L’hôpital Mustapha-Bacha a été sans sérum durant la journée d’hier. Des malades sur le point de subir des interventions chirurgicales ont été priés de ramener du sérum s’il voulaient se faire opérer.Des citoyens qui se sont présentés hier, au centre hospitalo-universitaire, le plus grand du pays, ont été choqués par «cette pénurie de trop»
«C’est scandaleux, le service de la chirurgie thoracique manque du minimum, je crains pour la vie de ma sœur qui sera opérée demain (aujourd’hui, Ndlr)», nous dira cette femme éplorée. Elle dit s’être procurée des bouteilles de sérum dans une pharmacie, faute de quoi, «l’opération risque d’être reportée sine die».
Notre interlocutrice n’a pas caché son indignation «de ce laisser-aller impardonnable». On apprend que plusieurs citoyens sont confrontés à ce problème qui dure «depuis plus d’une semaine». Malgré l’engagement des responsables de tutelle pour régler ce problème, dans les plus brefs délais, la situation persiste, au grand dam des malades et de leurs familles. Des citoyens approchés par nos soins, ont exprimé leur désarroi et leur colère de ces interminables pénuries que seul le citoyen lambda paye les frais. «L’hôpital est censé être au service du simple citoyen qui n’a pas les moyens d’aller se soigner chez le privé. Il s’agit de l’argent de tous les Algériens, un argent mal géré par les responsables du secteur de la santé», a assené un autre citoyen. D’autres personnes ont exprimé des doutes quant à la qualité de la prise en charge dispensée dans les hôpitaux publics, en raison, entre autres, des interminables problèmes que connaissent les différentes infrastructures. Une réalité qui contredit le discours de la tutelle qui ne cesse de promet-tre monts et merveilles. Ce qui s’illustre d’ailleurs par la situation qui prévaut dans le service d’oncologie, pas seulement à l’hôpital Mustapha-Bacha mais dans la totalité des hôpitaux à l’échelle nationale. En fait, près de 20 000 cancéreux ne peuvent accéder à la radiothérapie, faute de disponibilité du matériel. Des experts avaient déjà tiré la sonnette d’alarme quant à la menace qui pèse sur les malades, dont l’irrégularité des séances de radiothérapie, n’est pas pour favoriser leur guérison. Pire encore, la pénurie ne concerne pas que le sérum et l’accès à la radiothérapie, mais la faille touche d’autres médicaments. Mis devant le fait accompli, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, a expliqué, «sans convaincre», que le problème est dans la distribution et non dans la disponibilité.
Il a montré du doigt la mafia de l’importation, mais sans qu’une solution ne soit trouvée à ce jour. Mieux encore, bien que l’on parle de spéculation, on tarde toujours à mettre la lumière sur ce dossier et poursuivre en justice les individus responsables de la rupture de stocks sur le marché national. Tout compte fait, le bout du tunnel n’est pas pour demain. Et l’absence de «sérum», renseigne sur un vrai dysfonctionnement dans l’approvisionnement, qui fait craindre le pire à l’avenir.

Aomar Fekrache