Malgré les divergences sur le Mali ,Alger et Paris tenus d’avancer ensemble

Malgré les divergences sur le Mali ,Alger et Paris tenus d’avancer ensemble
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En attendant la visite du président français, François Hollande, avant 2013, l’Algérie a mis sur la table des discussions avec le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, en Algérie depuis dimanche, tous les dossiers en suspens entre les deux pays dont la circulation des Algériens en France, l’indemnisation des victimes des essais nucléaires et l’investissement français en Algérie.

Cette visite était l’occasion d’exposer les visions sur la crise malienne, malgré les divergences. Mais sur le plan des relations bilatérales, les intérêts ne manquent pas entre les deux parties, toutefois le gouvernement de Hollande n’offrira pas de cadeaux à l’Algérie, car il s’agit avant tout de préserver les intérêts de son pays. Il est à souligner que M. Fabius a eu aussi hier des discussions avec le Président Bouteflika.

La question du Mali a été longuement évoquée entre les ministres des Affaires étrangères, Mourad Medelci et son homologue français. A ce propos, le MAE algérien a affirmé que «la solution militaire aujourd’hui n’est pas la bonne. C’est la solution politique et le dialogue qui doivent prévaloir» en réitérant la position de l’Algérie sur l’unité territorial du Mali.

Lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Fabius, au terme d’une séance de travail dimanche soir, M. Medelci, dira : «L’Algérie n’exclut aucune hypothèse pour trouver une solution au nord du Mal» expliquant qu’«Il faut évaluer toutes les hypothèses. L’UMA et l’UA sont contre l’utilisation de la force».

M. Fabius a assuré qu’il n’y avait pas d’opposition entre les deux pays évoquant une situation difficile au Mali, dont l’intégrité territoriale doit être préservée mais il n’écarte pas l’intervention militaire en indiquant : «Si le terrorisme se maintient, il faut le traiter selon les voies adaptées […]. Il faut traiter les terroristes comme ils le méritent» ajoutant : «Les terroristes disposent d’armes puissantes et de moyens financiers.»

Il a insisté sur la menace terroriste dans la région du Sahel. Selon lui «cela constitue non seulement une menace pour les populations locales mais également pour la région et le monde».

Visite d’État de Hollande en Algérie avant fin 2012

Par ailleurs, M. Medelci a indiqué que le président François Hollande effectuerait une visite d’État en Algérie avant fin 2012. Donc, tous les dossiers doivent être préparés avant cette visite. M.Fabius a indiqué que les deux pays sont tombés d’accord pour préparer ensemble pour une périodicité allant de 2012 à 2016 un document, «qui résumera les différents éléments de la coopération». «Ce document doit être prêt avant la fin du mois d’octobre» afin que la visite du président Hollande prévue à la fin 2012 «puisse se faire sur un travail préalable précis et qui permet d’avancer».

S’agissant de la coopération bilatérale, M.Medelci a indiqué qu’il a été convenu de s’organiser pour que «les accords retenus comme prioritaires puissent être finalisés le plus rapidement possible».

L’Algérie ne veut pas réviser l’Accord de 1968

Sur la circulation des personnes, l’ex-président français voulait à tout prix réviser l’accord de 1968 concernant le séjour des Algériens en France mais l’Algérie avait montré un rejet pour cette révision. Un rejet qui a été confirmé ce dimanche par M.Medelci qui dira : «L’accord de 1968 est un segment important de notre partenariat d’exception. Et aujourd’hui ce segment est sauvegardé».

Dans ce cadre, M. Fabius a annoncé la visite du ministre de l’Intérieur de son pays en Algérie «M. Valls avait l’intention de se rendre en Algérie pour faire avancer ces sujets» liés à la circulation des personnes entre les deux pays. «Symétriquement, des améliorations à apporter et des situations administratives et immobilières à améliorer», a espéré Fabius.

Sur les visas, il a noté une amélioration mais «il reste encore quelques problèmes à régler», a-t-il dit.

Le projet d’une usine de Renault en Algérie n’est pas acquis

En économie, M. Medelci a indiqué que l’Algérie et la France ont décidé de poursuivre le travail fait ces derniers mois pour aboutir et finaliser un certain nombre d’accords prioritaires citant le secteur de l’automobile, des médicaments, des matériaux de construction et de la pétrochimie mais selon M. Fabius rien n’a été encore décidé concernant le dossier de Renault, car le gouvernement de Hollande veut examiner les conséquences d’un tel projet.

M. Fabius s’est interrogé «est-ce que l’investissement de Renault en Algérie va servir le pays ? Dans ce cas, c’est du gagnant – gagnant. Si c’est un investissement pour concurrencer les produits fabriqués en France, c’est non. Si c’est du gagnant – gagnant, c’est oui. Si c’est une menace pour la France, c’est non « . M. Fabius est favorable pour la poursuite de la mission de Raffarin.

Interrogé sur les relations algéro-marocaines, M. Medelci a indiqué que celles-ci «gagnent en densité» ajoutant que la relation entre l’Algérie et le Maroc est une relation «apaisée», y compris la question des frontières qui «n’est plus un sujet tabou».

Pour M. Fabius, son pays est prêt s’il est sollicité à participer à un «apaisement» entre les deux voisins «amis de la France».

Concernant les archives, le chef de la diplomatie algérienne a précisé que les deux parties ont convenu de mettre en place un comité conjoint.

Avec toute cette «volonté» d’aller de l’avant de la coopération bilatérale, la mémoire est toujours là car selon M.Medelci

«La question de la mémoire, présente non seulement dans les esprits des responsables mais aussi dans ceux des citoyens, ne peut être oubliée.»

De son côté, M. Fabius a fait part de la volonté de «traiter du passé en toute objectivité et en toute lucidité sans rien dissimuler».

D’autre part, Medelci a annoncé que les négociations avec l’Union européenne sur le démantèlement tarifaire (report à 2020 de la mise en place de la zone de libre-échange entre les deux parties) sont bouclées quasi officiellement.

Par Nacera Chennafi