La hausse des prix va sans doute durer au moins jusqu’à la fin des dix premiers jours du mois sacré.
Tous les observateurs au fait de la situation qui prévaut dans les secteurs de l’agriculture et du commerce s’accordent à dire qu’une flambée des prix caractérisera le marché national durant la première semaine du mois de Ramadhan. Des signes avant-coureurs confirment cette tendance à quelques jours du mois sacré. Le poulet, très prisé par les consommateurs algériens durant le Ramadhan, annonce d’ores et déjà la couleur.
Les prix affichés par les commerçants avoisinent les 360 DA le kilogramme. Pourtant les pouvoirs publics ont promis une disponibilité avec des quantités suffisantes sur le marché et à des prix stables. Dix tonnes de viande blanche ont été stockées dans le cadre du programme de régulation pour faire face à la forte demande durant ce mois. La production en viande blanche a atteint 500 000 tonnes en 2011. Pour l’année en cours, il est prévu d’atteindre 600 000 tonnes. Le système de régulation des produits de large consommation (Syrpalac) jouera un rôle important dans la stabilité des prix sur le marché. La viande rouge subira, elle aussi, une légère hausse se situant autour de 750 DA le kg mais sera vite contenue par la viande congelée dont 10 000 tonnes ont été importées. Ces importations ont pour but de répondre à la forte demande sur ce produit durant le Ramadhan. Le ministre de l’Agriculture, Rachid Benaïssa, a rassuré que le marché sera bien approvisionné en produits agricoles frais, notamment les fruits et légumes, étant donné que le mois sacré, prévu vers le 20 juillet, coïncidera avec plusieurs productions de saison. Même état d’esprit chez son collègue du Commerce. Mustapha Benbada a affirmé que toutes les conditions sont réunies pour assurer une disponibilité des différents produits durant ce mois, à savoir les céréales, la semoule, la farine, les légumes secs, le lait et ses dérivés, les viandes, les fruits et les légumes frais. Il avoue que les marchés enregistreront une abondance des produits à des prix abordables pour le consommateur. Dans ce sens, si l’on s’en tient au bilan présenté récemment par les cadres du ministère de l’Agriculture, les différentes filières affichent une progression acceptable.
Les résultats satisfaisants des filières n’atténuent pas la hausse !
La palme revient à la céréaliculture dont la production a atteint 42,45 millions de quintaux (qx). La filière lait n’est pas du reste, d’autant que la campagne 2010-2011 dépasse les 2,92 milliards de litres alors que l’objectif annuel était fixé initialement à 2,73 milliards de litres.
Le résultat, qui a suscité d’ailleurs la satisfaction du ministre, lui-même, est incontestablement la collecte du lait cru qui est évaluée à 572 millions de litres. L’autre exploit dont s’enorgueillissent les responsables du secteur concerne la production de la pomme de terre qui a dépassé les 38,49 millions de qx contre 32 millions de qx en 2010, 26,7 millions de qx en 2009 et 22 millions de qx en 2008.
Afin d’atténuer un tant soit peu la traditionnelle flambée des prix pendant la première semaine du mois sacré, le ministre a appelé le citoyen à une consommation rationnelle, particulièrement durant les sept premiers jours, pour ne pas contribuer indirectement à une hausse des tarifs. L’autre levier sur lequel s’appuie le ministère du Commerce a trait à l’intensification du contrôle des activités commerciales et à la lutte contre la spéculation sur certains produits alimentaires ou autres. À ce propos, près de 6 000 agents répartis entre 3 000 brigades seront mobilisés à l’échelle nationale durant le Ramadhan pour assurer le contrôle des marchés et les pratiques commerciales et veiller à l’hygiène des lieux et à la sécurité des produits. Pour réguler le marché et serrer l’étau autour des spéculateurs, le ministre met l’accent sur l’impérative coordination entre les différents services. En dépit de tous ces préparatifs et autres anticipations, le département de M. Benbada peine à trouver des solutions au phénomène de la spéculation. Ces commerçants opportunistes spéculateurs saisissent la moindre occasion pour faire des affaires sur le dos des consommateurs jeûneurs faisant fi de toute règle de piété, de solidarité et de générosité en ce mois sacré. Ainsi, les pratiques religieuses recommandées en ce mois sacré cèdent la place aux pratiques commerciales spéculatives et illicites devant un regard impuissant des contrôleurs… Et ce n’est certainement pas l’enveloppe de 10 milliards de dinars allouée pour la réalisation de marchés de proximité et couverts au niveau national qui va résoudre cet épineux problème de marché parallèle. Les espaces commerciaux abriteront par ailleurs leurs activités durant le mois de Ramadhan alors que le Conseil national de la concurrence, tant convoité par les responsables et les opérateurs, n’est toujours pas installé. Sa composante n’étant pas encore avalisée par la Présidence, cette instance n’arrive pas à voir le jour. Ce conseil est appelé à jouer un rôle important dans la régulation du marché et la protection du libre jeu de la concurrence. L’on s’attend toutefois à une baisse progressive des prix à compter de la deuxième semaine.
B K