfonctionnements sont nombreux, certaines lignes sont saturées alors que d’autres sont complètement dépourvues. Les citoyens sont souvent appelés à attendre indéfiniment dans les arrêts de bus ou parcourir à pied plusieurs kilomètres. Des chantiers ont été certes lancés par l’Etat, mais des retards sont souvent enregistrés. La désorganisation en est pour beaucoup dans cette situation qui affecte le simple citoyen au quotidien.