Les relations algéro-turques remontent à très loin dans le temps avec notamment l’histoire commune tracée depuis l’époque ottomane, et le rapprochement entre Alger et Ankara a avancé depuis la signature du Traité d’amitié en 2006. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, est arrivé hier à Alger à l’invitation de chef de la diplomatie, Mourad Medelci.
Aujourd’hui, le monde arabo-musulman a changé avec les événements qui secouent le monde arabe depuis décembre 2010 et dans lesquels la Syrie ne risque pas de trouver une solution de sitôt.
Un sujet sur le quel il n’y a pas de convergence entre l’Algérie et la Turquie mais cela n’empêche pas la concertation. Autre dossier régional sur lequel Alger pourra compter sur le soutien d’Ankara, il s’agit du conflit malien, surtout pour défendre la solution politique et éviter l’intervention militaire soutenue par Paris. Il est à noter qu’Alger cherche un soutien international pour sa vision sur le Mali.
C’est dans cet environnement international et régional que le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, est arrivé hier à Alger à l’invitation de chef de la diplomatie, Mourad Medelci.
Dans ce contexte régional complexe, deux pays ont émergé, en l’occurrence, le Qatar et la Turquie pour jouer le rôle de «leaders» et soutenir ce qui est qualifié de «démocratie et liberté» recherchées par les peuples arabes qui se sont révoltés contre leurs dirigeants.
L’Algérie, qui a son poids sur le plan diplomatique dans la région arabe, a une position différente du Qatar et de la Turquie quant au traitement du dossier syrien ou autre. Outre la coopération bilatérale, il est question «d’évoquer les principales questions de l’actualité régionale et internationale dans le cadre de la concertation politique instaurée entre les deux pays à l’occasion de la visite de travail effectuée par M. Medelci à Ankara en novembre 2008», selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani.
Par ailleurs, selon ce dernier, les relations algéro-turques ont connu, durant ces dernières années, un «essor remarquable» aussi bien sur le plan des échanges commerciaux qu’en matière de coopération économique comme en témoigne la présence de nombreuses compagnies turques en Algérie. Concernant la visite de M. Davutoglu, il s’agit d’«aborder les perspectives d’approfondissement de la coopération bilatérale ».
Il est à rappeler que lors de la visite de M. Medelci à Ankara en 2008, les deux pays ont convenu de «renforcer» leurs consultations politiques à travers le maintien de contacts réguliers autant au plan bilatéral que dans le cadre de forums régionaux et internationaux.
En économie, la visite avait permis de passer en revue l’ensemble des volets de la coopération bilatérale, notamment dans le secteur de l’énergie, des transports, du commerce, de la pêche, de l’industrie, de la construction des infrastructures économiques et sociales, du tourisme et des finances.
La visite du MAE turc a également un caractère économique puisque la Turquie, qui fait aussi partie de l’Europe qui passe par une crise économique, veut une part de l’aisance financière algérienne sachant que les investissements turcs en Algérie ont atteint un milliard de dollars en 2011, dont 15% dans le textile.
D’ailleurs, deux complexes de confection et d’habillement implantés dans les wilayas de Béjaïa et Relizane seront réalisés par des entreprises turques dans le cadre d’un partenariat algéro-turc. Pour rappel, le Président Bouteflika avait effectué une visite en Turquie en 2005.
Cette visite a été suivie par celle du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, à Alger en 2006. Il faut dire que dans le contexte du printemps arabe le modèle turc aurait séduit même les islamistes algériens qui ont voulu pratiqué en Algérie cette réussite «islamique» en Europe.
Mais hélas pour eux, l’Algérie n’est pas l’Egypte ou autre pays arabe qui a connu la montée des islamistes après «le printemps arabe». Toutefois, l’Algérie ne s’isole pas des nouveaux gouvernements islamistes arabes avec lesquels elle essaie d’entretenir des relations «normales».
N.C.