La viande congelée, pourtant interdite à l’importation, est commercialisée par plusieurs boucheries.
Contrairement au discours officiel rassurant, le marché des produits de large consommation enregistre de nouvelles hausses en ce mois de Ramadhan. En effet, dans plusieurs boucheries de la capitale, la viande bovine importée est cédée entre 1 050 et 1 090 DA, contre environ 800 DA à 900 DA quelques jours auparavant. Le steak importé, qui était vendu récemment à 960 DA, était cédé à 1 030 DA les premiers jours du Ramadhan, puis à 1 115 DA le kg ces derniers jours. Il s’agit d’une hausse des prix de la viande : 20% en peu de temps.
Cette réalité contredit le discours rassurant du gouvernement selon lequel la disponibilité et la stabilité des prix des produits de large consommation seront assurées pendant le Ramadhan. Cette hausse des prix de la viande importée vient rompre la stabilité des prix de la viande que connaît le marché depuis un certain temps.
L’écart des prix entre la viande importée et la viande fraîche locale s’est rétréci au point de faire hésiter le consommateur sur l’opportunité de consommer telle ou telle protéine : environ 200 à 400 DA de différence, contre 600 DA auparavant. Le hic, c’est que l’objectif assigné aux licences d’importation par les pouvoirs publics est de veiller à ce que le rationnement n’ait pas d’effet sur les prix, et donc sur le pouvoir d’achat des citoyens.
Il faut savoir qu’en avril, le gouvernement Sellal a ouvert les contingents pour la viande bovine fraîche. Une quantité de 20 000 tonnes pour le Ramadhan devait être importée principalement d’Espagne, d’Italie et du Brésil. Chez des boucheries visitées, c’est la viande d’importation en provenance du Brésil qui est cédée à 1 090 DA le kg. Ainsi, à l’instar de l’automobile, du ciment et du rond à béton, les licences d’importation s’avèrent être un facteur de perturbation du marché, et donc de hausse des prix. Les effets de l’attribution des quotas pour la viande bovine au profit d’importateurs confirment la règle et ancrent la conviction que la régulation par l’institution de normes est plus indiquée pour réduire la facture des importations.
Autre fait étonnant constaté au cours de ce Ramadhan, c’est la commercialisation de la viande congelée importée. Chez plusieurs boucheries, elle est cédée entre 800 et 900 DA le kg. En effet, en ouvrant les contingents pour la viande, le ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune, avait décidé l’interdiction d’importation de la viande congelée. Il avait argué que cette mesure avait été arrêtée parce qu’il était difficile pour les commerçants de respecter la chaîne du froid, et pour les contrôleurs de faire respecter cette règle importante sans laquelle cette viande devient dangereuse à la consommation.
Cette décision a pour conséquence de ne plus permettre aux ménages aux revenus modestes de consommer de la viande rouge. Autre contradiction, un appel d’offres paru récemment dans un quotidien public lancé par Fromedit, une filiale du groupe public Proda, porte sur l’importation de viande congelée. On constate donc un manque de communication sur le sujet, c’est le moins que l’on puisse dire.
Encore une fois, une telle hausse des prix d’un produit de large consommation montre que le gouvernement ne maîtrise pas le commerce intérieur, en particulier en aval de la chaîne de distribution des produits de large consommation. Cette situation oblige la majorité des ménages à opter pour les viandes blanches, dont les prix atteignent 290 à 300 DA le kilogramme actuellement.