La ségrégation raciale n’a pas vraiment disparu aux Etats-Unis. En Georgie, les élèves d’un lycée de Little Rock se battent pour changer les mentalités rétrogrades des habitants de cet Etat du sud. Malgré l’abolition des lois racistes, le lycée de cette ville organise sa fête de fin d’année uniquement pour les Blancs, les Noirs n’y ont pas accès. Ce qui a heurté la conscience d’un groupe de jeunes filles blanches et noires liées par l’amitié, qui se démène pour qu’il n’y ait plus qu’une seule fête rassemblant tous les élèves.
Pour la première fois, depuis la fondation des Etats-Unis, il y a un peu plus de deux siècles, les Américains ont élu, en 2008, à la Maison Blanche un noir qu’ils ont réélu en 2012. L’élection de Barack Obama avait été saluée, dans le monde entier, comme une « révolution culturelle » et la fin de la ségrégation raciale en Amérique.
Alors que les effets des lois raciales Jim Crow cessent, officiellement, au milieu des années 60, et que l’arrêt Brown de la Cour suprême déclare inconstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques, le 17 mai 1954, arrêt rendu obligatoire, le 31 mai 1955, dans tous les Etats fédéraux, celle-ci n’a pas vraiment disparu dans certains d’entre eux, comme en Géorgie où un lycée continue de la pratiquer, rappelant l’affaire des lycéens de l’Arkansas. En 1957, neuf lycéens noirs empêchés par la garde nationale de l’Etat de faire leur entrée au lycée de Little Rock, jusque là réservé aux blancs, ont été escortés par un millier de soldats envoyés par le président Eisenhower pour pénétrer dans l’établissement.
Cet événement avait provoqué, pendant plusieurs semaines, des manifestations racistes et ségrégationnistes dans cet Etat du sud. Des élèves blancs avaient quitté la salle de cours lorsque leurs camarades noirs y étaient entrés pour ne pas s’asseoir à côté d’eux. La fermeture de toutes les écoles de Little Rock avait été décidée par le gouverneur Orval Faubus pour empêcher les noirs d’y accéder.
Bien que ce ne soit pas, comme s’en défendent les autorités de Géorgie, une activité scolaire, les écoles, les lycées et les universités de cet Etat sudiste organisent un bal de fin d’année réservé aux seuls Blancs.
Peut-être est-ce la réélection de Barack Obama qui a encouragé un groupe d’élèves de ce Lycée de vouloir mettre fin à cette ségrégation raciale qui subsiste, dénonçant cette anormalité que les élèves d’un même lycée ne puissent pas participer à la même fête de leur établissement.
Certains adolescents et adolescentes ne comprennent pas qu’étant amis en classe et en dehors, ils ne puissent pas fêter en même temps la fin de leur scolarité, placardant partout dans la ville de Little Rock des affiches réclamant l’organisation d’une seule fête de fin d’année ouverte à tous, Blancs, Noirs et Métisses. Ces affiches où l’on voit quatre filles, une noire, une blanche, une noire, une blanche (comme un clavier de piano) sont systématiquement arrachées par les conservateurs qui veulent rétablir les lois de ségrégation. The Washington Post rapportait, il y a quelques semaines, qu’un « élève métisse [qui] avait voulu intégrer le bal des Blancs s’est vu refuser l’entrée et éjecter manu militari par la police elle-même. »
Beaucoup de jeunes lycéens ont pris conscience de cette absurdité et ont décidé de se battre dans ce « sud rural de Georgie où peu de choses changent » pour que « pour la première fois de l’histoire de [leur] comté, ils envisagent d’avoir un bal de fin d’année sans ségrégation ». Mais bien que la direction ait accueilli avec enthousiasme cette démarche, elle a exprimé son impuissance à pouvoir changer les choses, le bal du lycée étant organisé par les élèves dont bon nombre appartiennent à des familles ségrégationnistes.
Brahim Younessi